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Secteur bancaire : une résilience à toute épreuve ?

Le secteur bancaire pourrait bénéficier d’un environnement monétaire stable, selon Moody’s. Chandan Jankee et Marc-Alexandre Masnin.

Le « Banking System Outlook – Mauritius » publié par Moody’s Investors Service présage un environnement opérationnel national stable pour le secteur bancaire à Maurice.   

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Moody’s Investors Service rapporte des perspectives stables pour le secteur bancaire mauricien. L’agence précise dans son dernier rapport que la croissance économique connaîtra un ralentissement, mais restera solide. Trois éléments ouvriront la voie à un environnement opérationnel national stable pour le secteur bancaire cette année : une croissance solide, une inflation en recul et un environnement monétaire stable pendant la majeure partie de 2024. Ces conditions, ainsi que des normes de souscription plus strictes pour les expositions des banques à l'étranger au cours des dernières années, réduisent les risques liés aux actifs. En conséquence, les ratios de prêts à problèmes resteront globalement stables en 2024.

Pour Marc-Alexandre Masnin, Head of Investment Solutions chez AfrAsia Bank, Moody’s affirme sa confiance dans Maurice dans sa dernière revue. Grâce notamment à la croissance impressionnante du pays en 2023 à environ 7 % et l’attente de près de 4 % en 2024. « Cette dynamique devrait nous permettre de réduire notre ratio d’endettement sur le Produit Intérieur Brut (PIB), qui est pour le moment un point noir comparativement à nos pairs. La note est assortie d’une perspective stable basée sur la diversité des revenus de Maurice à la fois au travers du secteur financier, touristique et immobilier. Cela permet ainsi au pays de retrouver son PIB par tête pré-Covid », argue-t-il. 

Cette stabilité se reflète dans la contribution du secteur bancaire au PIB du pays. C’est du moins l’avis du Dr Chandan Jankee. L’économiste nuance cependant l’importance d’une distinction entre les banques de différentes tailles. « Il y a un marché captif et ce sont principalement les grosses banques qui sont stables. Maurice compte un système bancaire qui n’a pas de véritable compétition », fait-il observer. S’appuyant notamment sur les réserves de solvabilité et de liquidité qui sont restées solides au cours du troisième trimestre 2023, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, soulignait lors du dernier Comité de politique monétaire que le secteur bancaire est jugé résilient, sain et robuste.  « Les situations de capital et de liquidité du système bancaire dans son ensemble se sont améliorées par rapport à leur niveau de juin 2023.  On estime donc que les banques mauriciennes disposent d'une marge de manœuvre suffisante pour s'immuniser contre la matérialisation des risques potentiels qui pourraient affecter leurs bilans et qu'elles sont suffisamment résilientes pour faire face aux tensions sur les liquidités, tant au niveau national qu'à l'extérieur », poursuivait-il. 

Or, la solidité du secteur ne semble pas bénéficier à l’ensemble des banques. Le cas de la Silver Bank, qui a été récemment placée sous tutelle par la Banque de Maurice peut être cité en exemple. Pour autant, le Dr Chandan Jankee pense que cela ne va pas porter préjudice au secteur bancaire mauricien. « Il y a des faillites bancaires dans d’autres pays du monde. Cela peut être causé par l’absence de bonne gouvernance, une mauvaise gestion des dépôts ou des investissements, entre autres. Les banques de tailles supérieures aussi font des gaffes, mais il y a cette perception qu’elles sont trop grandes pour faire faillite », explique-t-il. Il revient au régulateur bancaire, en l’occurrence, la Banque de Maurice, de s’assurer que le secteur reste stable.

 

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