Interview

Yogeandranath Antoo: «Je ne suis pas un nominé politique»

Yogeandranath Antoo
Yogeandranath Antoo, l’un des rares rescapés de l’ancien régime et Chief Administrator de la National Empowerment Foundation (NEF) se défend d’être un nominé politique. Il estime que la continuité est primordiale pour la stabilité des institutions.
Votre « packing » est-il complété? Packing ? Pourquoi, je ne comprends pas, est-ce que je pars quelque part ? Il semblerait que vos jours sont comptés à la National Empowerment Foundation. Est-ce exact ? Comme vous le voyez, je suis à mon bureau et je travaille. Pour moi, à l’heure où l’on se parle, c’est business as usual. Il n’est nullement question de ‘packing’. Vous êtes tout de même l’un des rares rescapés de l’ancien régime toujours en poste dans une organisation qui est sous la tutelle d’un ministère... Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai été recruté par le board de la NEF. Je dis bien : ‘recruté’. Je ne suis pas un nominé politique. Il y a une différence entre nomination et recrutement. Je suis passé par tout un processus de recrutement, y compris par un entretien. Le choix d’un nominé politique est avalisé par le conseil des ministres. Dans mon cas, cela n’a pas été ainsi. Si la nécessité de ‘packing’ s’imposait, il reviendrait au conseil d’administration de prendre cette décision et de m’en informer.
[panel contents="Nommé Chief Administrator de la NEF en 2012, Yogeandranath Antoo est titulaire d’une licence en sciences sociales, d’un diplôme d’études supérieures en gestion de l’investissement et en finance et d’une maîtrise en économie de l’Université de Pune, en Inde. Il est aussi titulaire d’un Master niveau 2, dont un MBA de l’IAE de Paris / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et l’Université Paris Dauphine, France. Avant son recrutement à la NEF, il a été consultant au ministère des Finances et auprès du PNUD. Sa principale mission à la NEF : exécuter et mettre en œuvre des programmes pour aider les familles vulnérables." label="Bio data" style="info" custom_class=""]
Êtes-vous à l’aise à votre poste ? Bien sûr. J’ai le soutien total du nouveau chairman, M. Seesunkur. Nous travaillons de concert. Je suis un professionnel avant tout, et je fonctionne comme tel. Pour le moment donc, j’y suis, j’y reste. Et si demain le board décidait de se passer de vos services? Qu’à cela ne tienne. Je partirai sans amertume, avec un pincement au cœur. Cela dit, la NEF est une institution privée enregistrée sous la Companies Act. En tant que tel, le board est souverain et je bénéficie d’un contrat à durée indéterminée et j’ai complété deux ans consécutifs au poste de Chief Administrator. Vous êtes posté à la NEF depuis 2012. Votre bilan? Le bilan est plus qu’honorable. Nous ne sommes pas des supers héros, mais nous avons quand même accompli beaucoup de choses. Quand je suis arrivé en 2012, j’ai dû tout recommencer à zéro, mettre en place une équipe. Avant cela, la machinerie roulait avec un personnel détaché de la Fonction publique. Après une durée déterminée, ils repartaient vers leurs départements respectifs. Il n’y avait ni continuité ni suivi adéquat. Ma première tâche a été de combler cette lacune. Cela m’a pris quelques mois. Une fois la structure mise en place et consolidée, le véritable travail a commencé. Depuis fin 2012 à ce jour, la NEF a construit 725 logements sociaux.
Des logements genre ‘bwat zalimet’… Je ne veux pas polémiquer sur cette question. Il faut être réaliste. Pour quelqu’un qui n’a rien et à qui on offre une maison de 31,5m2, c’est tout de même quelque chose. It’s better to have something than nothing. Prétendre à un logement décent est un droit humain. Au départ, nous offrons un logement qui, par la suite, devient un foyer. C’est synonyme de sécurité pour la famille. Donc ‘bwat zalimet’ ou pas, ces maisons représentent beaucoup pour leurs bénéficiaires. Nous apprenons que le gouvernement veut revoir ce Housing Scheme. Est-ce le cas ? C’est exact. La superficie passera à 40m2 ou 50 m2. Nous travaillons dessus. Cela dépend de la superficie du terrain dont disposent les bénéficiaires. De plus, le toit ne sera plus en tôle, mais en béton, afin de permettre aux futurs bénéficiaires de construire en hauteur plus tard.
[blockquote]« Prétendre à un logement décent est un droit humain. Donc ‘bwat zalimet’ ou pas, ces maisons représentent beaucoup pour leurs bénéficiaires »[/blockquote]
Outre la construction de logements sociaux, quelles sont vos autres réalisations? Nous avons considérablement réduit le programme ‘tol dibois’ qui concernait des abris temporaires. Or, notre mission doit s’inscrire dans la durée. Nous avons aidé 225 familles à améliorer les infrastructures de leurs logements. Nous avons aidé et aiderons des centaines d’enfants en leur procurant du matériel scolaire. Nous avons placé et formé des milliers de personnes à Maurice et Rodrigues. Nous avons dispensé des formations en ‘Life skills’ aux adultes et aux enfants, sans oublier le projet de ‘School Feeding’ pour nos bénéficiaires. Nous sommes aussi engagés dans des projets de prévention contre l’abus des drogues ; le screening médical et des projets générateurs de revenus. Justement, quelle est votre clientèle? Sont éligibles à une aide de la NEF, les familles dont le revenu mensuel ne dépasse pas Rs 6 200. À partir de cette année, les bénéficiaires potentiels doivent être obligatoirement éligibles selon les critères du ministère de la Sécurité sociale. La NEF ne dispose-t-elle pas d’une base de données qui lui est propre ? Si, sauf que la NEF ne dispose pas d’une gestion de système d’information (MIS) pour mieux gérer ses projets et le suivi de ses bénéficiaires. Quelle est votre définition de la pauvreté? À la NEF, sont considérées comme pauvres les familles dont le revenu mensuel ne dépasse pas Rs 6 200 et qui sont éligibles sous le registre social. La NEF assiste des familles vulnérables. Comment faire pour qu’elles ne soient pas ‘accro’ à l’assistanat? À travers l’’empowerment’. La NEF ne fait pas de l’assistanat. Toutefois, il est inévitable que certains veuillent tout avoir sans le moindre effort. Quels sont vos projets futurs? Je voudrais assurer le suivi des familles que nous avons aidées. Un genre de ‘case to case management’ pour voir si elles ont progressé grâce à notre aide. C’est un projet qui me tient à cœur. Pour cela il faudrait que vous restiez en poste! Oui, si l’on veut... J’ai partagé cette idée avec les experts du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). J’espère qu’ils en tiendront compte. La continuité est primordiale pour la stabilité des institutions. Où se situe la NEF par rapport au projet Love Bridge? Les deux institutions devront travailler ensemble. D’ailleurs, le ministre des Finances, Vishnu Lutcmeenaraidoo, l’a bien fait ressortir au Parlement : les bénéficiaires seront identifiés par la NEF.
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