Sir Anerood Jugnauth sur les traces de Lee Kuan Yew : de Premier ministre à ministre-mentor

En léguant le poste de Premier ministre à son fils Pravind, sir Anerood Jugnauth ne sera pas réduit à un simple « backbencher ». Il ne démissionnera pas non plus comme parlementaire. Tout laisse croire qu’il sera nommé ministre-mentor, à la manière du Singapourien Lee Kuan Yew.

Pas d’élection partielle en vue dans la circonscription no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart), car sir Anerood Jugnauth ne démissionnera pas comme député après avoir soumis sa démission comme Premier ministre. Un fort courant au sein du Mouvement socialiste militant (MSM) et de l’Alliance lepep ne souhaite pas qu’il soit réduit à un simple parlementaire. Ces dirigeants du MSM, du Parti mauricien social-démocrate (PMSD)et du Muvman liberater souhaitent qu’il reste au conseil des ministres et à la tête d’un nouveau ministère. Et non pas des moindres ! à la manière de Lee Kuan Yew en 2004, il serait nommé ministre-mentor. D’où son annonce d’un remaniement ministériel. Dans la foulée, tout laisse croire que le Chief Whip, Mahen Jhugroo, sera promu ministre.

Expérience

L’Alliance lepep ne peut se passer de sir Anerood Jugnauth. « Si nous sommes au pouvoir, c’est en grande partie grâce à sir Anerood Jugnauth. Sans lui, il y aurait eu effectivement une victoire sans appel de 60-0 de l’alliance Parti travailliste-Mouvement militant mauricien. Alors, comment peut-on le reléguer aux oubliettes ? », se demande un ministre du MSM. Un autre ministre de ce même parti considère que l’Alliance Lepep a encore besoin de l’expérience de SAJ. « Si, en raison de son âge, il ne peut continuer à assumer les responsabilités de Premier ministre, il peut encore rester au sein du Cabinet avec une nouvelle mission. Nous avons besoin de sa riche expérience. » Il n’est pas à écarter que sir Anerood Jugnauth ait sous sa responsabilité les Affaires internes (la police) et s’occupera de quelques dossiers sensibles, comme celui des Chagos.

Provoquer une élection partielle dans la circonscription no 7 risquerait d’être un cadeau empoisonné pour Pravind Jugnauth, car en cas de défaite de l’Alliance Lepep il débuterait son mandat de Premier ministre sur une mauvaise note.

À Singapour, en 2004, Lee Kuan Yew avait été nommé « ministre-mentor » dans le Cabinet dirigé par son fils, Lee Hsien Loon. Il est resté en poste jusqu’en 2011, lorsqu’il décida de « rompre avec le passé. »

L’accord des partenaires

Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo ne voient aucun problème à ce que Pravind Jugnauth succède à son père au poste de Premier ministre. « C’était convenu dès le départ qu’au cas où SAJ décidait de partir, ce serait Pravind Jugnauth, leader du MSM – le plus grand parti de l’Alliance Lepep – qui lui succéderait. La question ne se pose pas. Il n’y a aucun débat à ce sujet. Il est tout à fait normal que Pravind Jugnauth devienne le Premier ministre, si SAJ se retire », déclare Xavier-Luc Duval, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme. Ivan Collendavelloo abonde dans le même sens : « Il était bien compris depuis la formation de l’Alliance Lepep qu’en cas de victoire, SAJ serait le Premier ministre, mais la possibilité qu’il rende le tablier à mi-chemin n’avait pas été écartée. La Constitution prévoit que c’est celui qui réunit la majorité à l’Assemblée nationale qui devient le Premier ministre. Il est évident et incontestable que c’est Pravind Jugnauth. Sa nomination se fera dans la discipline et le respect. Il est évident que le Muvman Liberater soutiendra son partenaire dans cette transition. »

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