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Souveraineté sur les Chagos - Milan Meetarbhan : « Maurice a placé la barre haut »

Les revendications de l’État mauricien à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies sur le dossier Chagos ont fait débat mercredi sur Radio Plus.

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Les invités d’Abdoollah Earally étaient Milan Meetarbhan et Vijay Makhan, anciens diplomates, et Jean-François Chaumière, conseiller au bureau du Premier ministre.

La Grande-Bretagne doit une fois pour toute donner une date précise concernant le retour des Chagos sous juridiction mauricienne, estime Jean-François Chaumière. Pour lui, à l’aube du renouvellement du bail que les Britanniques ont accordé aux Américains pour l’utilisation de Diego Garcia comme base militaire, il était temps que Maurice ait un avis légal autorisé pour retrouver sa souveraineté sur les Chagos dans le cadre de la décolonisation complète de Maurice.

Pour le conseiller au Bureau du Premier ministre, le moment était venu pour Maurice de changer son fusil d’épaule après avoir jusqu’à présent privilégié la voie du dialogue et de la négociation. Mais devant l’intransigeance de la Grande-Bretagne qui fait fi des lois internationales et des résolutions de l’Organisation des Nations unies (1514 et 2066), le ton devait changer, a-t-il lancé.  

Selon Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères et ancien commissaire de l’Union africaine, Maurice a franchi une nouvelle étape en portant la revendication mauricienne sur l’archipel des Chagos à l’Onu. Pour lui, cela va apporter une nouvelle dynamique au dossier. D’autant que le bail que la Grande-Bretagne a accordé aux Américains arrive à terme en novembre 2016 et qu’il risque d’être renouvelé pour une nouvelle période de 20 ans.

Les nouvelles revendications de Maurice sur les Chagos marquent un tournant dans la phase des négociations qui étaient jusqu’à présent diplomatiques, selon Milan Meetarbhan. Mais il craint qu’en portant l’affaire devant l’Assemblée générale des Nations unies, il existe le risque que les Américains et les Britanniques fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher l’adoption d’une résolution par cette instance.

Selon lui, même si la résolution est adoptée, ces deux puissances peuvent essayer de trouver des subterfuges pour prétendre que la Cour internationale de justice (CIJ) n’a pas les compétences pour traiter ce dossier. Pour lui, ces deux pays ne voudront pas prendre le risque d’avoir un avis défavorable de la CIJ. « Si jamais la résolution est adoptée, on devrait s’attendre à d’autres manœuvres de la part de ces deux pays pour empêcher que la Cour ne se prononce sur cette affaire », a-t-il expliqué.

Vijay Makhan a vertement critiqué le ton menaçant du communiqué conjoint émis récemment par la Grande-Bretagne et les états-Unis qui faisait état des conséquences que la démarche mauricienne risque d’avoir sur les relations bilatérales. Il considère aussi que le ministre des Affaires étrangères aurait dû faire partie de la délégation qui a accompagné le Premier ministre aux états-Unis afin de jouer à fond la carte de la diplomatie avec les autres pays membres de l’Onu ainsi qu’auprès des pays non-alignés.

Selon Jean-François Chaumière, des consultations et des rencontres avec les chefs d’Etats et de gouvernements se poursuivent aux États-Unis en marge de la 71e Assemblée générale des Nations unies. « Ce sont des négociations tous azimuts avec les autres pays pour nous assurer de leur soutien à l’Onu. »

Milan Meetarbhan est d’avis qu’en portant les revendications de Maurice sur les Chagos à la tribune des Nations unies, l’État mauricien a placé la barre haut. Pour lui, Maurice ne doit attendre qu’une seule réponse de la part des Britanniques : la date précise à laquelle ils vont restituer les Chagos à Maurice. Au cas contraire, ce sera mauvais pour l’image et la dignité du pays.

Vijay Makhan a aussi souhaité que tous les Mauriciens se sentent concernés par ce dossier et que le sujet transcende toute considération politique.

 

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