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Axe Madagascar-Maurice : Rs 8 millions pour l’acheminement des 333 kg de drogue

  •  Rs 250 000 aux quatre passeurs pour assurer leur silence

 Les caïds privilégient de plus en plus l’axe Madagascar-Maurice en raison du renforcement de la surveillance sur celui de La Réunion. Après la saisie récente des 333 kg de drogue, un des suspects a révélé qu’une somme de Rs 8 millions leur avait été promise pour ramener cette cargaison à Maurice.

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Rs 8 millions, c'est la somme alléchante promise à l'équipe chargée d’acheminer la cargaison de 333 kilos de cannabis vers Maurice. En amont, un montant de Rs 250 000 a été distribué à chacun des quatre suspects mauriciens par l'un des commanditaires. Cette somme visait à garantir leur silence absolu et à organiser le déplacement. À leur retour, la somme restante, soit environ Rs 2 millions, devait être réglée à chacun d’entre eux. Ces révélations proviennent de l'un d’eux, qui est passé à table suite à leur arrestation dans la nuit du samedi 6 janvier. C’était en haute mer, au Nord de Maurice, alors qu'ils naviguaient vers un point de rendez-vous maritime, transmis via GPS pour récupérer l'or vert. Six Malgaches, soupçonnés d'opérer pour le compte de fournisseurs de cannabis de la région, ont été appréhendés grâce aux informations de la Force Crime Intelligence Unit (FCIU) des Casernes centrales.

Outre Steven Boodhun, l'homme de la mer, Jean David Legentil, également connu sous le nom de Miguel (27 ans), Guillaume Emilien, maçon de 37 ans, et Yoel Ismaël, 26 ans, ont été arrêtés dans cette opération sous la supervision du commissaire de police Anil Kumar Dip, avec l'aide des commandos de la Garde-Côte nationale. Ces Mauriciens étaient censés réceptionner cette importante cargaison d'or vert pour ensuite assurer la distribution à d'autres complices. Selon les premiers résultats de l'enquête, les 333 kilos de cannabis auraient coûté moins de 10 000 euros, soit moins de Rs 500 000 sur le territoire africain. Même si les suspects auraient reçu Rs 250 000 chacun pour ne rien révéler avant le départ en mer, l'un d'entre eux a décidé de coopérer depuis son arrestation.


Des pêcheurs malgaches pour livrer le cannabis

Bien que tous prétendent avoir pris la mer pour une expédition de pêche, le véritable déplacement des six Malgaches visait à assurer la livraison de drogue. Si cinq d'entre eux proviennent de Nosy-Be, seul le suspect Jaokely Soadiky réside à Beramanja Ambilobe, dans le Nord de la Grande Île. Les autorités malgaches sont en cours de vérification des informations sur l'enregistrement de ces suspects en tant que pêcheurs dans leur île. Un rapport sur chacun d’eux est également attendu par les Casernes centrales, qui ont déjà pris contact avec les autorités malgaches.

Les suspects malgaches sont :

  •  Luco Tony Malazafaky, un mineur de 17 ans • Jackely Soadiky, 43 ans
  • Jaonosy Fernand • Jobila Richard, 35 ans
  • Aseta Marck Hero, 26 ans
  • Ismael Aboudou, 40 ans

Duo d'efficacité : la Maritime Intelligence Cell (MIC) et la Force Crime Intelligence Unit (FCIU)

Le vendredi 5 janvier, après des semaines de surveillance, la MIC dirigée par l'inspecteur Sudesh Chacory et la FCIU sous le commandement du chef inspecteur Faraaz Mooniaruth ont coordonné leurs informations pour suivre le bateau des quatre Mauriciens chargés de récupérer la drogue. Vers 5 heures du matin, le bateau modifié s'est dirigé en haute mer vers le Nord. Les trafiquants étaient loin de se douter que leurs mouvements étaient surveillés. À un moment donné, leur embarcation s'est retrouvée en panne, les obligeant à faire demi-tour. Sur le chemin du retour, à 22 heures, l'équipe de la FCIU, de la MIC, des Field Intelligence Officers, de la CANS Section des douanes et les commandos de la Marine (Marcoss) les ont interceptés en mer

Face à leur résistance, deux commandos ont été blessés. Les quatre suspects ont été maîtrisés, et une trentaine de jerrycans remplis d'essence ainsi que des téléphones cellulaires ont été saisis. Grâce aux points GPS sur les appareils téléphoniques, la police a confirmé les renseignements sur le trafic de drogue. À quatre heures du matin, le samedi 6 janvier, le commissaire de police a ordonné une opération en mer avec l'apport de l'avion Dornier. Le bateau convoyeur de drogue des Malgaches a ainsi été repéré. Suite à cela, le navire Barracuda a été mandé sur les lieux vers 7 h30.

Au large du Nord-Ouest de Pointe-aux-Canonniers, le bateau suspect a été interpellé vers 20 heures. Malgré les sommations pour qu'ils s'arrêtent, les suspects ont refusé d'obtempérer, déclenchant une course-poursuite en mer. Deux heures plus tard, l'embarcation avec les six Malgaches a été interceptée, et les colis de drogue ont été découverts. Naviguant sans pavillon, les occupants avaient un téléphone satellite et un appareil GPS. Trois commandos de la marine sont restés à bord après l'intervention pour accompagner les suspects vers Port-Louis. 


Le cannabis : poule aux œufs d'or pour les trafiquants

Malgré la taille de l'île et l'ampleur des trafics, la police malgache parvient à mettre la main sur des trafiquants d'or vert. En août 2022, les militaires malgaches ont découvert quarante-deux sacs remplis de cannabis, pesant au total une tonne, au cœur de la forêt d'Analabe (région du Nord-Nord-Ouest de Madagascar). Ce n'est pas la première fois dans la région. En 1998, la maréchaussée d'Ambaja a découvert des plantations de plusieurs centaines de pieds de cannabis. Deux ans plus tard, les gendarmes d'Ambilobe ont trouvé une plantation de 20 000 pieds et saisi 540 kg de zamal prêts à être vendus.

Enfin, le 28 octobre 2023, 47 kilos de résine de cannabis ont été saisis à bord d'un navire thonier au large de Mayotte. Cette saisie a permis de remonter jusqu'à un membre de l'équipage, un marin malgache qui avait introduit cette cargaison sur le bateau. Jugé en comparution immédiate le vendredi 5 janvier, le suspect a été condamné à deux ans de prison ferme. L'enquête a démontré que les trafiquants avaient utilisé la méthode dite du "Rip-Off". Celle-ci consiste pour eux à trouver un complice au sein de l'équipage qui va dissimuler la drogue dans un bâtiment se livrant à une activité de fret au-dessus de tout soupçon. La marchandise est finalement déchargée dans le port d'un autre pays.


Vaste culture de cannabis à Madagascar

Madagascar occupe une place centrale sur les marchés de drogues, bien que les stupéfiants y soient illégaux. La Grande Île, avec ses forêts reculées du Nord-Ouest d'Analabe et du Sud à Betroka, est très prisée par les producteurs à grande échelle, qui exportent ensuite vers les autres îles. Elle attire des réseaux de trafiquants de tout le pays, venant de Mahajanga, d'Antananarivo et d'autres provinces de Madagascar. Ce trafic met en jeu des sommes colossales, impliquant un système bien rôdé avec la participation de jeunes locaux travaillant avec les producteurs de cannabis dans les champs ou participant à son transport vers et depuis les points de collecte, utilisant leur connaissance du terrain local. Madagascar reste le plus grand producteur de cannabis parmi les îles de l'Ouest de l'océan Indien et exporte également clandestinement vers d'autres États insulaires, notamment les Seychelles, Maurice, les Comores et Mayotte (France).

Les prix du cannabis à Madagascar sont bien inférieurs à ceux des autres pays, reflétant une offre nationale abondante. Le gramme de cannabis coûte environ 116 ariary, soit environ Re 1,15, dans la Grande Île. Cette situation génère d'énormes profits pour les petits et grands trafiquants. « À Antananarivo, avec environ 500 ariary, soit près de Rs 5, vous pouvez négocier un paquet (ou rouleau) comprenant deux à trois tiges, mais dans les provinces, les prix sont encore plus bas, et le sachet d'herbes peut coûter jusqu'à 100 ariary, soit près de Re 1 », relate un interlocuteur habitué de la Grande Île. 

Ces derniers temps, les trafiquants ont privilégié l'axe Madagascar-Maurice pour ramener leurs marchandises en raison du renforcement de la surveillance sur celui de La Réunion. « Il était plus facile d'amener du zamal depuis La Réunion, mais ces derniers temps, la Gendarmerie de La Réunion avec l'Office Anti-Stupéfiants a renforcé la surveillance, c'est pourquoi tous se tournent de plus en plus vers Madagascar », explique un enquêteur de l'Adsu.

 

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