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Trafic de drogue : quand les femmes et les ados s’y mêlent

Le trafic de drogue touche les différentes couches de la société mauricienne. Et il n’épargne pas les femmes et les adolescents. Depuis le début de cette année, 48 femmes et 24 mineurs ont été pris dans les filets de brigade antidrogue.

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Bien qu’ils passent souvent inaperçus, de plus en plus de femmes, de jeunes filles et de jeunes hommes sont mêlés au trafic de drogue. Depuis le début de cette année, l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) a arrêté bon nombre d’entre eux pour des délits divers : possession de drogue, trafic de drogue, et culture de cannabis. Dans certains cas, les suspects se sont opposés aux forces de l’ordre lors des descentes des lieux.

« Souvent, les femmes et les enfants sont utilisés par les trafiquants pour compliquer la situation lors des descentes », explique une source proche de l’ADSU. En plusieurs occasions, l’ADSU a dû faire face à des actes de violence lors des descentes dans des quartiers jugés chauds. Au cours d’une opération à Baie-du-Tombeau en avril dernier, des véhicules de la police ont été endommagés, des policiers et une femme ont été blessés. Parmi les suspects arrêtés et soupçonnés d'être mêlés au trafic de drogue dans la région de Baie-du-Tombeau, il y avait des femmes et des mineurs.

Les jeunes débutent avec les cigarettes, puis passent à l’alcool et après le cannabis. 

Une étude réalisée par le ministère de la Jeunesse et des Sports en 2015 révèle qu’un élève sur cinq consomme du cannabis ou de l’héroïne dans les établissements scolaires. Le rapport de Youth Determinants in Mauritius, qui a été financé par les Nations Unies, expose le comportement des jeunes âgés de 15 à 24 ans.

L’étude montre que les garçons sont les plus touchés par les drogues. Ainsi, 16,2 % ont déclaré avoir fumé un joint dans l’enceinte de l’école. Le rapport recommande de mettre l’accent sur des programmes de prévention dans les établissements scolaires et dans les centres communautaires. Il préconise aussi une nouvelle stratégie afin de faire campagne contre la drogue.

Durant ces trois dernières années, la brigade anti-drogue a multiplié les arrestations, qui incluaient femmes et mineurs. Leur nombre ne cesse de croître. Malgré les efforts de différentes organisations, dont l’ADSU, les campagnes de sensibilisation et de prise de conscience, la lutte contre la drogue demeure toujours une priorité.

Imran Dhannoo : « De plus en plus de jeunes viennent se faire désintoxiquer »

Imran Dhannoo.

Le responsable du Centre Dr Idrice Goomany, Imran Dhannoo, est catégorique : de plus en plus de jeunes sont des consommateurs de drogue. « Depuis ces deux dernières années, on a noté que les jeunes qui viennent chez nous pour une cure de désintoxication ont moins de 22 ans. Parfois, ils sont à peine âgés de 18 ans.

Cela indique que certains commencent à consommer de la drogue dès leur plus jeune âge. Ces jeunes débutent avec les cigarettes, puis passent à l’alcool et après le cannabis. Mais il y a aussi les drogues de synthèse », fait ressortir Imran Dhannoo. Et de souligner que l’année dernière, les femmes, qui se trouvaient au Centre Dr Idrice Goomany pour se désintoxiquer, sont actuellement sous traitement de la méthadone.

En ce qui concerne les drogues de synthèse, dira Imran Dhannoo, il y a plusieurs familles dont celle des cannabinoïdes, une substance qui imite le principe actif du cannabis (le tétrahydrocannabinol ou THC). Celle-ci procure une sensation d’euphorie ou de bien-être. « La drogue de synthèse est une imitation du THC, qui se trouve dans le cannabis naturel.

À Maurice, elle est connue sous divers noms : Strawberry, Ce n’est pas bien. En 2013, on connaissait le Black Mamba. Actuellement, le nom le plus commun est ‘Bad dan latet’. » Et le travailleur social d’ajouter que plusieurs personnes qui prennent la méthadone consomment aussi des drogues synthétiques.

46 saisies dans 25 collèges
De 2014 à juin 2016, 46 saisies de drogue ont eu lieu dans 25 collèges du pays. Ce chiffre a été dévoilé devant la commission d’enquête sur la drogue par Ram Prakash Ramlugun, Acting Senior Chief Executive au ministère de l’Éducation. Il a remis les données du ministère au président de la commission, Paul Lam Shang Leen. Les drogues saisies sont le cannabis, les produits de synthèse et de l’héroïne.

De janvier à juin 2016, 17 saisies ont eu lieu dans neuf collèges. Et de janvier 2014 à décembre 2015, le ministère a ouvert une enquête sur 29 cas de drogue dans 15 collèges et une dans un établissement de formation. « La majorité des cas concernent le gandia », avait déclaré Ram Prakash Ramlugun.

Les éléments de l’ADSU ont, eux, arrêté 135 élèves de 2013 à juillet 2016. Et 238 interpellations concernant la drogue synthétique ont été enregistrées.

En 2013, 25 élèves ont été arrêtés dont 22 pour des affaires de gandia. En 2014, il y a eu 38 arrestations dont 33 liées au cannabis, et en 2015, 46 élèves ont été arrêtés dont 32 pour le gandia et 11 la drogue synthétique. De janvier au 10 juillet 2016, 26 élèves ont été appréhendés, dont 20 cas liés au gandia, trois cas pour l’héroïne et trois pour drogue synthétique.

 

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