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Abri pour enfants – L’Oiseau du Paradis : quatre employées trahies par des images de vidéosurveillance

Rahiba Ramlochun, Kalyanee Chendrapaty, Karoonah Seeam et Maya Jhurkut.
  • Elles font l’objet d’une accusation provisoire de maltraitance sur un bébé de trois mois 

Arrêtées lundi, quatre « caregivers » travaillant au shelter l’Oiseau du Paradis ont passées la nuit derrière les barreaux. La police les soupçonne de n’avoir pas accordé toute l’attention et ses soins nécessaires à un nourrisson de trois mois. Celui-ci se trouve aux soins intensifs depuis le 22 octobre dernier. 

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Rebondissement dans l’enquête sur le cas du bébé de trois mois, pensionnaire de l’abri l’Oiseau du Paradis, qui s’est retrouvé aux soins intensifs. Les enquêteurs de la Central Investigation Division de Grand-Baie dirigée par l’inspecteur Dooshan Thakoor soupçonnent fortement qu’il y a eu négligence de la part des employées du shelter. Ainsi, lundi, quatre « caregivers »,  Rahiba Ramlochun, 43 ans, Kalyanee Dindoyal,  34 ans, Karoonah Seeam,  46 ans,  et Devi  J., 40 ans, ont été placées en état d’arrestation. 

Les policiers se sont attardés sur le rôle de ces quatre employés de l’Oiseau du Paradis qui étaient de service la nuit précédant l’hospitalisation du bébé. Sa santé fragilisée, il aurait dû bénéficier d’une attention particulière. Or, en examinant des images de vidéosurveillance de l’abri pour enfants, les policiers ont constaté que les préposées en question ne lui ont pas apporté les soins nécessaires.  

Les limiers placés sous la supervision du surintendant de police Hossenbuccus ont déjà sécurisé les images en question qui sont, selon des sources proches de l’enquête, jugées « damning » ainsi que le « Log Book » du shelter pour les besoins de cette enquête.  

Les quatre femmes ont été traduites devant le tribunal de Pamplemousses sous une accusation provisoire de « ill-treatment of child under the Children’s Act  2020 ». Dans le box des accusés, elles étaient en larmes et ont imploré le magistrat de leur accorder la liberté.  La police a objecté à leur remise en liberté. Ce mardi, elles seront de nouveau traduites devant la justice
C’est le mercredi 19 octobre, qu’un préposé de l’abri a constaté que le bébé de trois mois avait la diarrhée. Son santé devait par la suite se dégrader. Le vendredi 21 octobre, une soignante de cet abri a donné à l’enfant du lait et par la suite, il est tombé dans un profond sommeil. Durant la nuit, le nourrisson a eu des difficultés respiratoires. La police criminelle soupçonne ces quatre « caregivers » d’avoir fait preuve de laxisme ce soir-là. L’enquête est placée sous la supervision du surintendant, Salim Hussenbocus.

La mère biologique libérée sous condition 

Me Lovena Sowkhee : « Elle ignorait que son enfant était entre la vie et la mort » 

La mère du nourrisson, Sylvanie M., a été libérée sous caution le vendredi 11 novembre. Recherchée depuis le 27 juillet dernier, l’habitante de Résidence La Cure âgée de 27 ans, avait été arrêtée le lundi 7 novembre par la Brigade pour la protection de la famille et placée en détention. L’avocate de la jeune femme, Me Lovena Sowkhee, avance qu’à aucun moment le personnel de la CDU n’a informé la mère de l’état de santé de l’enfant. « Ma cliente ignorait que son enfant était entre la vie et la mort », soutient-elle.

L’avocate Me Lovena Sowkhee déplore que la jeune femme fasse l’objet d’une accusation de « seriously endangering the health of her minor child ». Elle fait ressortir que l’enfant est né dans un hôpital, qui considéré comme une « place of safety » et qu’elle y a été jusqu’à sa décharge. 

L’avocate soutient que la section 260 (3) du code civil mauricien est « un article qui n’est presque plus utilisé ». Selon elle, sa cliente n’aurait jamais dû être arrêtée. « Ils n’ont pas pu la poursuivre sous la nouvelle Children’s Act, ils sont donc allés déterrer un vieil article de la loi pour arrêter cette maman », affirme Me Lovena Sowkhee. 

Elle déplore aussi que Sylvanie M. n’a pas eu de soutien pour déclarer son enfant. « Il y a une faille dans le système, si le ministère n’aide pas ces femmes qui le fera ? »

Sylvanie M. a deux autres enfants et c’est sa mère qui veille sur eux. On apprend que le personnel de la CDU a récemment rendu visite à ces derniers.

Réactions

AriannE Navarre-Marie : « Attendons les conclusions du Fact Finding Committee »

Sollicitée pour une réaction, Arianne Navarre Marie s’interroge sur le motif des arrestations. « Je pense qu’il faut attendre les conclusions du Fact Finding Committee pour déterminer de la marche à suivre. Sur quelle base, ces employés ont-ils été arrêtés ? », se demande-t-elle. « À mon avis », ajoute-t-elle, « la meilleure chose à faire est d’attendre les conclusions de l’enquête avant de prendre des sanctions, si nécessaire ».

Les origines de l’affaire

Il faut remonter au 27 juillet dernier pour comprendre le fil des événements. Sylvanie M., avait accouché prématurément dans une ambulance. Elle avait par la suite été admise à l’hôpital. Son enfant, une fille, a obtenu sa décharge de le 6 septembre, mais la mère ne s’est jamais présentée pour la récupérer. Cette dernière affirme qu’elle est venue rendre visite au bébé, mais qu’elle a « eu peur des autorités ». 

Entre-temps, une enquête a été initiée par la Child Development Unit (CDU), mais la mère est restée introuvable. En parallèle, une « emergency protection order » a été émis le 8 septembre. La CDU a pris en charge le nourrisson qui a été placé au shelter l’Oiseau du Paradis, à Cap-Malheureux. 

Au mois d’octobre, soit le 22, le bébé s’est retrouvé à l’unité des soins intensifs de l’hôpital du Nord en raison de troubles respiratoires. L’affaire a fait grand bruit.

Conditions de vie déplorables

Une voisine de Sylvanie M. : « Sagrin pou get li dan sa leta la »

 Nous nous sommes rendus à Résidence la Cure, dans le quartier où vit la mère du bébé. Sur place, les rues sont quasi désertes, à l’exception de quelques rares voisins qui font le va-et-vient. Nous approchons certains d’entre eux et leur demandons de nous conduire jusqu’au domicile de Sylvanie M., mais ils se montrent réticents. 

Après avoir abordé plusieurs personnes durant une demi-heure, une femme accepte enfin de nous accorder un peu de son temps. Elle nous indique que depuis l’arrestation de la jeune femme, la maison qu’elle occupe n’est pas fréquentée. « Elle habitait ici avec son compagnon avant son arrestation, mais depuis, la maison est cadenassée », fait ressortir la voisine. Celle que nous prénommerons Paméla explique que Sylvanie M. a toujours vécu dans la localité. « Sa mère n’habite plus ici. Sa famille l’a mise à l’écart à cause de sa toxicomanie », précise notre interlocutrice. « Akoz lavi ki li amene, kan li pann gagn soutien so pros, linn tom ladan net ».  

Porte fermée à clé et portail cadenassé, impossible d’aller plus loin. Selon les dires de Paméla, les conditions dans lesquelles vivent Sylvanie M. sont déplorables. « Sagrin pou get li dan sa leta la », ajoute-t-elle. 

La voisine explique que cela fait plusieurs années que la jeune femme a sombré dans la drogue. Elle nous apprend, d’autre part qu’outre le nourrisson, Sylvanie M. a d’autre enfants. « Nou kone ki li ena ankor zanfan. Zot granmer ti pe fer demars pou gagn lagard. Me apre pa kone kinn arive », dit-elle.

 

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