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Ukraine : Marioupol et le Donbass dans le viseur des forces russes

Les forces russes maintiennent mardi leur pression sur la ville portuaire stratégique de Marioupol, que les soldats ukrainiens tentent désespérément de défendre, et dans l'Est de l'Ukraine où Kiev s'attend sous peu à une offensive majeure.

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La situation à Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruite, faisait l'objet d'informations contradictoires.

"Aujourd'hui sera probablement l'ultime bataille (...) car nos munitions s'épuisent", a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans cette ville du sud-est du pays. "Pendant plus d'un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau", faisant "le possible et l'impossible", a ajouté cette unité, précisant que "la moitié" de ses membres sont blessés.

Le maire-adjoint de la ville Sergueï Orlov a cependant déclaré à la BBC que "les combats pour Marioupol continuent".

"Les Russes ont temporairement occupé une partie de la ville. Les soldats ukrainiens continuent de défendre le centre et le sud de la ville, ainsi que les zones industrielles", a-t-il précisé.

Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaylo Podolyak, "des dizaines de milliers" de personnes y ont péri et "90% des maisons" ont été détruites, a-t-il écrit sur Twitter, ajoutant que "les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués". 

Les Russes assiègent depuis des semaines Marioupol, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le chef des séparatistes prorusses de Donetsk Denis Pouchiline a, lui, affirmé lundi que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de Marioupol. 

Pas de confirmation

Le Royaume-Uni a par ailleurs annoncé qu'il tentait de vérifier des informations sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par les forces russes à Marioupol, après que le régiment ukrainien Azov a affirmé qu'un drone russe y avait largué une "substance toxique" sur des soldats et civils.

"Des informations indiquent que les forces russes pourraient avoir utilisé des agents chimiques lors d'une attaque contre la population de Marioupol. Nous travaillons de toute urgence avec nos partenaires pour vérifier les renseignements", a déclaré lundi soir la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss sur Twitter.

Toute utilisation de ce type d'armes "constituerait une escalade brutale dans ce conflit et nous demanderons des comptes au (président russe Vladimir) Poutine et à son régime", a-t-elle ajouté.

Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, a souligné sur Telegram que "les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées". Tout comme le porte-parole du Pentagone, John Kirby, qui a déclaré lundi soir que Washington avait connaissance d'informations faisant état d'une attaque chimique dans cette ville, mais ne pouvait les confirmer.

"Moment crucial"

Alors que Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s'attendre, à brève échéance, à une importante offensive dans cette région, frontalière de la Russie, et dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

"Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.

A Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé que les forces russes se renforcent autour du Donbass, et notamment près de la ville stratégique d'Izioum.

Des analystes estiment que Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis.

"La bataille pour les régions de Donetsk et Lougansk est un moment crucial de la guerre", a déclaré sur Telegram le chef de cabinet de M. Zelensky, Andriï Yermak. 

"Pour l'Ukraine, c'est l'occasion de priver la Russie de la possibilité de poursuivre son agression en défaisant son armée". "Pour l'Occident, il s'agit également d'une bataille fondamentale, car notre victoire dépend de la rapidité de la prise de décision en matière d'armement", a-t-il ajouté.

"La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites", a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, "le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk".

Sanctions à l'étude

Sur le plan diplomatique, le chancelier autrichien Karl Nehammer, premier responsable européen à se rendre à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, a rencontré lundi le président russe Vladimir Poutine et s'est dit "pessimiste" face à sa "logique de guerre".

"Il ne faut pas se faire d'illusions. Le président Poutine est entré massivement dans une logique de guerre et il agit en conséquence" dans l'espoir d'enregistrer "un succès militaire" rapide, a-t-il ajouté.

A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont commencé lundi à étudier un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne cesse de demander à tous ses interlocuteurs européens "l'adoption de sanctions puissantes". Il réclame un arrêt des achats de pétrole et de gaz et la fourniture d'armes lourdes pour résister à l'offensive annoncée dans la région du Donbass (est).

 AFP

 

 

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