Affaire Quantum Global : des transferts totalisant 30 M de dollars intriguent la FIU

Jean-Claude Bastos de Morais Jean-Claude Bastos de Morais dément toute allégation de blanchiment d’argent et maintient que tout a été fait dans la transparence.

Un transfert de 30 millions de dollars américains de deux comptes du groupe Quantum Global intrigue la Financial Intelligence Unit. Cette transaction a eu lieu le 13 avril 2018, soit trois jours avant que ces deux comptes ne soient gelés par la Cour suprême.

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Les comptes de Quantum Global ont été gelés à la demande de la Financial Intelligence Unit (FIU) après que le groupe a été éclaboussé par des allégations de blanchiment d’argent. Ce dernier veut avoir accès à un montant de 350 000 et de 500 000 de dollars pour payer les salaires de ses employés et ses frais légaux respectivement.

La FIU s’y est opposée en affirmant que le groupe dispose de suffisamment de moyens financiers. Elle s’appuie notamment sur des transferts totalisant 30 millions de dollars de deux comptes du groupe, le vendredi 13 avril 2018. Ces comptes ont ensuite été gelés le lundi 16 avril 2018. L’objection de la FIU sera débattue le 11 mai 2018 devant la juge des référés.

En attendant, les entreprises du groupe ne pourront pas opérer vu que la Financial Services Commission (FSC) a suspendu leur permis d’opération. Une demande pour que leur permis leur soient restitués a été formulée en Cour suprême. L’affaire sera appelée le 30 avril 2018.

Le sort de Quantum Global et de son fondateur, le Suisso-Angolais Jean-Claude Bastos de Morais, est intimement lié au changement de gouvernement en Angola en 2017. C’est d’ailleurs des échanges entre le nouveau régime angolais et Port-Louis qui ont débouché sur les démarches légales de la FIU.

Le gouvernement angolais a exprimé ses craintes sur la façon dont l’argent provenant du Fonds souverain angolais a été investi à Maurice. Ce fonds, créé par le gouvernement et estimé à cinq milliards de dollars, est destiné à financer des projets de développement et à renforcer l’économie angolaise.

Joint-venture

La FIU a ensuite été informée par la plus haute autorité angolaise que sept fonds de placement privés ont été mis sur pied dans la juridiction mauricienne par Quantum Global, qui a pour mission de gérer et d’investir l’argent provenant du Fonds souverain angolais. La FIU cible notamment deux projets d’investissement impliquant des transferts de plusieurs centaines de millions de dollars américains des comptes du groupe Quantum Global à Maurice vers des entités incorporées dans d’autres juridictions.

La construction du port de Caio, dans la province de Cabinda, au sud de l’Angola, a démarré en 2007. La FIU pense que  180 millions de dollars ont été transférés de l’une des sociétés du groupe, en l’occurrence QG African Infrastructure 1 LP. Celle-ci dispose de deux comptes bancaires à Maurice. Les récipiendaires de ces 180 millions de dollars seraient Caioporto S.A, incorporée en Angola et Capoinvest Ltd, incorporée dans les îles Vierges britanniques.

La FIU évoque aussi un transfert d’environ  50 millions de dollars sur un compte à la Deltec Bank and Trust Ltd aux Bahamas pour l’acquisition d’actions de Caiorina Ltd. L’enquête de la FIU aurait révélé que les 180 millions de dollars sont gérés par Caioporto S.A, dont Jean-Claude Bastos de Morais serait actionnaire à 99,9 %.

Tout commence par un joint-venture pour un projet hôtelier entre QG Africa Hotel L.P. – firme du groupe Quantum Global – et Afrique Imo Corporation S.A. Celle-ci est détenue à plus de 90 % par Jean-Claude Bastos de Morais. Selon la FIU, avec ce joint-venture, QG Africa Hotel L.P. a déboursé 57 millions de dollars en faveur de High Tech Tower One Ltd et a accepté de reprendre 100 millions de dollars des dettes de cette firme.

Or, la FIU souligne que son enquête a révélé que l’actionnaire de High Tech Tower One Ltd n’est autre que White Nite Ltd, une firme ayant pour ultime bénéficiaire Jean-Claude Bastos de Morais. White Nite Ltd est intimement liée au projet Sun. Le 23 janvier 2015, Sun Juice Holdings Ltd est incorporée aux îles Vierges britanniques et compte parmi ses actionnaires QG African Infrastructure 1 L.P., une entité de Quantum Global.

Projet Sun

Le projet Sun concerne la construction d’une fabrique de jus, de vins et de traitement d’eau potable. La FIU évoque un montage financier impliquant des sociétés incorporées à Maurice, aux îles Vierges britanniques et aux Seychelles pour détourner l’argent du Fonds souverain angolais au profit de Jean-Claude Bastos de Morais.

Le 21 mai 2015, QG African Infrastructure 1 L.P. transfère  650 000 de dollars à Sun Juice Holdings Ltd pour faire avancer le projet Sun. Mais la banque est informée qu’il s’agit d’un prêt. La pièce centrale de ce montage financier allégué, selon la FIU, serait la firme Carinthia Corp, incorporée aux Seychelles.

Il est prévu que les activités de Carinthia Corp soit financées par sa Holding Company, c’est-à-dire Green Trees Inc. Celle-ci, qui est propriétaire de White Nite Ltd, a pour ultime bénéficiaire Jean-Claude Bastos de Morais.

Dans les milieux proches de la FIU, on laisse entendre que le financement de Carinthia Corp serait la pierre angulaire du montage financier élaboré par Jean-Claude Bastos de Morais pour détourner l’argent du peuple angolais faisant ainsi le lien entre les différentes entités du groupe Quantum Global et d’autres sociétés au sein desquelles Jean-Claude Bastos de Morais serait l’ultime bénéficiaire.

L’Angola va résilier le contrat de Quantum Global

Le Fundo Soberano de Angola (FDSEA) va résilier le contrat le liant à Quantum Global, la société du Suisse Jean-Claude Bastos de Morais. Le fonds souverain angolais indique, comme annoncé la semaine dernière par Le Défi Plus, qu’il n’est pas satisfait de la manière dont ce groupe investit l’argent qui lui a été confié. Quantum Global réplique en insistant sur le fait que l’argent du FDSEA est audité selon les normes comptables. Il ajoute que tout retrait des investissements serait préjudiciable au FDSEA car certains projets sont en cours de développement et créateurs d’emplois en Angola dans les domaines agricole, forestier, immobilier et portuaire. Quantum Global souligne qu’il compte trouver une solution « à l’amiable » avec Luanda quant à cette situation.

 

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