Interview

Aurélie Marie de myjob.mu sur le chômage des jeunes : «Le choix d’études universitaires est primordial»

Il ne suffit pas d’être surdiplômés pour avoir un white collarjob si celui-ci se fait rare. Le tout, pour les 16 -24 ans frappés par le chômage selon Statistics Mauritius, est de faire le bon choix d’études supérieures en phase avec les offres d’emploi. Et c’est dans la poche, dit Aurélie Marie, Head of Recruitment and Communications chez myjob.mu.

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Le dernier rapport de Statistics Mauritius fait mention que le chômage touche plus les jeunes âgés entre 16 et 24 ans, avec 10 800 d’entre eux qui ne sont pas mariés et qui cherchent un premier job.
Les jeunes de moins de 25 sont les plus touchés par le chômage. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette situation. D’une part, le manque d’orientation professionnelle de ces jeunes qui fait qu’ils se dirigent vers des secteurs ou vers des postes saturés qui ne recrutent pas. D’autre part, l’offre d’emploi reste largement inférieure à la demande. Ainsi, le chômage au sens large du terme ne pourra être éradiqué dans le contexte économique actuel. Les jeunes sans formation et/ou sans expérience passeront ainsi à la trappe face aux candidats d’expérience qui sont également disponibles sur le marché et opérationnels rapidement pour un nouvel emploi.

Quelles en sont les principales causes ? Est-ce qu’ils sont sélectifs dans leur choix ?
Autre aspect qui concernent ces jeunes est la course au diplôme qui ne facilite pas leur intégration professionnelle. Ils sont soit surqualifiés pour les postes disponibles, soit ne souhaitent pas exercer d’autres métiers qu’en entreprise en tenue classique dans un bureau climatisé. Or, les métiers manuels sont porteurs de revenus. Dénicher une couturière ou un bon menuisier de nos jours devient rare et relève d’un exploit. Il y a aussi l’effet de « bandes d’amis », on suit le groupe d’amis et même le choix d’études et de carrière se basant uniquement sur le choix de ses camarades.

On parle de plus en plus de mismatching. Est-ce une des sources de ce taux de chômage qui frappe les jeunes ? Se laissent-ils guider par leurs parents dans le choix de leurs études supérieures dans des filières où il y a déjà saturation ?
Les parents sont de bons conseils pour orienter et encadrer le choix de carrière d’un jeune. Cependant, le choix définitif revient aux jeunes. On insiste sur le fait de baser son choix de carrière sur quatre aspects importants : la passion et l’ambition du jeune, sa personnalité et ses aptitudes et, enfin, le marché de l’emploi. Certains jeunes sont diplômés en communication ou en design, mais sont incapables de faire une présentation en public ou de produire un visuel attractif pour un client. Dès lors, même si des postes sont disponibles, les chances sont restreintes pour eux, car les compétences ne suivront pas le poste. Certains métiers sont étiquetés comme prestigieux, le statut du poste pèse effectivement dans la balance.

Je prends souvent l’exemple d’un jeune ingénieur en génie civil diplômé d’une grande école et voué à une belle carrière, mais face au gel des recrutements dans le secteur de la construction, il a décidé de se réorienter vers l’agriculture. Il recommence ainsi à zéro et aujourd’hui, il gagne sa vie et profite d’un salaire plus qu’attractif ! Jamais il n’aurait pensé à avoir une exploitation agricole et pourtant… Les jeunes doivent oser davantage, éliminer tout préjugé ou idée reçue sur les métiers de « statut », viser les PME et pas uniquement les grands groupes.

Est-ce que l’âge de la retraite repoussé à 65 ans ne représente-t-il pas un obstacle majeur pour l’embauche de jeunes chômeurs ?
Je ne suis pas d’avis que l’âge de la retraite soit un obstacle pour l’embauche des jeunes. Bien d’autres facteurs entrent en jeu. Prenons un simple exemple : le secteur des TIC recrute mais dont certains postes ne trouvent pas preneurs, faute de candidats compétents. Nos seniors ne bloquent pas ces postes pour autant. Il faut analyser, quantifier et informer efficacement et, avec efficience, les jeunes ont des possibilités d’emploi dans des secteurs qui recrutent, des métiers d’avenir et cela encouragera davantage l’entrepreneuriat chez les jeunes.

Myjob.mu : Un site à 320 662 visites au mois de mai

Le chiffre de quelque 320 662 visites sur le site myjob.mu pour le mois de mai 2017 peut donner le tournis, mais Aurélie Marie ne s’en étonne guère. Durant ce même mois, ce site a reçu 1139 d’emplois à pourvoir pour… 63 337 demandeurs, certains avec un School Certificate et d’autres diplômes et maîtrises. Les secteurs les plus demandés, selon notre interlocutrice sont : TIC, BPO, les finances, le commerce et services, les logistiques, la communication et les métiers manuels.

 

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