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Ukraine : Moscou frappe une nouvelle usine militaire et met en garde Washington

La Russie a bombardé samedi une nouvelle usine militaire près de Kiev, mettant à exécution sa menace d'intensifier les frappes contre la capitale ukrainienne après avoir perdu le  vaisseau amiral de sa flotte de la mer Noire dans une attaque revendiquée par l'Ukraine.

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L'usine, qui fabrique notamment des tanks, a été visée en matinée par un bombardement à Darnytsky, a constaté un journaliste de l'AFP. Un grand nombre de militaires et de policiers étaient présents sur place, empêchant l'accès au complexe, d'où s'échappait de la fumée.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que la frappe avait "détruit des bâtiments de production d'une usine d'armement à Kiev".

Déjà vendredi, une usine de la région de Kiev fabriquant les missiles antinavires Neptune, avec lesquels les Ukrainiens disent avoir tiré sur le navire Moskva en mer Noire, avait été visée par une frappe russe.

La région de la capitale était relativement épargnée par les bombardements depuis le retrait de l'armée russe de cette zone fin mars.

Mais le naufrage du Moskva, croiseur lance-missiles de 186 mètres de longueur, touché par deux missiles ukrainiens selon le Pentagone, a provoqué la colère de Moscou.

"Le nombre et l'ampleur des frappes de missiles sur des sites de Kiev vont augmenter en réplique à toutes les attaques de type terroriste et aux sabotages effectués en territoire russe par le régime nationaliste de Kiev", a averti vendredi le ministère russe de la Défense.

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a indiqué sur Facebook ne pas avoir dans un premier temps d'informations sur les victimes potentielles de la frappe de samedi matin. Il a une nouvelle fois appelé les habitants partis de la ville à ne pas y revenir, mais à rester dans un "endroit sûr".

La Russie "ne pardonnera pas"

La Russie n'a pas officiellement reconnu que le fleuron de sa flotte de la mer Noire avait été coulé par des missiles ukrainiens, comme l'a revendiqué Kiev et l'estime le Pentagone.

"Nous sommes parfaitement conscients qu'on ne nous pardonnera pas" la destruction du Moskva et donc ce coup porté aux "ambitions impériales" de Moscou, avait affirmé vendredi la porte-parole du commandement militaire du sud de l'Ukraine, Natalia Goumeniouk.

La perte du Moskva est importante car il "assurait la couverture aérienne des autres vaisseaux pendant leurs opérations, notamment le bombardement de la côte et les manoeuvres de débarquement", selon le porte-parole de l'administration militaire régionale d'Odessa Sergueï Bratchouk.

Kiev redoute une attaque nucléaire

Alors que la guerre, qui en est à son 52ème jour, ne semble pas faiblir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé vendredi que "le monde entier" devrait être "inquiet" du risque que son homologue russe Vladimir Poutine, acculé par ses revers militaires en Ukraine, ait recours à une arme nucléaire tactique.

Il faisait écho aux déclarations en ce sens du patron du renseignement extérieur américain William Burns qui avait estimé la veille qu'il ne fallait pas "prendre à la légère" une telle menace.

Dans une interview à la chaîne CNN, il a affirmé que "tous les pays doivent être inquiets".

Selon M. Zelensky, environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens sont morts au cours de la guerre, alors que la Russie déplorerait d'après lui 19.000 à 20.000 victimes. Le président ukrainien a ajouté qu'environ 10.000 soldats ukrainiens ont été blessés et qu'il est "difficile de dire combien d'entre eux survivront."

Dans un message vidéo, M. Zelensky a par ailleurs renouvelé son appel à l'adresse des Occidentaux pour augmenter leur aide militaire.

Lors d'un échange téléphonique avec le chef d'état-major des armées américaines Mark Milley, son homologue ukrainien Valery Zaluzhny a lui aussi insisté sur le besoin impérieux en armes et en munitions pour renforcer les capacités de défense de l'Ukraine.

Mais selon le Washington Post, la Russie a adressé cette semaine aux Etats-Unis une plainte formelle avertissant le gouvernement américain de "conséquences imprévisibles" si son aide militaire à l'Ukraine continuait d'augmenter.

Dans une note diplomatique, Moscou met en garde Washington et l'Otan contre l'envoi d'armes "plus sensibles" à l'Ukraine, jugeant que de tels équipements militaires mettaient de l'"huile sur le feu" et pourraient provoquer des "conséquences imprévisibles", a rapporté le Washington Post.

Dans ce contexte, Berlin a annoncé vendredi être prêt à débloquer plus d'un milliard d'euros d'aide militaire en faveur de l'Ukraine.

Le gouvernement allemand cherche ainsi à répondre aux critiques croissantes des autorités ukrainiennes, mais aussi de certains de ses partenaires de l'Union européenne concernant son manque apparent de soutien en matière d'armement à Kiev, voire sa complaisance à l'égard de Moscou.

Accusations russes

Dans le nord-est de l'Ukraine, dix personnes ont été tuées, dont un nourrisson de sept mois, et 35 autres blessées dans des tirs russes sur des bus évacuant des habitants de la région de Kharkiv (nord-est) vendredi, selon les autorités locales.

Les habitants ne peuvent que "prier pour que les bombes ne (leur) tombent pas dessus", a affirmé à l'AFP Serguiï Belov, 40 ans, qui a échappé de justesse à un bombardement à Kharkiv, presque quotidiennement pilonnée.

Un responsable du Centre national russe de Défense, Mikhail Mizintsev, a affirmé dans un communiqué que les autorités de Kiev préparaient une "nouvelle monstrueuse provocation" afin d'accuser les forces armées russes d'avoir commis des crimes de guerre.

Selon lui, les troupes ukrainiennes se préparent à frapper avec un missile Tochka-U des civils rassemblés à la gare de Lozova, pour fuir les combats de la région de Kharkiv.

Moscou a rejeté à plusieurs reprises sur Kiev la responsabilité de frappes meurtrières contre des civils ukrainiens comme à Kramatorsk ou à Marioupol.

Frappes dans le Donbass

Dans la plus grande région du Donbass, celle de Donetsk, où "des combats se déroulent sur toute la ligne de front", trois personnes ont été tuées et sept blessées, a déclaré vendredi la présidence ukrainienne.

L'autre région de ce bassin minier, celle de Lougansk, a quant à elle été le théâtre de 24 bombardements qui ont fait deux morts et deux blessés, selon la même source.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le maire de la ville d'Aleksandria, à environ 300 km au sud-est de Kiev, a indiqué sur Facebook qu'un missile russe avait frappé l'aéroport de sa ville. Il a précisé que les équipes de secours étaient à l'oeuvre mais sans faire dans l'immédiat état de victimes.

Plus de cinq millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

"La guerre est partout", a déploré vendredi sur la Rai, radiotélévision publique italienne, le pape François, qui avait demandé en vain une trêve pascale en Ukraine.

AFP

 

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