Live News

Suite à la circulation d’une vidéo : parlementaires et ONG unis contre la maltraitance des enfants  

Kalpana Koonjoo-Shah souligne l’importance de la dénonciation. Pour Joanna Bérenger, placer les parents en détention n’est pas la solution.

Les parlementaires et les organisations non-gouvernementales (ONG) s’élèvent à l’unisson pour dénoncer les cas de maltraitance à l’égard des enfants. Cela, suite à la circulation d’une vidéo sur les réseaux sociaux où on voit une fillette subir des actes de violences de la part de sa mère. Conscients de l’ampleur du problème, ils mettent en lumière ces situations de violence et font appel à des mesures concrètes pour protéger les enfants.

Publicité

Réagissant aux cas de maltraitance des enfants, la ministre de l’Égalité des genres Kalpana Koonjoo-Shah souligne l’importance de la dénonciation. « C’est chagrinant que nous ayons encore des cas où l’on voit des enfants être maltraités de la sorte », déclare la ministre de l’Égalité des genres. Elle félicite toutes les personnes qui ont osé dénoncer de tels actes à l’égard des enfants. « La loi est très sévère et il y a aussi le Children’s Court où il est possible de traiter rapidement les cas concernant les enfants, en prenant en considération leur aspect psychologique », ajoute-t-elle.

Le ministère de l’Égalité des genres et les autorités concernées ont agi rapidement dès qu’ils ont eu connaissance de ces cas, affirme-t-elle. Pour la ministre, un cas de maltraitance envers un enfant est un cas de trop, et il est regrettable que nous vivions dans une société où certaines personnes commettent de telles atrocités à l’égard des enfants. « Lorsque des personnes viennent signaler ces actes, cela nous aide à mettre en place tout un système pour aider cet enfant, les parents et les auteurs présumés de ces actes de violence », souligne-t-elle.

La ministre Koonjoo-Shah salue également le Bureau de l’Ombudsperson for Children avec qui son ministère travaille en étroite collaboration. « Le ministère de l’Égalité des genres et les autorités sont là pour apporter tout le soutien nécessaire aux victimes de tels cas de maltraitance », affirme-t-elle.

 


La députée Joanna Bérenger demande des mesures contre la violence parentale

Suite à la diffusion d’une vidéo montrant une fillette maltraitée par sa mère, cette dernière a été arrêtée et placée en détention. Des questions se posent, selon Joanna Bérenger, députée du Mouvement militant mauricien (MMM) : Quelles mesures sont mises en place pour accompagner et encadrer les parents ? Quand est-ce que le ministère du Bien-être et de la famille proposera des cours de préparation à la parentalité pendant la grossesse ? Quand aurons-nous des formations sur la discipline positive ? Quand verrons-nous des campagnes de sensibilisation sur les effets, les différentes formes de violence et les alternatives à celles-ci ? 

Selon Joanna Bérenger, le gouvernement se décharge de ses responsabilités et s’appuie systématiquement sur les organisations non-gouvernementales qui sont déjà débordées. « Il est urgent de faire un investissement ici », martèle-t-elle.

La députée ajoute que les violences en général sont encore largement tolérées d’un point de vue social et culturel (comme les fessées, les claques, les insultes, les moqueries, les humiliations, le tirage de cheveux ou d’oreilles, l’isolement forcé, etc.), considérées comme de l’« éducation ». Cela perpétue un cercle vicieux et le problème de la violence ne sera pas résolu simplement en plaçant les parents en détention, souligne Joanna Bérenger.

Ce que dit la loi

Après les réformes de la loi et la promulgation de la Children’s Act 2020, Maurice est devenu, en janvier 2022, le 65ème pays au monde et le douzième État africain à reconnaître le droit des enfants à être protégés contre toutes les formes de châtiments violents.

La Section 14 (1) de la Children’s Act 2020 stipule en effet que : « Aucune personne ne peut infliger de châtiments corporels ou humiliants à un enfant comme mesure de correction ou de discipline de l’enfant ». De plus, la Section 14 (3) définit les « châtiments corporels ou humiliants » comme « toute forme de punition causant de la douleur ou de la souffrance à un enfant, par le biais, mais sans s’y limiter, de l’utilisation de la force ou de substances ».

La législation prévoit également des sanctions en cas de violation des dispositions de cette loi. Ainsi, toute personne enfreignant le paragraphe (1) commet un délit et est passible, en cas de condamnation, d’une amende pouvant atteindre 200 000 roupies et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans.


Safire plaide pour une approche holistique

« Ce n’est malheureusement pas un cas isolé », déplore Edley Maurer, Manager de l’Organisation non-gouvernementale (ONG) Safire. Selon lui, il est nécessaire d’agir dans tous les cas de maltraitance des enfants, et c’est la mission de l’ONG. « Nous œuvrons pour la protection des enfants à tous les niveaux. Les mères ont le rôle d’éduquer, mais cela doit se faire sans violence », déclare-t-il. Les abus subis par l’enfant dans la vidéo en circulation méritent une sanction, affirme-t-il. Pour contrer ce type de comportement, l’ONG travaille avec des jeunes mamans pour leur faire comprendre qu’un enfant est fragile et ne mérite pas d’être frappé, peu importe la bêtise qu’il a commise.

Le Kolektif Drwa Zanfan Morisien demande une collaboration avec l’État

 « C’est horrible, triste et malheureusement, de nombreux enfants se trouvent dans la même situation », souligne Isabelle David-Philippe, du Kolektif Drwa Zanfan Morisien (KDZM). Elle indique que le KDZM demande depuis des années à l’État d’investir dans l’accompagnement des parents afin de leur fournir les outils nécessaires pour mieux prendre soin de leurs enfants.

« Nous demandons et insistons pour pouvoir collaborer avec l’État. Ce, afin de trouver ensemble des solutions, des formations et des séances d’information adaptées pour apporter le soutien nécessaire aux parents qui ne savent malheureusement pas comment gérer la violence avec leurs enfants », avance-t-elle. Selon Isabelle David-Philippe, ces parents peuvent eux-mêmes être victimes de violences domestiques ou être sous l’emprise de produits illicites.

L’Ombudsperson for Children appelle à la prise de conscience et au soutien des familles

Bien qu’elle déplore la maltraitance des enfants, l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, se réjouit de la prise de conscience citoyenne autour de ce sujet. Elle affirme avoir reçu de nombreux appels téléphoniques dénonçant le même cas, avec des messages tels que « ça suffit ».

Selon elle, cela démontre que les citoyens sont conscients que les enfants ont des droits et qu’ils ne doivent pas être maltraités. «  J’ai même eu des jeunes qui ont voulu apporter leur soutien, mais étant eux-mêmes des mineurs, je leur ai demandé de mener des campagnes auprès d’autres enfants sur la maltraitance », ajoute notre interlocutrice.

L’Ombudsperson for Children fait ressortir que lorsque des citoyens s’engagent de cette manière, beaucoup de choses peuvent avancer. Elle insiste également sur le soutien nécessaire aux familles, en soulignant qu’une approche holistique est essentielle pour les encadrer correctement. Rita Venkatasawmy plaide ainsi en faveur de la formation des parents, car on ne naît pas parents, on le devient, affirme-t-elle.


 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !