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‘Student Behaviour Policy’: les mesures punitives jugées «inefficaces»

Face au problème d’indiscipline qui fait rage au sein de certains collèges, le ministère a proposé, en janvier, une « Student Behaviour Policy » aux recteurs.
Rien ne semble être efficace pour lutter contre l’indiscipline des collégiens. Pas même la ‘Student Behaviour Policy’, estiment des responsables d’établissements secondaires. L’indiscipline est à son comble dans certains collèges publics. En une semaine, deux enseignants, dont une femme, ont été agressés par des élèves. Dans un collège du Nord, l’on avance être courant que des élèves ont des armes blanches en leur possession. Des enseignants craignent ainsi pour leur sécurité. D’autres se disent contraints de garer leur voiture à plusieurs mètres du collège où ils travaillent, de peur que leur véhicule ne soit la cible de certains élèves. Face à l’ampleur de ce problème d’indiscipline, le ministère de l’Éducation a proposé, en janvier, une Student Behaviour Policy. Or, ce document ne ferait pas l’unanimité, des partenaires affirmant qu’il n’y a rien de concret qui y est mentionné concernant leur sécurité.

Manque de communication

Le contenu de la Student Behaviour Policy concerne aussi les responsabilités de la quarantaine de School Superintendants que comptent les collèges d’État. L’une de leurs fonctions est de veiller au bien-être des élèves. Toutefois, le président de la School Superintendant Union (SSU), Ram Peenith, déplore un manque de communication avec le ministère de l’éducation, notamment en ce qui concerne les sanctions à prendre quand un élève commet un acte jugé répréhensible. Il relève que le rapport parle des heures de retenue. « Or, les responsables n’en ont jamais discuté avec nous. Il s’agit de savoir qui prendra la responsabilité de ces élèves, dont ceux ayant démontré des problèmes de comportement ou de violence, regroupés dans la même classe. » Car, souligne-t-il, il ne faut pas non plus oublier le transport des élèves, les autobus scolaires n’étant pas disponibles après les heures de colle. Ally Yearoo, président de l’Education Officers Union (EOU), abonde dans son sens. Il est d’avis que certaines mesures préconisées dans le document ne pourront pas être appliquées. « Les classes de retenue dans l’après-midi ou le samedi comportent des risques pour la sécurité des élèves, notamment ceux qui utilisent les transports communs. Certains arrêts se trouvent loin des écoles. » La secrétaire de la SSU, Jayshree Arnachellum, indique, pour sa part, que les parents sont réticents à envoyer leurs enfants en classe de retenue. Les raisons avancées sont les leçons particulières, la sécurité des élèves au sein et dans les alentours des établissements scolaires, surtout ceux situés en retrait. « Certains parents estiment que c’est une perte de temps et savent que, dans la plupart des cas, aucune sanction ne sera prise même s’ils refusent d’obtempérer », lance-t-elle.

Perte de temps

Avis partagé par Madoo Ramjee, président de l’Association des recteurs et des assistants recteurs. Il dit attendre une rencontre avec les responsables de l’Éducation pour discuter du contenu du rapport, surtout la partie traitant des sanctions à infliger aux élèves indisciplinés. Selon les recommandations de la Student Behaviour Policy, chaque collège doit étudier les cas d’indiscipline les plus récurrents dans leurs établissements et proposer des solutions. « En décembre, j’avais proposé que nous ayons une table ronde pour discuter des mesures préconisées. En tant que recteur, je crois qu’il aurait fallu trouver un consensus avant la publication de la Student Behaviour Policy, parce que nous faisons aussi face à d’autres types d’indiscipline comme l’absentéisme, les élèves qui sont hors de l’école à l’heure qu’ils doivent être en classe, etc. » fait-il ressortir. Ally Yearoo affirme, par ailleurs, que les autorités auraient dû déterminer différentes sanctions pour les délits graves et ceux qui sont considérés comme étant mineurs dans le document.
 

Les enseignants prêts à manifester

Y a-t-il une loi pour protéger les enseignants ? C’est la question que se pose la Government Secondary School Teachers’ Union (GSSTU). Son président, Vikash Ramdonnee, souhaite que cela se fasse le plus tôt possible. « Enough is enough ! » lancent les enseignants, exaspérés par les deux derniers cas d’agression sur leurs confrères. Ils se disent prêts à descendre dans la rue si nécessaire. « Si c’est la loi de la rue qui fait changer les décideurs, nous allons le faire pour que les enseignants soient respectés. » La GSSTU demande au ministère de l’Éducation d’agir rapidement et selon les dispositions de la loi. La possibilité qu’un mot d’ordre de « go slow » soit donné dans les collèges d’État n’est pas à écarter, affirme-t-il, si aucune action concrète n’est prise. « La ‘Student Behaviour Policy’, qui en est encore au stade embryonnaire vu qu’aucun collège ne l’a adoptée, n’a rien changé. Les agressions continuent et des enseignants ont même peur de s’approcher de certains élèves », martèle Vikash Ramdonee, soulignant que la GSSTU tiendra son assemblée générale, le 26 mars. Une motion sera ainsi votée quant à la marche à suivre, si rien n’est fait dans les plus brefs délais.
 

Encadrement des responsables

La « Student Behaviour Policy » a été rendue publique, en janvier, par le ministère de l’éducation. Le directeur du secondaire au ministère, Lindsay Despois, fait ressortir que le but du document est de donner aux responsables des collèges la liberté de prendre des actions si un élève commet un acte répréhensible. Toutefois, la « School Superintendant Union » estime que les mesures punitives doivent aller de pair avec l’encadrement de l’individu. De plus, un « Discipline Master » ayant suivi une formation en psychologie juvénile et doté d’un certain pouvoir sur le plan légal (pour procéder aux fouilles corporelles par exemple) serait d’une grande aide dans la gestion de l’indiscipline. Vikash Ramdonee abonde dans son sens. Le président de la GSSTU affirme qu’un enseignant consacre plus de 70 % de son temps à contrecarrer l’indiscipline. Une des solutions idéales, renchérit-il, serait, en effet, la création d’un poste de « Discipline Master » chargé de gérer tout ce qui a trait à la discipline.
 

Le sport pour se défouler

Vikash Ramdonee suggère que les collèges soient dotés de facilités sportives afin que les élèves puissent se défouler dans les gymnases et non sur les enseignants. « Le ministère doit agir très vite dans des cas de délits graves. Aujourd’hui, il s’agit surtout de veiller à ce que les enseignants ne deviennent pas des victimes et des élèves des bourreaux parce qu’il n’y a pas d’actions sérieuses de la part du ministère. Il faut donner un signal fort. Et s’il faut aller jusqu’à expulser un élève, tant pis. Notre société a besoin de personnes intellectuellement, mentalement et moralement correctes. »
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