Interview

Ashok Subron : «Si le PM tombe dans le piège des sucriers, il est cuit»

Ashok Subron Ashok Subron.

Le Joint Negotiating Panel ne compte  pas se laisser faire. Si le Premier ministre accepte les recommandations du Joint Technical Committee et touche aux acquis des travailleurs et artisans de l’industrie sucrière, la risposte sera cinglante, promet Ashok Subron.

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Le Joint Technical Committee a déposé son rapport concernant le sucre. Qu’en est-il ?
Au départ même, ce rapport est biaisé. Pourquoi ? La raison en est simple : il n’y a eu aucun représentant syndical sur ce board. On ne nous a même pas invités. Alors…

Que préconisez-vous comme formule ?
La riposte du Joint Negotiating Panel (JNP) sera foudroyante si Pravind Jugnauth tombe dans le piège des sucriers. Il sera cuit politiquement et il le sait. Le gouvernement ne peut subventionner les sucriers à hauteur de Rs 1,3 milliard et permettre de licencier 60 % des travailleurs.

Est-ce une subvention déguisée ?
C’est un subside social aux sucriers et joliment maquillé. Si le Premier ministre rejette nos propositions, cela décidera de son avenir politique. il ne faut pas oublier que la victoire de l’Alliance Lepep est intervenue juste après la grève des artisans en décembre 2014.

On parle de contractuels dans l’industrie sucrière. Est-ce un fléau ?
Les chiffres sont effarants : pour chaque 100 employés au sein de l’industrie sucrière, il faut compter 90 contractuels. Les sucriers exigent de modifier la loi pour ce qui est du pourcentage de contractuels autorisé, parce que ces derniers ne perçoivent pas d’indemnités. Les sucriers n’ont donc pas le devoir de contribuer à des fonds de pension pour eux.

Il faut reconnaître que l’industrie sucrière passe par des moments difficiles…
Le prix du sucre est tombé et ce n’est pas une surprise. On s’y attendait. La secrétaire de la Chambre de Commerce n’invente rien. Pourquoi ne parle-t-elle pas des projets fonciers, immobiliers ou encore hôteliers des sucriers ? C’est une arnaque oligarque. Le Joint Technical Committee est une arnaque avec la complicité de certains au sein du Cabinet.

Vous semblez avoir une dent contre le Joint Technical Committee…
Les recommandations du Joint Technical Committee équivalent à un détournement de fonds publics. Elles ne font que préserver les intérêts des sucriers qui ont empoché des milliards de roupies et qui espèrent engranger d’autres milliards. Et vous voulez que je cautionne cela ? Les sucriers ont tout eu : des amendements à la Sugar Industry Efficiency Act, la Conversation Tax, l’Integrated Resort Scheme, les smart cities, les Independent Power Producers (IPP) avec leurs 60 % de contrôle sur l’électricité… La liste des griefs est longue.

Il faut dire que le prix du sucre a considérablement baissé sur le marché mondial. Cce qui met du plomb dans l’aile du secteur…
Les oligarques font porter la chute du prix du sucre aux citoyens. C’est trop commode. Pourquoi faut-il utiliser Rs 145 millions du Maurice île durable (MID) levy pour financer les grosses compagnies productrices d’électricité ? Pourquoi ne pas utiliser ce fonds pour les petits planteurs et développer l’énergie solaire ?

Les IPP semblent vous irriter ?
Les producteurs d’électricité (IPP) veulent le beurre et l’argent du beurre. Au sein du Joint Technical Committee, il y a un fort lobby en faveur des IPP, car leurs contrats arrivent bientôt à expiration. Ils sont en train de planifier un licenciement massif pour encourager la main-d’œuvre temporelle. Ainsi plus besoin de mettre de l’argent dans le fonds national de pension et autres contributions obligatoires.

Quel est votre appel au Premier ministre avant le Budget ?
Je demande à Pravind Jugnauth de ne pas tomber dans le piège des sucriers. Sinon, il paiera chèrement ce move. Il ne peut pas dépouiller les travailleurs et les artisans de l’industrie sucrière de leurs droits fondamentaux. La décision qu’il prendra aura des conséquences sur son avenir politique dans le cadre des prochaines législatives.

Y aura-t-il un mot d’ordre de la part du JNP ?
Ce mot d’ordre ne sera pas nécessaire, les travailleurs suivent de près la situation. Les travailleurs au sein du JNP se préparent déjà à une riposte dans l’éventualité où Pravind Jugnauth entérine les demandes faites dans le rapport du Joint Technical Committee. L’hiver risque d’être chaud pour le Premier ministre s’il penche en faveur des sucriers.

 

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