Une semaine d’agitation politique marquée par les députés Soodhun et Rampertab

Soodhun et Rampertab

Si les prises de position et déclarations de Showkutally Soodhun ont été sans conséquence depuis 2014, ses propos à relents communautaires tenus en juillet lui ont, cette fois, valu une lourde sanction. Par la même occasion, ils ont failli coûter cher au gouvernement.

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Avoir Showkutally Soodhun dans son camp peut être un couteau à double tranchant. Ce n’est certainement pas son leader, Pravind Jugnauth, qui dira le contraire. Si l’ancien no 4 du gouvernement, peut par moments, être capable du meilleur - notamment en venant en aide aux squatters ou en gérant certains dossiers tels que celui du hadj -, il est aussi capable du pire lorsqu’il s’exprime. Si jusqu’à présent ses prises de position et déclarations controversées sont restées impunies, ses déclarations à relents communautaires, tenues en juillet dernier à son ministère et rendues publiques début novembre, ont provoqué des secousses politiques.

C’est deux jours après l’éclatement de l’affaire que le chef du gouvernement est passé à l’offensive. Dans une conférence de presse au Bâtiment du Trésor, il a affirmé que « c’est d’un commun accord que Showkutally Soodhun a décidé de démissionner du poste de vice-Premier ministre et comme ministre du Logement et des Terres ».

Si cette décision est généralement bien accueillie par l’opinion publique, le gouvernement ne tarde pas à se retrouver au cœur d’une nouvelle crise. Le remaniement effectué par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, après le départ de Showkutally Soodhun provoque des grincements de dents. Roubina Jadoo-Jaunbocus, qui occupait jusqu’alors le poste de Parliamentary Private Secretary (PPS), est nommée ministre de l’égalité des genres. Sa collègue, Fazila Jeewa-Daureeawoo, elle, est promue au rang de no 4 et obtient le titre de vice-Première ministre.

C’est le PPS Raj Rampertab qui est le premier à monter au créneau. L’élu du Mouvement socialiste militant (MSM) menace de provoquer une partielle dans la circonscription no 9 (Flacq/Bon-Accueil). Mécontent de n’avoir pas été élevé au rang de ministre, il déclare : « Si mo bizin rann mo tiket, sa osi mo pre pou fer li ». Il dit aussi déplorer le fait de n’avoir pu rencontrer le chef du gouvernement. Le député de la circonscription no 6 (Grand-Baie/Poudre d’Or), Sangeet Fowdar, s’invite aussi à la controverse. Selon lui, « il aurait été préférable d’attendre les conclusions de la commission d’enquête sur la drogue avant de nommer Roubina Jadoo-Jaunboccus ministre ».

Le député Showkutally Soodhun a fait reparler de lui en confiant à ses proches qu’il envisageait sérieusement de démissionner comme député de la circonscription no 15 (La Caverne/Phœnix). Vexé qu’on lui ait déjà trouvé un remplaçant au front bench, avant même la conclusion de l’enquête policière à son sujet, il a tenté de rallier d’autres députés à sa cause. Toutefois, le gouvernement ne semble pas faire grand cas de ces diverses agitations. Au Prime Minister’s Office (PMO), on se dit « serein », car on estime la situation « contrôlable ».

Les choses sont rentrés en effet dans l’ordre, car le Premier ministre a décidé d’accorder un entretien au PPS Raj Rampertab. Ce dernier est retourné dans les rangs, affirmant n’avoir aucune raison de partir. « Nous sommes venus ici pour travailler », a-t-il soutenu. Puis, c’était au tour de Showkutally Soodhun de se rétracter et d’affirmer qu’il restait député du MSM. « Je ne suis pas un lâche. Je dois rester député pour prouver mon innocence », a-t-il déclaré sur les ondes de Radio-Plus. Il a même juré fidélité à Pravind Jugnauth. « Je suis aux côtés de Pravind Jugnauth, car c’est une personne honnête et sincère, comme son papa… »

Après une semaine entière d’agitation politique, aucun nouveau remue-ménage n’est à prévoir. Du moins pas dans l’immédiat.

 

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