Un des maillons forts du réseau Veeren : le fournisseur de 2 000 cartes SIM arrêté par l’Icac

Michaël Laval Pitchee (41 ans) soupçonné d’avoir fait l’acquisition de pas moins de 2 000 cartes SIM pour le compte du réseau de Peroomal Veeren, a été arrêté par l’Independent Commission Against Corruption dans la journée du vendredi 23 février. Il serait un maillon fort du réseau.

Il est soupçonné d’être l’un des maillons forts du réseau de Peroomal Veeren. Son rôle : fournir des cartes SIM aux proches des hommes de mains du caïd, en utilisant des travailleurs bangladais. Bilan de l’opération : 22 cellulaires, 40 cartes SIM et une photo du suspect avec une arme à feu, ont été saisis. Plusieurs documents ont également été confisqués par l'Icac. Le suspect sera traduit devant la justice à l’issue de son interrogatoire.

Michaël Laval Pitchee, 41 ans et habitant La-Tour-Koënig, est soupçonné par la commision anticorruption d’avoir fourni et géré les téléphones portables et des cartes SIM, utilisés par le réseau de Peroomal Veeren, de 2015 à  ce jour.

Se fondant sur des mouvements des éléments de la Special Support Unit (SSU) et de la Dog Section Unit aux  Casernes centrales, le Défi Media Group a pu suivre les opérations des enquêteurs de  l’Icac, à

Pointe-aux-Sables, dans l’après-midi du vendredi 23 février.

Depuis plusieurs semaines, les enquêteurs s’affairaient à effectuer des recoupements et des analyses. Ils ont recherché des Disclosure Orders, à savoir des détails entourant des transactions financières des individus. Initiatives, qui ont permis de remonter à  Michael Laval Pitchee.  L’enquête a permis à l’Icac d’établir que le suspect se chargeait de fournir les cartes SIM aux différents membres du réseau de Peroomal Veeren. 

Michaël Laval Pitchee avait noté les noms des personnes qui utilisaient ces cartes SIM et aux côtés de leurs numéros respectifs, dans des documents saisis à son domicile. « Presque tous les membres du réseau utilisaient des cartes SIM enregistrées aux noms d'ouvriers bangladais », nous affirment nos sources proches de l’enquête au Réduit Triangle. Ainsi, l’Icac a confirmé la thèse que des ouvriers bangladais auraient été utilisés en tant que prête-noms pour permettre à Michaël Laval Pitchee de faire l’acquisition de plus de  2 000 cartes SIM ces dernières années.

Dans le cadre de cette enquête, la commission anticorruption a interrogé environ 25 ouvriers bangladais. Ces derniers ont expliqué n’avoir jamais acheté de cartes SIM, encore moins des cellulaires. Ainsi, les enquêteurs ont compris que les identités de ces travailleurs étrangers avaient été frauduleusement utilisées par des malfrats pour ces acquisitions. Les hommes de Navin Beekarry ont également enclenché des procédures en vue d’obtenir des Disclosure Orders. Cela concerne les différents fournisseurs d’Internet ISP (Internet Service Provider). Une liste a été établie après une étude forensic et l’Icac a conclu que toute les cartes SIM avaient été vendues par un seul détaillant.

Interpellé, ce revendeur a expliqué qu’entre 2015 et 2018, il aurait vendu pas moins de 2 000 cartes SIM au suspect. L’Icac n’écarte pas la possibilité que l’habitant de La-Tour-Koenig fournissait des cartes SIM à d’autres réseaux impliqués dans des activités illicites.

Au cours des perquisitions, 22 téléphones portables et 40 cartes SIM, dont certains jamais uilisés jusqu’ici, ont aussi été récupérés par les enquêteurs. Des documents avec des manuscrits comprenant des noms fictifs des personnes soupçonnées d’être membres du réseau de  Peroomal Veeren ont aussi été confisqués. Ces noms sont similaires à ceux figurant dans le fameux Carnet Laboutik.Parmi, celui de « Mamé » a été retrouvé et un document portant sur un transfert de Rs 2 millions. Toutes ces pièces à conviction seront analysées par la Forensic Team de la commission anticorruption.

Un lien avec la bande à Kistnah

Michaël Laval Pitchee est considéré comme celui responsable de faire la liaison entre le caïd Peeroomal Veeren et ses acolytes. Il aurait été recruté par le réseau de Peroomal Veeren pour fournir des SIM aux membres du réseau. En août 2017, la commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, avait auditionné Kailash Harkoo, un comptable, qui avait 28 000 cartes SIM enregistrées à son nom.

Quatre de ces cartes avaient été utilisées pour communiquer avec des prisonniers, dont le trafiquant Peroomal Veeren. Dans le passé, le dénommé Kailash a déjà eu des démêlés avec la justice. Sa voisine avait porté plainte contre lui pour des soucis liés à des gros bolides.

Au cours de la perquisition, l’Icac a pu mettre la main sur plusieurs documents concernant l'assurance de véhicules. Sur l’un d’eux, figurait le nom de Manish Seewoochurn, un des suspects dans l’affaire Kistnah.

Une opération musclée

Après un exercice de terrain minutieusement mené, la commission anticorruption a décidé de passer à l’action dans l’après-midi du vendredi 23 février. Une dizaine de véhicules de différentes unités se sont dirigés au bloc Hirondelle où réside Michaël Laval Pitchee. Déjà appréhendé par l’Icac, il a indiqué les enquêteurs où se trouvait son appartement. Alors qu’une dizaine d’officiers ont pénétré à l’intérieur, vers 16 h 15, des éléments de la brigade anti-émeute ont encerclé l’entrée du bloc Hirondelle. Munis de matraques, d’armes à feu, ils contrôlaient l’accès. Ceux du poste de police et de la DSU restaient sur leurs gardes. Objectif : éviter toute protestation de la part des habitants de la localité. L’arrivée des policiers a attiré les badauds qui se sont massés en nombre aux alentours.

Ensuite, direction Pointe-aux-Sables. Après avoir menti aux officiers à deux reprises sur son adresse, Michaël Laval Pitchee a fini par indiquer la bonne. C’est rue Latana, à Morcellement Rey que la seconde perquisition a eu lieu vers 18 h 05.

Des éléments de la SSU étaient chargés de bloquer cette route, tandis que les hommes de l’Icac fouillaient de fond en comble la maison et la cour. Des habitants ont bravé la pluie pour assister à cette scène. La perquisition a pris fin vers 18 h 45 et divers documents ont été saisis.
Les enquêteurs ont également saisi une moto de 250 CC. L’engin  a été transporté au quartier général de l’Icac, à Réduit.