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Soupçonné d’être complice des détenus - Sachiddhanand Poye : le gardien de prison à deux visages

Il se prénomme Sachiddhanand Poye, ou Satish pour les intimes. Mais il est aussi connu comme T 13, son nom de code à la prison. Portrait de celui que la Commission d’enquête sur la drogue soupçonne d’être de mèche avec les condamnés.

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Sachiddhanand Poye était, d’après les renseignements recueillis, dans le viseur de l’Intelligence Unit des autorités pénitentiaires depuis ces cinq dernières années. Comptant 28 ans de service dans le milieu carcéral, le Leading Prison Officer serait loin d’être un enfant de chœur. Affecté à la prison de Beau-Bassin, il est décrit comme un « trafiquant » par certains de ses collègues. Et les soupçons ne se sont pas démentis. Le gardien de prison avait été arrêté le 9 mars dernier dans l’enceinte du Block B de la prison de Beau-Bassin. Les Prisons Squad ont retrouvé en sa possession de l’héroïne, du gandia, de la drogue synthétique et quatre cartes SIM. Suspendu depuis, ses déboires avec les autorités n’en finissent plus.

« Tôt ou tard, li ti pou gagn traper. Mem la police ti fini gagn compte », lâche un de ses collègues. Les rumeurs qui courent dans l’établissement pénitentiaire veulent qu’un des détenus du Red Band l’aurait dénoncé. Ce groupe de Red Band compte une vingtaine de condamnés jouissant de bonne conduite. Mais selon un autre gardien de prison, « l’équipe 24/7 était sur ses traces depuis un bon moment. »

Âgé de 54 ans, Sachiddhanand Poye est connu à la prison pour sa proximité avec les détenus. « Il est une personne calme, ouverte à tous. Il aimait parler mais ses frottements avec les prisonniers lui ont coûté sa place. Plusieurs parmi nous l’avaient prévenu. Mais il n’en a fait qu’à sa tête », fait part un autre gardien de prison. Ce père de famille, a-t-on appris, avait des complicités avec les détenus, ce qui a poussé les éléments de la Prison Security Squad à le fouiller à plusieurs reprises dans le passé.

Données téléphoniques

Même après sa suspension, son ombre planait toujours à la prison. Le motif ? Après une fouille dans la cellule du détenu Ricardo Agathe, les officiers avaient mis la main sur un carnet où figurait le numéro de téléphone de Sachiddhanand Poye. Cerise sur le gâteau, le nom du gardien de prison est inscrit comme T 13. Une enquête a été ouverte par l’Intelligence Unit de la commission d’enquête sur la drogue, placée sous la supervision de l’ASP Hector Tuyau.

Les données téléphoniques de Sachiddhanand Poye ont été décortiquées par le président de la Commission, Paul Lam Shang Leen, le jeudi 20 avril dernier. « Votre numéro portable a été en contact régulier avec des détenus. Plusieurs conversations téléphoniques et même des SMS ont été échangés en 2015 et 2016. Quelles étaient vos relations avec ces détenus ? », lui avait demandé l’ex-juge. Mais le principal intéressé avait tout nié et plaidé l’ignorance. Ce qui avait poussé Paul Lam Shang Leen à lui dire ceci : « Comment pouvez-vous ne pas vous rappeler de ces numéros et de ces noms car des appels téléphoniques d’une durée de 30 à 45 minutes ont été relevés ? » Le président de la Commission lui avait même demandé s’il était le « errand boy » de ces détenus.

Outre le fait que le numéro du portable figure dans le Diary Book du prisonnier Ricardo Agathe, les policiers ont pris connaissance d’autres informations choquantes. Sachiddhanand Poye était aussi en contact avec les détenus James Stevenson Perrine, J. J. Alexis et Rajkumar Ittoo. Ce dernier avait été arrêté à son domicile à Terre-Rouge après une opération musclée le 28 février 2015 par les éléments de l’Adsu, du GIPM et ceux de la Special Support Unit (SSU). Les policiers avaient saisi 176 doses d’héroïne, 75 «pouliah», huit paquets contenant 126 feuilles d’aluminium, une balance électrique, des bandes adhésives et une somme de Rs 23 050. Par ailleurs, J. J. Alexis l’avait appelé à douze reprises et avait échangé des SMS avec lui.

Une interdiction de travailler pesait également sur Sachiddhanand Poye. Il était soupçonné d’avoir autorisé une tierce personne à entrer en contact avec un détenu alors que tous deux étaient à l’hôpital.

Le CP attend les retombées de la Commission

Sollicité pour une réaction, le Commissaire des Prisons (CP), Vinod Appadoo, souligne que tous ceux convoqués devant la Commission d’enquête sur la drogue font l’objet d’une attention particulière. « L’officier Poye fait déjà l’objet d’une interdiction après un incident à l’hôpital. En ce qui concerne les autres, un exercice de transferts est prévu en attendant les retombées de la Commission Paul Lam Shang Leen. Si les soupçons s’avèrent fondés, il reviendra à la police ou l’Icac d’enquêter sur eux. »

Azad Allymamode, un ASP qui vaut Rs 7 millions

Lui aussi est dans de beaux draps. L’Assistant Superintendent of Prison Azad Allymamode a été sommé de s’expliquer sur ses transactions bancaires. La raison ? De 2009 à 2016, plus de Rs 7 millions en liquide ont été déposées sur son compte. Ses explications à la Commission d’enquête sur la drogue le jeudi 27 avril n’ont pas convaincu. « Certains dimanches, j’achète du poisson aux pêcheurs. Je les revends ensuite par tranches à des clients. » Insatisfaite de ses explications, la Commission lui a donné quinze jours pour révéler en détail et en présentant des documents ses sources de revenus. Azad Allymamode, qui compte 41 années de service dans le milieu carcéral, se dit prêt à laver son honneur. Un terrain situé à Bagatelle, (dans le Sud de l’île), qui était à son nom en 2005, suscite également la curiosité de la Commission. Aucun montant de Rs 1,2 million n’a été décaissé de son compte pour l’acquisition de ce terrain.

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