Interview

Shiv Khera : «Le leader né n’existe pas»

« Optimiser la performance et accéder au prochain palier. » C’est le thème d’un atelier de travail qu’animera Shiv Khera le 22 mars. Organisé par la Whitefield Business School, il sera axé sur l’attitude des leaders.

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Quels sont les principaux points que vous aborderez lors de votre atelier ?
Mon livre : « Vous pouvez gagner » a pour sous-titre « Les gagnants ne font pas des choses différentes, ils font les choses différemment » et c’est très important. Les gens demandent ce qu’ils font différemment et il y a deux choses. L’une d’elles est que les gagnants ont l’habitude de faire les choses que les perdants n’aiment pas faire. Et les gagnants non plus n’aiment pas le faire, mais ils le font quand même. Les perdants n’aiment pas se lever tôt. Les gagnants non plus, mais ils le font quand même ! Les perdants n’aiment pas travailler dur et les gagnants non plus. Mais ils le font quand même. On entend parler de personnes chanceuses. Mais quand on scrute leur vie, on réalise que le comportement positif est devenu une habitude. Quand un comportement est devenu un réflexe, cela devient simple. 90 % des actions humaines découlent des habitudes, on ne pense pas, on agit par réflexe. Le comportement négatif devient un rituel pour les perdants, c’est un réflexe. Si vous pensez, vous échouerez. Cela doit devenir un automatisme. Souvent les gens se disent qu’une situation est trop insignifiante pour faire preuve de courage. Mais pratiquez la petite lâcheté assez souvent et quand viendra le moment de faire preuve d’un grand courage, vous serez un grand lâche par réflexe. Nous devons apprendre les habitudes positives pour qu’elles fassent partie de notre personnalité.

Vous aborderez aussi le leadership. Qu’est-ce qu’un bon leader pour vous ?
D’abord, laissez-moi définir le terme « leadership ». Le leadership est la capacité à influencer la pensée qui débouche sur une action. Il y a une grande différence entre le leader efficace et le bon leader. Le leader efficace influence la pensée et obtient une action. Si vous n’obtenez pas d’action, vous n’êtes pas un leader, mais un haut-parleur. Hitler était un leader efficace. Mais était-il un bon leader ? Non. La bonté est liée à la moralité. Elle requiert des valeurs et de l’intégrité. Un bon leader est intègre. Il n’y a pas de leader neutre. Ils sont bons ou mauvais. Les bons leaders créent d’autres leaders. Les mauvais créent des disciples. Savez-vous pourquoi ? Ils sont pleins d’insécurité.

Il y a cette perception que le leadership est inné. Peut-on l’enseigner ?
Dans certains pays, on annonce la naissance d’un garçon ou d’une fille. Je n’ai jamais vu l’annonce de la naissance d’un architecte, d’un politicien ou d’un avocat. On ne voit nulle part l’annonce de la naissance d’un leader. Mais dans le même journal, si vous lisez la nécrologie, vous verrez que telle ou telle personne est décédée, c’était un avocat ou un médecin éminent, c’était un leader éminent. Avec la formation, ils ont appris à se comporter ainsi. Vous préféreriez vous faire opérer par un chirurgien né ou un chirurgien formé ? Le leadership est enseigné, il s’apprend. Le leader né n’existe pas. Ce n’est pas génétique.

Dans le monde compétitif d’aujourd’hui, est-il possible d’être un leader sans le titre qui va avec ?
D’où un leader puise-t-il son pouvoir ? Il le tire de trois sources que j’appelle les trois P du pouvoir : le pouvoir de la position, le pouvoir de la personnalité et le pouvoir des principes. Le pouvoir de la position provient des titres. Les gens qui deviennent ministres ou bureaucrates par exemple. Si vous enlevez le titre, le pouvoir s’en va avec. Seul un bon comportement peut vous apporter le respect. Le pouvoir de la personnalité peut permettre à certains de vous éblouir, mais quand vous vous réveillez, leur pouvoir sur vous a disparu. La personnalité ouvre les portes, mais c’est le caractère qui les empêche de se refermer. Puis, vous avez le pouvoir des principes. Les grands leaders de l’histoire avaient tous cela en commun : ils puisaient leur pouvoir des principes qu’ils avaient dans la vie. Gandhi, Luther King, Lincoln... Ils étaient de bons leaders, parce qu’ils étaient à cheval sur la moralité.

Vous consacrez tout un chapitre de votre livre à l’attitude. Quelle devrait être celle d’un bon leader ?
Je sors un autre livre dans quelques mois. La première phrase est : une personne avec une attitude positive ne peut être arrêtée. Une personne avec une attitude négative ne peut être aidée. Avoir une attitude positive ne signifie pas tout accepter. Les personnes positives ne sont pas stupides. Elles voient les problèmes quand il y en a. Mais elles sont concentrées sur les solutions. Les personnes négatives sont au contraire concentrées sur les problèmes. Ils ont un problème pour chaque solution ! Vous leur proposez une solution, ils y voient un problème ! Foutez-les dehors ! On n’est pas stupide ! On sait qu’il y a des problèmes dans la vie. Les personnes positives apportent des résultats malgré les problèmes.

Vous parlez d’attitude et de la capacité du leader à convaincre les autres. Diriez-vous que les compétences personnelles sont plus importantes pour le leader ?
Selon moi, ce sont des compétences cruciales. Et ce sont les plus difficiles à acquérir. On n’a pas de problème commercial, on a des problèmes interpersonnels. Quand on s’occupe des problèmes interpersonnels, presque tous les problèmes commerciaux disparaissent. On est toujours embauché pour ses compétences, mais on est renvoyé pour son comportement. 90 % de notre temps est consacré à l’acquisition de compétences techniques, avec seulement 10 % sur les compétences interpersonnelles. Cela devrait être l’inverse pour ceux qui ont du succès.

Quelle serait votre définition du talent ?
Le talent, c’est l’habileté. Quelle est la différence entre l’habileté et la compétence ? La compétence, c’est l’habileté accompagnée de la volonté et le désir de faire le boulot. Il y a plein de gens habiles qui sont totalement incompétents. Ils ont l’habileté, ils ont le talent. Mais il manque l’attitude et l’intégrité.

Et comment mettre en place une culture de travail qui ait du succès en prenant en considération les compétences des employés ?
Un bon environnement de travail inculque l’intégrité, le respect et la responsabilité. Ce sont des traits cruciaux. Ce sont les trois valeurs fondamentales. Les autres sont attenantes. L’honnêteté est une valeur qui découle de l’intégrité, par exemple. Ce sont des valeurs universelles et éternelles. Ce n’est pas difficile de clarifier ce que sont les valeurs réelles. Le plus difficile, c’est d’être à la hauteur.

 

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