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Situation financière précaire du CEB : le crash aurait-il pu être évité ?

La création des filiales du CEB s’est finalement révélée être un désastre.

La situation financière du CEB a largement contribué à la décision d’augmenter le prix de l’électricité. Le désastre aurait-il pu être évité ? Éléments de réponse.

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Le Central Electricity Board (CEB) aurait pu éviter de se retrouver dans une si mauvaise posture. La situation financière de l’organisme a été une des raisons principales évoquée par le ministre des Services publics et de l’Énergie, Joe Lesjongard, pour justifier la hausse du prix de l’électricité qui prendra effet à partir du 1er février 2023. 

Pendant de nombreuses années, le CEB a été l’un des rares organismes publics à avoir réalisé des profits de plusieurs milliards de roupies. Le prix du carburant, qui était très bas lors de la période 2014-2019, a pu permettre au CEB d’avoir les reins solides financièrement. Il était à un tel niveau durant cette période que l’opposition parlementaire avait, en plusieurs occasions, plaidé auprès d’Ivan Collendavelloo, qui était alors ministre des Services publics et de l’Énergie, pour baisser le prix de l’électricité. L’ex-ministre avait constamment refusé d’accéder à cette requête, évoquant la volatilité du prix du carburant. C’est de cette manière que l’organisme s’est retrouvé avec presque Rs 10 milliards de réserves à un moment. 

La situation financière du CEB était tellement bonne que la direction d’alors a décidé de procéder à la création de compagnies subsidiaires. Enter CEB Facilities, CEB Fibernet et CEB Green Energy. Un montant de Rs 264,5 millions a été accordé par le CEB à ces trois subsidiaires et plusieurs centaines de millions de roupies ont été injectées pour assurer leur bon fonctionnement. 

Quelques années plus tard, force est de constater que la création de ces trois subsidiaires s’est révélée être un véritable échec. Le rapport annuel du CEB pour la période 2020-2021 a d’ailleurs concédé que deux de ces subsidiaires ne seront pas en mesure de rembourser ces prêts. Pire, le CEB Green Energy a été contraint de mettre la clé sous le paillasson et n’est aujourd’hui qu’un simple département de l’organisme. 

« Des compagnies fantômes »

« C’est au total un montant de Rs 1,2 milliard qui a été injecté dans la création de ces trois subsidiaires du CEB. Il y a le CEB Green Energy qui a, au final, été absorbé par le CEB, tandis que les deux autres sont des compagnies fantômes », décrie le député du PTr Patrick Assirvaden. Résultat des courses, dit-il, ce sont les consommateurs qui vont être obligés de payer pour l’incompétence de certains. « Le Premier ministre, le ministre Lesjongard, ainsi que l’ex-ministre Collendavelloo portent la responsabilité de cette situation financière », ajoute-t-il. 

Patrick Assirvaden affirme, d’autre part, que les réserves du CEB ont été mal utilisées. « Des milliards de roupies ont été récupérées par le ministère des Finances pour financer l’achat d’équipements médicaux lors de la pandémie de Covid-19 et avec tous les scandales que cela a généré, notamment avec Pack and Blister », avance-t-il. 

Un avis également partagé par l’environnementaliste Vassen Kauppaymuthoo. « La population ne peut payer le prix de la gestion du CEB, qu’elle soit bonne ou mauvaise. L’énergie étant un service essentiel, tout comme l’eau, la population doit y avoir accès sans contrainte », insiste-t-il. 

Il est aussi d’avis que le CEB est dans l’incapacité d’assurer une bonne transition énergétique vers les énergies renouvelables, ce qui a mené à cette situation. « Nous avons droit à 7 heures à 8 heures de soleil par jour, mais qu’est-ce qui a été fait pour que l’énergie solaire soit pleinement exploitée à Maurice ? Le CEB dépend aujourd’hui grossièrement des IPP qui produisent avec de l’huile lourde et du charbon, et lorsque le prix de ces intrants flambe, le CEB doit subventionner plusieurs de ces IPP », fait-il remarquer. 

« Vulnérable »

Même son de cloche du côté du chargé de cours à l’université de Maurice (UoM) Khalil Elahee. « Aussi longtemps qu’on sera dépendant du fioul et d’autres énergies fossiles, on continuera à être vulnérable. Toute une stratégie avait été mise en place, une décennie de cela, afin d’assurer la transition énergétique vers les énergies vertes et le progrès est faible », observe-t-il. 

Concernant l’utilisation des réserves du CEB afin de financer des dépenses du gouvernement, le chargé de cours soutient qu’il s’agit d’une très mauvaise idée. « Ce n’est pas la première fois qu’on puise dans les réserves du CEB. Cela avait été le cas dans le passé pour subventionner le prix de la canne à sucre. Ces réserves doivent avant tout être utilisées pour consolider la position du CEB », explique-t-il.

Le CEB s’est aujourd’hui fixé comme objectif de récupérer Rs 4 milliards à partir du 1er février 2023 et ce, jusqu’en 2025, pour consolider ses réserves. L’augmentation du prix de l’électricité est une stratégie sur laquelle le CEB compte miser pour se refaire une santé financière. Reste à voir s’il pourra, en parallèle, réussir sa transition énergétique, qui est, à coup sûr, une stratégie plus durable.

Comment réduire la consommation énergétique 

Débrancher tous les appareils des prises électriques est la manière la plus pratique et efficiente pour économiser de l’énergie. En effet, selon le chargé de cours à l’université de Maurice Khalil Elahee, cela peut permettre d’économiser 5 % d’énergie. 

Sur une plus grande échelle, l’expert en matière énergétique indique qu’il faut davantage se concentrer sur le bioclimatique et recommande l’utilisation de matériaux durables. « En optant pour des matériaux plus durables, une maison peut utiliser moins de climatisation par exemple », dit-il. 

Khalil Elahee lance un appel aux meter readers pour qu’ils prodiguent des conseils aux abonnés du CEB. « Au lieu de se contenter de remettre les factures d’électricité, ils peuvent aussi donner des conseils utiles aux consommateurs afin qu’ils utilisent l’électricité de manière plus intelligente », suggère-t-il.

 

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