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Sur la plage de Pointe-d’Esny : une femme et son fils agressés et chassés devant un bungalow

Une femme et son fils de 16 ans ont été expulsés manu militari par les propriétaires d’un bungalow sur la plage de Pointe-d’Esny. Cela s’est produit dimanche, vers 16 heures. Une plainte a été consignée au poste de police de Mahébourg.

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Noorie est toujours sous le choc. Cette Curepipienne âgée de 31 ans n’en revient pas. Elle allègue avoir été agressée par trois individus dimanche. « On s’est installé avec une amie sur la plage vers 16 heures. Soudain, deux gardiens d’un bungalow nous ont sommés de quitter les lieux. » Convaincues d’être dans leur bon droit et d’être sur une plage ouverte au public, Noorie et son amie font valoir leurs droits. Après le départ des gardiens, un troisième individu a exigé qu’ils quittent les lieux sur-le-champ.

« Nous croyions pouvoir profiter du soleil et de la plage. On le leur a fait comprendre. D’ailleurs, le bungalow de ces gens était loin de nous. Nous n’avons nullement empiété sur une propriété privée, barrée par une chaîne et des piquets », dit-elle.

Les deux femmes seront prises de cours par l’intervention de trois quidams. « Trois hommes, dont deux d’un certain âge, ont commencé à nous agresser verbalement et à tenir des propos racistes du genre : votre place est à la plage de Blue-Bay. »

Noorie raconte que face à leur refus d’obtempérer, ces hommes ont jeté leurs effets personnels à la mer. « Quand mon fils a sorti son cellulaire pour filmer la scène, le plus jeune des individus lui a saisi le poignet pour lui arracher le téléphone des mains avant de le repousser violemment. Quand j’ai voulu m’interposer, l’un des gars m’a tirée par les cheveux et m’a traînée sur la plage. Un autre a maintenu ma copine et l’a même griffée. »

Plage
Des barrières installées sur une plage.

Douleurs aux côtes

Noorie a quitté les lieux alors que son fils se plaignait de douleurs aux côtes. Une déposition a été consignée au poste de police de Mahébourg pour agression. Noorie et son fils ont ensuite été conduits à l’hôpital de la région, puis à celui de Rose-Belle. « Nous attendons les résultats de la radiographie pour savoir si mon fils souffre d’une quelconque fracture », confiait la maman. Heureusement, aucune fracture n’a été décelée. La mère n’exclut pas d’engager des poursuites en justice.

Dhuneeroy Bissessur, directeur de la Beach Authority, souligne que toutes les plages de l’île doivent être accessibles au public. Le cliché ci-contre nous l’indique bien. « Il est vrai que cette plage n’a pas encore été décrétée publique, mais tout le monde a le droit d’y accéder », précise le responsable.

De sources policières, nous apprenons que les présumés agresseurs ont aussi porté plainte pour agression. « L’enquête permettra de tirer l’affaire au clair et une cour de justice tranchera sur cette affaire », conclut l’officier.

Plage
Le directeur de la Beach Authority rappelle que toutes les plages sont accessibles au public.

Georges Ah-Yan : « Où commence le domaine public ? »

Georges Ah-YanLe président du Forum Citoyens Libres, Georges Ah-Yan, se dit révolté par l’inaction des autorités. « Un bornage obligatoire aurait été la solution pour résoudre ce conflit que je dénonce depuis 15 ans. Où commence la plage publique ? Il faut identifier la marque laissée par la ligne des hautes eaux (marée haute) et la laisse de basse mer (marée basse) indiquée par la ligne des algues apparaissant sur le sable. L’État aurait dû inspecter toutes les plages pour veiller à ce que cela soit respecté. L’inaction des autorités aggrave la situation du public floué. C’est une politique de l’autruche qui prévaut. Seul un bornage délimiterait l’espace privé et l’espace public. En l’absence de limites visuelles, les propriétaires de bungalows se croient tout permis et dictent leur loi, installant des barrières sur l’espace public. Tant que l’État ne réagira pas, la polémique et les conflits perdureront », dit-il.

 

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