Live News

99 morts sur nos routes : comment freiner l’hécatombe ?

Publicité

Face au nombre d’accidents qui ne cesse d’augmenter, comment briser ce cercle vicieux ? Quelles actions concrètes les autorités ont-elles mises en place pour assurer la sécurité routière ? Comment sensibiliser efficacement les jeunes aux risques de la route ? Autant de questions qui ont été abordées par Priscilla Sadien et ses invités lors de l’émission thématique « Explik Ou Ka » diffusée le 17 août dernier. 

Divers invités ont participé à l’émission dont le thème était « 99 morts sur nos routes : comment freiner l’hécatombe ? ». Ce sont l’Assistant-commissaire de police, Mukhtar Taujoo,  l’Assistant-surintendant de police, Bijaye Rambhursy de la Traffic Branch et Jaysingh Aukhez, ingénieur principal à la Traffic Management and Road Safety Unit. Eric Salmine, membre du comité de gestion de l’Insurance Industry Compensation Fund, est intervenu au téléphone.

Le constat est alarmant : 99 vies fauchées sur nos routes depuis le début de 2023. Un chiffre en nette hausse par rapport aux 61 décès recensés en 2022, soit 38 morts de plus. Les piétons en subissent le plus lourd tribut, avec un total de 34 victimes, tandis que les motocyclistes les suivent de près avec 30 vies brisées, selon des chiffres comptabilisés jusqu’au 17 août dernier. 


DCP Mukhtar Taujoo : « Tout est mis en œuvre pour appliquer les lois »

Le Deputy Commissioner of Police, Mukhtar Taujoo.
Le Deputy Commissioner of Police, Mukhtar Taujoo.

L’escalade inquiétante des accidents préoccupe grandement les forces de l’ordre, car elles sont les premières à être confrontées aux conséquences dévastatrices. Les policiers sont témoins de la douleur engendrée par ces accidents. Par le biais du Traffic Branch et sous la vigilance du Commissaire de police, nous investissons des ressources considérables pour assurer une stricte application des lois et renforcer la sensibilisation des usagers de la route. 

Malheureusement, réduire le risque d’accident pour les deux-roues est très complexe. Qu’ils soient fautifs ou victimes, les données démontrent que les motocyclistes sont plus exposés au danger de blessures graves, voire mortelles, en cas d’accident. Sur les instructions du Commissaire de police, des observations sont menées depuis des points en surplomb, notamment depuis les passerelles, dans le but de repérer les motocyclistes qui adoptent une conduite risquée. Les motards de la police interviennent ensuite pour prendre des mesures à leur encontre. Cela concerne aussi tous les autres types de véhicules.


ASP Bijaye Rambhursy : « Retracer les auteurs des délits de fuite »

L’Assistant Surintendant de Police, Bijaye Rambhursy de la Traffic Branch.
L’Assistant Surintendant de Police, Bijaye Rambhursy de la Traffic Branch.

D’après la liste des victimes enregistrées, 34 piétons ont perdu la vie dans des accidents routiers cette année, avec une majorité de personnes âgées parmi eux. Le nombre de victimes parmi les usagers de deux-roues s’élève à 37, atteignant ainsi son pic le plus élevé, ce qui expose à un risque considérable pour ces véhicules. En ce qui concerne les délits de fuite, il est souvent possible de retracer les auteurs grâce aux caméras de surveillance de Safe City. Ces caméras permettent de suivre en amont les circonstances des accidents sur les lieux ou à proximité, et le public contribue également à cette recherche. Quant aux caméras elles-mêmes, la majorité d’entre elles sont opérationnelles et une équipe de maintenance veille à leur entretien régulier.

 


Jaysingh Aukhez : « Chaque décès est un décès de trop »

Au sein du ministère des Transports, nous partageons le même avis que les représentants de la force policière. Nous sommes aussi inquiets par augmentation alarmante des décès et des blessés graves dans les accidents. D’ailleurs, la National Road Safety Commission, présidée par le Premier ministre Pravind Jugnauth, s’est tenue récemment. 

Jaysingh Aukhez, Lead Engineer à la Traffic Management And Road Safety Unit.
Jaysingh Aukhez, Lead Engineer à la Traffic Management And Road Safety Unit.
accidents-info

Intensification des vérifications de routine

Contraventions

Dans le but de réduire les risques d’accident et de promouvoir une conduite responsable sur nos routes, les équipes de police intensifieront leur présence sur les voies publiques. Sous la direction du Commissaire de police lui-même, des opérations variées, sans horaires fixes, sont en cours depuis plusieurs semaines. À travers l’île, plusieurs unités et divisions de la police sont mobilisées pour mener à bien ces vérifications. L’objectif est de susciter un changement comportemental chez les usagers de la route en les amenant à prendre conscience de la présence policière pratiquement omniprésente sur les routes, afin d’encourager une conduite plus sûre. 

Contraventions-info

 


Eric Salmine : « Il est impératif que la victime déclare l’accident au poste de police »

Eric Salmine, membre du Managing Comitee IICF.
Eric Salmine, membre du Managing Comitee IICF.

Conformément aux dispositions légales, les articles 88 et 92 de la loi sur l’assurance ont été modifiés pour permettre aux victimes d’accidents de délit de fuite d’obtenir des compensations. Pour indemniser une victime, deux éléments sont essentiels : d’abord, l’IICF (Insurance Industry Compensation Fund) doit avoir en sa possession le rapport médical de la victime, ainsi que le rapport de police. Ce dernier est crucial pour établir l’éligibilité de la victime au fonds spécial pour les accidents de délit de fuite. Il est impératif que la victime déclare l’accident au poste de police. Par la suite, l’IICF prendra contact avec le Divisional Commander de la région pour obtenir un rapport de police. Le cas sera ensuite soumis au comité technique pour l’évaluation et la détermination des critères d’éligibilité.

En outre, il est important de noter qu’il y a un délai pour signaler un cas à l’IICF selon la loi, soit de deux ans à compter de la date de l’accident. Parallèlement, les forces de police ont une fenêtre de trois mois pour mener leur enquête et identifier l’auteur du délit. Au cours des sept dernières années d’activité, l’IICF a versé 8,5 millions de roupies (chiffres d’avril 2023) pour indemniser les victimes d’accidents de délit de fuite.

Initialement, les montants d’indemnisation pour les patients externes (out-patients) étaient fixés à Rs 25 000 et  Rs 50 000 pour les patients hospitalisés (in-patients). Maintenant, elles sont de Rs 100 000 et Rs 200 000 respectivement. Pour information, les patients externes sont ceux qui reçoivent des soins et rentrent chez eux le même jour, tandis que les patients hospitalisés nécessitent des traitements plus approfondis et des interventions médicales. 

En cas de décès, la compensation peut atteindre jusqu’à Rs 750 000 et cette somme devrait bientôt être révisée à la hausse pour atteindre Rs 1,5 million. Il convient de souligner que les montants d’indemnisation fluctuent en accord avec le degré d’incapacité de la personne, évalué par un comité médical en fonction de la gravité de la situation. Une révision plus importante des montants est en cours pour mieux répondre aux besoins des victimes.

Que risquent les contrevenants ?

Les conduites sous l’influence de l’alcool

Si un conducteur prend le volant sous l’influence de l’alcool ou de drogues, lors d’une première infraction, il se verra infliger une amende minimale de Rs 20 000, avec une éventuelle augmentation jusqu’à Rs 50 000, ainsi qu’une peine d’emprisonnement maximale de 5 ans. De plus, sa licence de conduire sera suspendue pour une durée déterminée. En cas de récidive, lors d’une deuxième infraction, le contrevenant sera passible d’une amende allant de Rs 50 000 à 75 000, et son permis de conduire sera révoqué. Après la période de disqualification, le conducteur devra repasser l’examen pour obtenir un nouveau permis de conduire. De plus, une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 8 ans pourra être prononcée, avec une durée minimale de 12 mois.

Les sanctions pour les excès de vitesse :

  1. Excès allant jusqu’à 15 km/h de plus que la limite autorisée : les contrevenants encourent une pénalité fixe de Rs 2 000.
  2. Excès de vitesse de plus de 15 km/h, mais en dessous de 25 km/h de plus que la limite : les conducteurs risquent une pénalité fixe de Rs 5 000.
  3. Au-delà de 25 km/h de plus que la vitesse autorisée, le conducteur devra s’acquitter d’une amende de Rs 10 000. À savoir que les deux offenses de plus de 15 et 25 km/h forment partie du Cumulative Road Traffic Offenses System.

La Cumulative Road Traffic Offenses System, est-elle plus efficace que le permis à points ?

Ce système percutant vise à éliminer de la circulation les conducteurs auteurs d’infractions graves qui mettent en péril la vie d’autres usagers de la route. Si un conducteur enfreint cinq lois du système cumulatif des infractions routières au cours de deux années, une procédure s’enclenche, l’amenant devant le tribunal où le magistrat prononcera une sanction pour une période déterminée. 

Récemment, le ministère des Transports a modifié cette loi, prévoyant qu’une suspension de permis sera désormais appliquée lorsque quatre infractions sont commises dans une période de 24 mois. Cette loi entrera en vigueur incessamment, renforçant ainsi la fermeté des mesures prises. 


Questions et réflexions des auditeurs

Issack – Terre-Rouge

Q. Je roule à motocyclette depuis plusieurs années avec un « learner » et je n’ai jamais été impliqué dans un accident. Je remarque qu’il y a de nombreux conducteurs qui ne respectent pas les règles de la route, une situation qui échappe au contrôle des policiers. Certains de ces derniers semblent avoir des difficultés pour communiquer avec les automobilistes.
R. Nous encourageons vivement les policiers à adopter une conduite exemplaire et à communiquer efficacement avec les conducteurs. D’ailleurs, cette directive leur est régulièrement rappelée.

Devanand – Quatre-Bornes

Q. Certaines motos altèrent leurs tuyaux d’échappement dans la région, causant des perturbations et des nuisances au voisinage.
R. 124 amendes ont été émises jusqu’à présent pour modifications illégales des pots d’échappement et de leur non-conformité aux normes. Nous transmettrons ces informations au poste de police local afin qu’ils puissent prendre les mesures nécessaires.

Raj – Vacoas

Q. A-t-on observé des effets positifs depuis l’abolition du système de permis à points ? Ne serait-il pas essentiel de faire une comparaison pour déterminer si sa réintroduction est justifiée ou non ?
R. Il a été constaté que depuis la suppression du système de permis à points, le nombre de décès a diminué sur nos routes. Il est important de noter que le Cumulative Road Traffic Offenses System poursuit le même objectif que le permis à points, à savoir écarter des individus présentant un danger sur les routes. Jusqu’à présent, 179 conducteurs ont été sanctionnés, et 225 autres doivent comparaître en cour, où ils seront également disqualifiés.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !