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Abri de fortune : quand le toit n’est pas un luxe

Abri de fortune
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Par ce temps d’hiver, tout le monde n’a malheureusement pas la chance d’être au chaud chez soi. Un incendie, la précarité ou un autre triste évènement les ont conduits à cette situation. Leur histoire doit se savoir…

Quand le malheur décide de frapper, il ne choisit pas sa victime et ce n’est pas Mario Empeigne qui pourra dire le contraire. Ce fonctionnaire de 55 ans dort sur un terrain de football à Roches-Bois depuis plusieurs mois. En ce temps d’hiver, le froid est difficile à supporter. « Ma maison a été détruite lors d’un cyclone au mois de janvier. J’habitais auparavant dans une maison en tôle à Ste-Croix. »

Mario Empeigne vit à la belle étoile  depuis huit mois.
Mario Empeigne vit à la belle étoile depuis huit mois.

Mario est père célibataire et ses enfants habitent à Rodrigues. Il explique avec tristesse qu’il ne peut leur demander de venir lui rendre visite n’ayant lui-même pas de maison pour les accueillir.

Il explique qu’il n’est pas éligible aux aides pour logements sociaux à cause de ses revenus. « Il est vrai que je bénéficie du salaire minimum mais cet argent est à peine suffisant pour que je puisse joindre les deux bouts en ce qui concerne les dépenses pour moi comme pour la famille. Je suis donc condamné à rester dans la rue. » Sauf que Mario peut compter sur la solidarité mauricienne. Il veut reconstruire sa maison et aujourd’hui c’est avec l’aide et la générosité des Mauriciens qu’il peut compter.

Comme lui, de nombreuses personnes attendent de pouvoir obtenir une maison. Entre-temps, si elles ne sont pas dans la rue, elles habitent tant bien que mal dans leurs abris de fortune, en attendant patiemment que la roue tourne pour un meilleur lendemain…

Le Social Housing Scheme de la NEF

Les personnes qui bénéficient de l’aide de la part de la NEF sont celles enregistrées sous le Social Register of Mauritius (SRM), nous explique Clifford Vellien, responsable de communication de l’organisme. Toute personne qui ne s’est donc pas encore inscrite peut toujours le faire auprès d’un bureau de la Sécurité sociale. Un rapport social sera alors établi pour déterminer les critères d’éligibilité du demandeur.

Sous le Social Housing Scheme, le bénéficiaire doit disposer d’un lopin de terre qui est à son nom. Il rappelle que toute personne qui n’a pas de terrain peut aussi faire une demande auprès du ministère des Terres et du Logement. « Elle pourra alors bénéficier d’un terrain à bail et par la suite la NEF pourra l’aider à construire une maison. » Les maisons qui sont construites sont aujourd’hui entièrement en béton. Elles sont d’une superficie de 50 mètres carrés.

Parmi les critères d’éligibilité :

  • Le propriétaire doit posséder un terrain en son nom. À noter que la NEF n’accepte plus une autorisation d’une tierce personne pour utiliser un terrain pour la construction d’une maison pour un autre bénéficiaire
  • Le contrat de la personne doit être signé par un notaire.
  • Les revenus du bénéficiaire ne doivent pas dépasser la somme de Rs 9 520.

383 maisons construites par la NHDC en 2018

C’est un chiffre qui fait des mécontents auprès de ceux qui attendent depuis des années de pouvoir bénéficier d’une maison de la NHDC.

De 2015 à 2020, la National Housing Development Company (NHDC) a prévu de construire 5 831 maisons, dites des logements sociaux. 201 maisons ont été construites en 2015, 910 en 2016, 350 en 2017, 383 en 2018 et 1336 maisons seront construites en 2019. C’est en 2020 que le plus grand nombre de maisons seront construites, soit 5 284. Ce qui fait un total de 8 531 pour cette période.

À savoir que 10% des maisons construites sont réservées à la National Empowerment Foundation. Elles sont allouées par cet organisme selon ses critères. Ce sont les personnes enregistrées sur le Social Register of Mauritius (SRM) qui peuvent en bénéficier.

Pourquoi donc cette longue attente ? Une enquête a été menée au sein de la NHDC pour savoir pourquoi certains demandeurs attendent depuis 15 ans. C’est ce que nous a affirmé le CEO de la NHDC Gilles L’Entêté. Selon lui, deux principales raisons ont été évoquées : « Le désir des personnes d’habiter dans la région où elles résident actuellement. Malheureusement nous ne pouvons pas construire toutes ces maisons dans des régions spécifiques et lorsque des maisons sont allouées à des personnes, certaines demandent à changer de région. Cela prend donc plus de temps. »

 « Il y a un gros backlog à rattraper. Ces personnes attendent depuis des années. Il est difficile de répondre immédiatement à tout le monde.  Puis, d’autres problèmes administratifs sont souvent relevés : le manque de documents que la personne doit soumettre. »


Ils vivent à cinq personnes dans une pièce en tôle - Hervé : « On dort à même le sol »

C’est parce qu’il est malade qu’Hervé, 58 ans, peine à subvenir aux besoins de sa famille.
C’est parce qu’il est malade qu’Hervé, 58 ans, peine à subvenir aux besoins de sa famille.

Hervé St Mart, 58 ans, et Priscilla, âgée de 29 ans, n’ont pu se reconstruire depuis le terrible incendie qui a ravagé leur maison il y a quatre ans. C’est un quinquagénaire affaibli et essoufflé qui s’est présenté à Explik ou Ka. «Monn gagn enn ti kas transpor pou vinn isi », dit-il.

Ce sont les termes utilisés par Hervé pour s’expliquer, visiblement rongé par la fatigue et la maladie. Cet habitant de Résidence La Cure s’est adressé à la rédaction pour raconter son quotidien, des suites d’un incendie qui a ravagé sa maison en 2015. Le Défi Quotidien s’est rendu sur place.

C’est en 2008 que le couple s’est connu et ce n’est qu’un an après qu’il décide de vivre en concubinage sur un terrain de l’État qu’a obtenu Hervé. Le quinquagénaire réside sur ce terrain depuis 20 ans. Durant les dix dernières années, il verra naître trois enfants âgés de dix, six et trois ans respectivement. Toutefois, c’est au cours du mois de décembre 2015 que leur quotidien bascule. « Un feu s’est déclaré dans une forêt à proximité de notre maison; ce jour-là, le vent soufflait fort et les flammes se sont propagées rapidement et ont gagné une pièce de la maison avant qu’elle ne soit complètement ravagée en quelques minutes », confie Hervé. « Nous avons reçu une somme d’environ Rs 20 000 de la municipalité, j’ai seulement pu reconstruire une pièce en tôle avec un lit et un meuble », confie le quinquagénaire.

Cette maison a été construite dans le passé par des travailleurs sociaux mais, suite à l’incendie, une seule pièce tient debout grâce aux feuilles en tôle qui ont été récupérées. «J’ai lavé les feuilles de tôle et je les ai de nouveau utilisées pour reconstruire ma maison. De plus, depuis les inondations des derniers mois, la majorité de nos biens a été abîmée. Nous préférons dormir par terre pour laisser de la place à nos enfants sur le lit », dit-il. De plus, « l’eau de la montagne s’accumule là où nous nous situons lors des inondations, environ trois familles sont affectées par ces calamités. Quand mes enfants vont à l’école, j’aide ma femme pour les tâches ménagères ou alors je me repose car je suis constamment essoufflé », dit-il. «Ma concubine bénéficie d’une ‘carer’s allowance’, car je ne peux rester seul et j’ai besoin d’assistance car je peux tomber malade subitement », confie Hervé St Mart.

Le quinquagénaire fait savoir qu’il suit des traitements à l’hôpital depuis environ 25 ans, car il est atteint de crises d’épilepsie et d’une défaillance aux os. Il ajoute également avoir cumulé plusieurs boulots dans le passé. « Auparavant, j’ai travaillé comme commerçant, j’étais agent de sécurité et j’ai aussi exercé comme cordonnier; malheureusement il y a dix ans alors que je venais de devenir papa je suis tombé malade suite à une crise d’épilepsie sévère, j’ai perdu connaissance et j’ai été admis à l’hôpital pendant environ une semaine et depuis je n’ai pu reprendre le travail à cause des traitements médicaux », lâche-t-il.

La suite s’avère être plus compliquée, car en l’absence de revenus il n’y a plus rien pour faire bouillir la marmite. « Je dépends d’un crédit mensuel de Rs 3000 auprès de la boutique de l’endroit, au-delà de ce tarif nous devons régler la somme. Il est déjà survenu dans le passé où nous n’avons pu tenir jusqu’à la fin du mois. Certaines âmes charitables et des travailleurs sociaux nous ont aidés afin que nous ayions quelque chose à nous mettre sous la dent, mes enfants et moi », raconte Priscilla. Pour sa part, Hervé avoue que lorsqu’il travaillait les jours étaient meilleurs. « Si j’avais l’opportunité de travailler, je le ferais mais ma santé ne me le permet pas», dit-il. Il avoue également avoir entamé plusieurs démarches qui se sont avérées vaines. Des officiers du Trust Fund s’étaient rendus à leur domicile. « Ils sont venus sur place, mais nous n’avons pas eu de réponses à ce jour. »

Appel à l’aide

L’unique souhait de ce père de famille est d’assurer un avenir meilleur à ses enfants. « Je lance un appel aux compagnies qui n’utilisent plus de feuilles en tôle, ou pour obtenir des poutres pour que je puisse me faire construire un toit avec l’aide des voisins. Aidez-moi à obtenir un toit décent pour mes enfants et des uniformes pour leur permettre d’aller à l’école convenablement », conclut-il.

Les âmes charitables souhaitant venir en aide aux membres de la famille peuvent entrer en contact avec lui au 58565636.

Sans domicile fixe à 70 ans

Louise Alexandre Julist, 70 ans, a été laissé à lui-même.
Louise Alexandre Julist, 70 ans, a été laissé à lui-même.

Ben Tholasee, la quarantaine, travailleur social bien connu de Cité La Cure, Port-Louis, souhaite attirer l’attention des autorités, particulièrement le ministère de la Sécurité sociale, sur le cas d’un homme nommé Louise Alexandre Julist, qui serait âgé de 70 ans, selon ses propres dires (on n’a pu vérifier son âge puisqu’il a perdu tous ses documents dans un incendie qui a ravagé sa maison).

Depuis la destruction de sa cabane il y a quelques mois , il dort dans un bâtiment qui appartiendrait à la municipalité de Port-Louis puisqu’il se trouve dans la cour du jardin d’enfants situé vis-à-vis du centre social de Cité La Cure. Une visite de la rédaction sur les lieux a permis de constater que les conditions de vie de ce monsieur sont vraiment déplorables. L’endroit qu’il squatte est dépourvu d’eau et d’électricité et, en plus, il est affreusement sale. Heureusement que de bons samaritains donnent de quoi à manger au monsieur tous les jours.

Informé par la rédaction, Elvissen Adaken, l’attaché de presse du ministère de la Sécurité sociale, a déclaré que le cas de cet homme est mis en attente le temps qu’il puisse mener une enquête approfondie avant de faire quelque chose pour lui, vu qu’il ne possède plus aucun document (carte d’identité, acte de naissance, etc.). L’on espère que les choses avanceront rapidement pour lui, car on ne peut laisser ce pauvre homme rester dans cet état, sans couvertures, sans médicaments, sans l’attention requise. Sans rien...

 

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