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Amarnath Hosany et Solene Coiffic : le partenariat gagnant

Amarnath Hosany et Solene Coiffic L’écrivain mauricien Amarnath Hosany et l’illustratrice réunionnaise Solene Coiffic.

Depuis plus d’une quinzaine d’années, Amarnath Hosany écrit des livres, s’inspirant de la réalité mauricienne, puisant dans notre imaginaire pour en faire des contes sociaux. Cette année, il a eu la collaboration d’une illustratrice réunionnaise, Solene Coiffic pour un conte s’inspirant du personnage de « Tizan ».

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Parti sans le moindre soutien des autorités locales, Amarnath Hosany a fini par s’imposer comme un auteur de livres de jeunesse, en s’appuyant sur un réseau qui lui permet de rester un auteur fécond dont chaque publication suscite l’intérêt. « Cette collaboration avec Solene Coiffic vient démontrer l’intérêt que porte La Réunion à la production littéraire mauricienne. À Maurice, je n’ai jamais obtenu la moindre petite aide du gouvernement », explique-t-il. Invité à deux reprises à l’île Sœur, en 2008, il confie avoir rencontré un accueil chaleureux auprès des collectivités locales qui avaient organisé des activités littéraires.  Mais, avant La Réunion, notre interlocuteur avait déjà été invité en Inde et en France pour des occasions liées au livre.

Littérature française

Pourtant le contact avec la littérature française n’est pas venu à Amarnath Hosany durant ses études secondaires au collège New Eton, qui n’enseigne pas ce sujet. C’est durant ses études de GCE ‘A’ Level qu’il rencontre les grands classiques de la littérature française André Gide, Albert Camus ou encore Molière. Ces lectures viennent franchir de plusieurs crans celles de ses années d’adolescence façonnées par les aventures de Tintin, Lucky Luke, Astérix, Tex Willer ou encore les Marvels. « C’était une lecture qui éveillait mon imaginaire avec des héros fabuleux, positifs dans des aventures qui se terminaient toujours bien. J’étais comme une éponge, je m’imprégnais de tous ces récits qui invitaient à l’évasion. À ce moment-là, il y a quelque chose en moi qui cogite, je commence à inventer des personnages ». Au même moment, la culture cinématographique vient nourrir cette culture populaire de jeunesse, avec pêle-mêle, ses grands noms de l’écran indien et français : Rajesh Khanna, Amitabh Bachchan, Dev Anand, JP Belmondo, Alain Delon ou encore Guillaume Depardieu viennent animer la galaxie de ces héros qui peuplent les années 70-80. « Le cinéma a donné naissance au premier phénomène d’identification au sein de la jeunesse, j’ai vu des jeunes coiffés et habillés  comme leurs héros du cinéma indien avant d’entrer dans la salle ABC à Quatre-Bornes », se rappelle-t-il encore.

Camus et Gide

Avec Camus et Gide, le jeune Amarnath entre dans un univers plus complexe, difficile où il est initié au sens de la critique, à l’analyse du texte, au rapport à l’humain. « Camus a été un véritable catalyseur, lorsqu’il évoque le drame du déracinement dans L’Étranger ». À la lecture de ces classiques, il apprend comment « fonctionne un écrivain, la contextualisation de son récit, la psychologie de ses personnages. » Même si ce sont là des ouvrages de maturation chez lui, il garde en lui le souvenir de ses héros d’adolescence. « Je pense que ces lectures ont toutes contribué à forger mon imagination pour l’écriture », dira-t-il.

Bien des années plus tard, alors qu’il est déjà dans le monde du travail, les événements liés à la mort en détention du chanteur Kaya viennent bousculer l’image idéaliste qu’il s’était toujours fait de Maurice. « J’ai toujours pensé que Maurice était protégé par les dieux et que les bagarres raciales de 1967 c’était le passé. Les émeutes ‘Kaya’ m’ont interpellé et je me suis dit qu’un petit fait mineur pouvait réveiller la petite bête qui sommeille en tout individu. C’est à partir de là qu’est né mon premier livre 'Le Nectar magique' », raconte-t-il. Le manuscrit ne prendra la forme d’un livre qu’en 2003 après qu’Amarnath l’ait porté à la connaissance de l’animateur de l’atelier de lecture du Centre Culturel Charles Baudelaire (CCCB) où il est inscrit. « On m’a dit que l’histoire tient la route, je l’ai alors fait imprimer aux Éditions le Printemps. »

Indifférence des autorités

C’est à ce moment-là qu’il se rend compte de l’indifférence totale des autorités à l’égard des auteurs mauriciens. « J’ai participé au marketing du 'Nectar Magique', j’ai croisé des gens qui m’ont dit que le livre était trop cher. Le taux de lecture avait baissé et le ministère de l’Éducation n’avait aucun programme pour promouvoir les ouvrages mauriciens dans les institutions publiques et leur offrait aucune plateforme. Les libraires-eux-mêmes ne faisaient aucun effort pour leur offrir une certaine visibilité. » Mais qu’à cela ne tienne : Amarnath va tracer sa route avec la publication d’un deuxième livre, 'La Terre a disparu'. Ce livre va le mener en Inde et dans les années suivantes, grâce au soutien du CCCB, il est tour à tour invité aux Salons du Livre, à La Réunion et en France. C’est l’histoire du personnage « Tizan » qui lui vaudra la collaboration de Solene Coiffic, arrivée à Maurice depuis la semaine dernière pour participer à une activité littéraire de l’Institut Français de Maurice.

En regardant pardessus son épaule, Amarnath Hosany dresse un premier constat de son itinéraire littéraire. « J’ai toujours écrit par passion, jamais intéressé par l’argent, mais je suis profondément attristé par le manque de considération pour les auteurs mauriciens chez nous, tous les gouvernements y sont responsables de cette situation », lâche-t-il.

Solene Coiffic et «Tizan et le Loup»

La Réunionnaise Solene Coiffic en est à sa première collaboration  avec Amarnath Hosany pour  la réalisation de l’illustration de l’ouvrage « Tizan et le Loup » (Atelier des nomades). « J’ai rencontré Amarnath, en 2016, à l’occasion du Festival des livres de jeunesse, il m’a envoyé le texte pour que je l’illustre », explique-t-elle. Quant au récit, elle explique que son personnage principal,

« Tiza », appartient à la tradition créole des îles et à ce titre, assez facile à dépeindre. « Quant à la réalité mauricienne, je l’ai découverte réellement durant mon séjour et elle possède une culture plus variée par comparaison à La Réunion. À Maurice, en termes de langues, le pays est riche, avec l’anglais et le bhojpuri. Puis, il y a des endroits qui provoquent l’inspiration », dit-elle.

 

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