Défi Zen

Seeven Seevathean: dans l’univers de l’homme de fer

Donnez-lui une feuille de tôle, il la transformera en divers objets utiles ou encore décoratifs. Seeven Seevathean est l’un des rares artisans qui exercent encore le métier de ferblantier. Cela fait onze ans que le quinquagénaire brave la venue des objets en plastique d’une main de… fer ! Entonnoir, arrosoir, lampe à pétrole, réchaud à alcool et à charbon. Voilà autant d’objets qu’utilisaient jadis nos parents et plus encore ou encore nos grands-parents. Mais avec l’industrialisation, le plastique est venu changer la donne en proposant des objets plus esthétiques certes, mais pas forcément plus durables. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18672","attributes":{"class":"media-image alignleft size-full wp-image-31910","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"604","alt":"Seeven Seevathean"}}]]Les Mauriciens ont ainsi graduellement délaissé les objets en fer-blanc pour se laisser séduire par les produits en plastique. Ce qui a contraint la grande majorité des ferblantiers à mettre la clef sous le paillasson. Une poignée d’artisans ont, toutefois, perpétué ce métier, sachant que les objets en plastique n’offrent qu’un semblant de durabilité et, que tôt ou tard, ils allaient retrouver leur clientèle. Parmi, Seeven Seevathean. Depuis onze ans, il loue un petit atelier situé à la route principale de Bambous Médine. Et là encore, quand on dit atelier, le mot est fort, parce que faiblement éclairé par une fenêtre, le local, jonché de reste de bout de feuilles de tôle, ne lui sert qu’à entreposer ses nombreux produits.

La finesse de ses produits

L’homme préfère, lui, travailler sur la terrasse. Il fait certes froid. Mais, souligne l’ouvrier de 59 ans, c’est le meilleur moyen pour lui de faire son marketing. Et pour cause, il est impossible pour les passants de rester insensible à la finesse de ses produits, surtout quand on sait qu’ils sont exclusivement faits à la main. Ce métier requiert de la patience, soutient notre interlocuteur. Ce qui n’est, hélas, pas le point fort de la jeune génération. « Les jeunes ne s’intéressent pas à ce métier. Pour eux, rien que le fait d’aller acheter de la matière première est compliqué », dit-il en riant. Mais il garde espoir. « Qui sait ? Un jour, peut-être, mon petit-fils, qui a six ans aujourd’hui, reprendra la relève, lui qui semble aimer le métier de son grand-père. » Comme tout bon ferblantier qui se respecte, il se doit d’abord de reconnaître la bonne feuille de tôle. « Tout se joue à l’œil et au toucher. Nous utilisons des feuilles de tôle galvanisées et unies. Pour la ferblanterie, il faut opter pour des feuilles de 30 gauges, qui sont plus malléables », souligne notre interlocuteur. C’est d’ailleurs pour cette raison, dit-il, que sa main est calleuse.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18673","attributes":{"class":"media-image wp-image-31911","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Seeven Seevathean"}}]] L’outillage du ferblantier.

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/div> « Il m’arrive souvent de me blesser sans forcément m’en rendre compte. L’habitude fait qu’on ne s’y attarde pas. L’important, c’est que le travail se fasse », fait ressortir le ferblantier, qui dit accueillir ses premiers clients dès 7h30. Et sa clientèle vient des quatre coins du pays. « Les Mauriciens se rendent désormais compte que les objets en plastique ne sont pas durables. Ils sont de plus en plus nombreux à venir m’acheter des entonnoirs, des moules à gâteaux, des spatules et des arrosoirs. » Seeven Seevathean nous confie que l’arrosoir fait partie des objets les plus difficiles à réaliser. « Un arrosoir en fer-blanc est composé de neuf pièces. Il n’est pas toujours facile de les assembler surtout lorsqu’on n’utilise pas de chalumeau », argue le quinquagénaire. En effet, Seeven utilise une veille lampe à mazout pour souder avec de l’étain ses objets. « J’utilise de l’étain pour tout coller. Et une fois que c’est fait, il est important de s’assurer qu’il n’y ait pas de fuite. Au cas contraire, je peux encore le colmater. C’est ça l’avantage de travailler avec du fer-blanc. »
 

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