Attaqué dans son commerce, Darmen : «Premie fwa an 30 an ariv enn zafer koumsa isi»

Le commerçant soutient l’avoir échappé belle. Jeudi, aux petites heures, il a été attaqué dans sa tabagie à Beau-Bassin. Il a été blessé.

Son 59e anniversaire, Darmen ne l’oubliera pas. Car le lendemain, aux petites heures, il a été victime d’un vol avec violence quelques secondes à peine après avoir ouvert les volets de sa tabagie située sur la route principale de Beau-Bassin. « Lavi pe vinn plis an plis danzere. Premie fwa an 30 an ariv enn zafer koumsa isi », confie-t-il à Le Dimanche/L’Hebdo, encore sous le choc.

Les faits se sont produits le jeudi 24 août. Darmen n’avait pas voulu laisser tomber ses clients au lendemain de ses 59 ans. « Beaucoup de mes clients sont des habitués, ils aiment venir acheter des fruits et du pain dans mon commerce avant se rendre au travail », explique-t-il.

Or, raconte le quinquagénaire, « kouma mo lev shutters, linn rant derier mwa, apre li bes shutters la ». Le voleur (voir encadré) était armé d’un sabre. Il s’est emparé des boîtes de cigarettes, avant de s’en prendre physiquement au commerçant de 59 ans. Revenant sur cette expérience, Darmen attribue son salut à son sang-froid et à son approche. Bien qu’il se soit retrouvé face à un homme armé prêt à tout, il affirme avoir réagi avec tact pour ne pas aggraver la situation. Cependant, blessé, il n’a pu qu’assister, impuissant, à la fuite du suspect avec le butin.

La scène de la lutte entre les deux hommes a été capturée par les caméras de surveillance. Les images de ce cas de vol avec violence ont circulé depuis samedi sur TéléPlus. 

Aujourd’hui, quelques jours après l’attaque dont il a été victime, Darmen révèle avoir commencé à réfléchir à la suite pour son entreprise. Ayant grandi dans la région de Beau-Bassin, il raconte qu’il gérait un vidéoclub à cet endroit dans le passé. Il a repris les rênes de l’affaire familiale, transmise de père en fils. Il affirme avoir appris le métier aux côtés de son père. 

Au fil des années, il a développé le sens du commerce et nourri une détermination à poursuivre l’entreprise familiale. Cependant, le vidéoclub n’étant plus rentable, il a transformé les lieux en dépôt de pain, puis en tabagie. Le quinquagénaire soutient avoir bâti sa petite entreprise avec beaucoup de sacrifices depuis près de 30 ans. Malheureusement, avec l’arrivée des grandes surfaces, ses ventes ont diminué.

Bien qu’il soit déterminé, Darmen reconnaît devoir faire face à la réalité des risques de ce métier et prend en considération son âge. Et puis, fait-il ressortir, le quartier autrefois calme est désormais risqué, en raison des individus qui fréquentent les lieux au quotidien. « Mo pa ignor personn, ni mo kav dir tou dimoun parey, me bokou toxicomanes vinn pran méthadone apre zot trene isi », dit Darmen.

Face à cette situation, il déclare à Le Dimanche/L’Hebdo qu’il envisage de ne plus ouvrir son commerce aux heures peu fréquentées. Il envisage également de ne plus travailler seul dans la tabagie. Depuis un certain temps déjà, un ami de Darmen a l’habitude de venir lui donner un coup de main. Cependant, il y a quelques jours, il est tombé malade et Darmen lui avait conseillé de ne pas venir à la tabagie. « Je lui ai moi-même dit de se reposer deux, trois jours apre li vini akoz li ti malad. »

Le quinquagénaire est d’avis que son agresseur a observé ses mouvements et profité du fait qu’il était seul dans son commerce avant de passer à l’acte.