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Azaria Topize : «Lamisik inn swagn nou»

Azaria Topize Azaria revient sur le jour fatidique.
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Azaria a la musique dans le sang. Toutefois, il veut forger sa propre identité. Le fils de Joseph Réginald Topize (Kaya) dit que la musique a été son « sime la limyer ». Il revient aussi sur le 21 février 1999.

À travers ses chansons, Kaya prônait la paix et la tolérance. Âgé de 28 ans, Azaria Topize ne semble pas se prendre la tête et préfère profiter de l’instant présent. Il ne veut pas non plus ressembler aux autres. Il s’instruit de la philosophie pour mieux comprendre la vie.
Il confie qu’il joue de la musique de temps à autre. « J’aime bien jouer dans des concerts et des festivals à la Réunion, car la musique y est appréciée à sa juste valeur. Là-bas, les musiciens peuvent vivre de la musique. Il y existe une structure pour soutenir les artistes. La visibilité est meilleure à l’île sœur », dit cet habitant de Bambous.

La musique coule dans les veines d’Azaria. « Mais je ne suis pas un grand musicien », dit-il d’emblée. Sa petite sœur et lui sont nés et ont grandi dans l’univers de la musique. « Lamisik inn swagn nou, mem si sa lepok la sertin prodikter ti rise. Kaya faisait de son mieux. Je serai toujours reconnaissant envers la musique », raconte l’aîné de la famille.

On ne me compare pas à mon père, mais on me demande souvent de jouer ses titres»

Azaria confie qu’il a l’oreille musicale et connaît ses accords de base. Même s’il n’a pas encore sorti d’album ou de single, il a quelques compositions et morceaux. Il attend le bon moment pour se lancer. D’ailleurs, il s’est déjà fait un nom. Il est souvent en studio pour aider aux enregistrements et en tant que musicien à participer à certains projets. « On ne me compare pas à mon père, mais on me demande souvent de jouer ses titres », dit-il.

Cet ancien étudiant du collège Bambous SSS indique qu’il a mis fin à sa scolarité en Form III (Grade 9). « Je n’étais pas connecté à l’apprentissage que je recevais à l’école. Le sport, par contre, m’aidait à m’épanouir », dit-il. Il commence à suivre des cours de guitare. Il apprend les bases de la musique classique et développe une passion pour ce genre. Toutefois, il fait ressortir qu’il n’a pas un style de musique ni une chanson préféré. Il aime les ballades.

« Je me contente de gratter ma guitare. Les prestations dans les concerts, les pubs et les restaurants se multiplient. Certes, nous faisions plaisir au public en jouant du Kaya, mais nous partagons aussi nos compositions », raconte-t-il. Il est le chanteur principal et le guitariste d’un groupe. « Le seggae étant l’identité de Maurice, nous le jouons à l’international », ajoute-t-il.

Cependant, il ne joue pas que du seggae, l’héritage de son père. « Papa aimait sortir et passer du temps avec ses amis rasta. La communication était son point fort. Il savait quoi dire à qui et quand. Des fois, je me demande comment quelqu’un qui savait parler pouvait avoir des embrouilles avec les autres et a pu connaître un tel sort », fait-il ressortir.

Février noir

Le mardi 16 février 1999, Kaya, fondateur du groupe Racinetatane, est invité à un concert pour la dépénalisation de la marijuana à Rose-Hill. Deux jours plus tard, il est arrêté. Le petit Azaria et sa sœur sont à l’école. À leur retour, leur mère Véronique leur informe que leur père est en prison. Les jours passent et la famille est sans nouvelle de Kaya. L’inquiétude s’accentue.

« Même si j’avais 8 ans, je sentais que quelque chose n’allait pas. Mo ti pe santi laye. Pour changer d’air, maman nous a emmenés à la plage. C’était le dimanche 21 février », relate-t-il. Quelques heures après, un proche vient les rejoindre et les presse pour qu’ils rentrent chez eux à Beaux-Songes.

J’aime bien jouer dans des concerts et des festivals à la Réunion, car la musique y est appréciée à sa juste valeur»

C’est Reynald Collet, le frère aîné de Kaya, qui annonce la mauvaise nouvelle à Véronique et à ses deux enfants. « Azaria, bez sa, to papa inn mor », lâche-t-il. L’incompréhension laisse graduellement la place à la tristesse. Des cris et des pleurs s’enchaînent.

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Kaya aurait fêté ses 60 ans en 2020.

« J’ai commencé à avoir mal à la tête. Je me demandais ce qui lui était arrivé. Le ciel nous est tombé sur la tête. Petit, je ne comprenais pas ce que c’était la marijuana et pourquoi on l’associait à la musique », poursuit-il.

La triste nouvelle est relayée dans la presse. Le choc, la colère et un sentiment de révolte animent une partie de la population. Certains deviennent violents, déclenchant des émeutes.

« Cela nous touchait que beaucoup de personnes avaient de la considération et de l’admiration pour Kaya, sa musique et sa philosophie. La nouvelle les a bouleversées. Certains ont perdu la vie, d’autres ont été blessés. Ena dimoun inn reflesi e ena non », dit-il.

La famille est allée voir la dépouille dans une salle à Rose-Hill, avant de procéder à son enterrement à Roche-Bois, où il a vu le jour le 10 août 1960. L’interprète de Racine pé brilé aurait eu 60 ans en 2020.

« Mes parents étaient comme les autres couples. Il y avait quelques disputes, sans plus. Maman a toujours été à ses côtés. Elle ne s’est pas laissée décourager par les circonstances de la vie. Elle en a fait sa force et a pris soin de ma sœur et de moi. Elle a travaillé et a suivi des cours pour réaliser son rêve d’être coiffeuse », confie-t-il.

Kaya a toujours été créatif. « On me disait qu’il a travaillé comme maçon ou encore anfle kamion. Mais il voulait se consacrer à la musique. Aujourd’hui, il est connu pour être le père du seggae. »

Comme sa mère, il a conservé les objets liés à Kaya, notamment des coupures de presse et sa guitare électrique. « J’ai aussi conservé une mèche des cheveux de Kaya. »

Azaria a aussi des dreadlocks, mais il ne suit pas le mode de vie du mouvement rastafari.


10 Gram Pou Kaya, une démarche citoyenne

Jorez Box présente 10 GRAM POU KAYA, une démarche citoyenne pour célébrer l’héritage musical de Kaya au travers d’une série d’actions, aboutissant au dévoilement de la statue de Kaya (Seggaeman). Le projet 10 GRAM POU KAYA est financé à 100% par une collecte nationale. Un appel à contribution symbolique est lancé. Une pièce de Rs20 marquant les 20 ans de la disparition de Kaya. Et le poids d’une pièce de Rs 20 est de 10 grammes. Les quatre composantes du projet 10 GRAM POU KAYA sont estimés à Rs 5 millions :

Remettre en avant les valeurs de paix et d’amour prônés par Kaya, en seulement 10 ans de carrière (1989 à 1999) avant sa mort tragique. Vingt-ans après ce drame, son aura, sa musique et ses messages sont encore d’actualité, plus que jamais vivants. Avec le soutien musical de l’atelier Mo’zar (Roche-Bois) et des jeunes voix d’artistes locaux pour reprendre la chanson phare de Kaya : Sant Lamour. La chanson sortira en support dur sur CD et sera distribué gratuitement. Elle sera aussi en libre téléchargement sur le web.
Réaliser une fresque murale géante à Port-Louis ou à Roche Bois pour marquer cette figure de proue du seggae. Une collection de t-shirt avec l’image de la fresque sera réalisée pour la promotion de l’œuvre.

Une réalisation graphique du portrait sera faite par une équipe artistique composée de Nicolas Bastien-Sylva et Emilien Jubeau.
Une sculpture de Kaya, sa statue portant le nom de SEGGAEMAN. La réalisation de cette statue sera confiée aux départements des Beaux-Arts du MGI. L’Institut va travailler sur le modelage de la sculpture, qui servira de modèle pour la création en bronze, en France, à l’Atelier Langloÿs à Toulouse (Sébastien Langloÿs).

Sa musique a marqué l’histoire de notre île, son seggae est l’autre identité musicale de notre pays, après le sega. Que le jour de son anniversaire soit symbole de célébration du seggae dans notre île. Pour que le seggae reste à jamais une valeur et un héritage culturel pour ce peuple insulaire.

Mettre en place une scène de création autour du seggae, le 10 août 2019, avec un plateau inédit pour lancer la première édition du Seggae Music Day.


20e anniversaire de la mort de Kaya

Lape/Lamour/Linite au Port-Louis Waterfront

Le ministère des Arts et de la Culture et le centre Nelson-Mandela pour la culture africaine, en collaboration avec Jorez Box, présentent : Kaya - Sime Lalimier/Omaz 20 tan. L’événement se tiendra le jeudi 21 février à 19 heures sur l’esplanade du Port-Louis Waterfront. Cet hommage a pour objectif de célébrer l’héritage culturel de Kaya autour d’un plateau musical conçu spécialement pour cette soirée. Une pléiade d’artistes va reprendre les chansons de Kaya. L’Atelier Mo’Zar et Éric Triton vont proposer des morceaux de Kaya en instrumental. The Soul Frequency accompagnera Dagger KKila, Blakkayo, Steeve Laridain, La Nikita, Darriana Amerally et Soldat Zion.

Dans l’intimité de Kaya

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Blue Penny Museum consacre une exposition à Kaya.

Les vêtements, les chaussures, la guitare, des photos et les paroles des compositions de Kaya sont actuellement exposés au Blue Penny Museum, au Candan Waterfront. L’exposition se tiendra jusqu’au 31 mars. Elle peut être visitée du lundi à samedi de 10 heures à 16 h 30. Des coupures de presse, des films, des peintures et une quarantaine de portraits de Kaya et de ses musiciens Berger Agathe et George Corette (réalisées par l’artiste-peintre Karo) sont aussi exposés. Zafair Kaya, un documentaire de Michel Vuillermet, tourne en boucle pendant la durée de l’exposition.

Tribute to Kaya au Backstage

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Backstage rend hommage à Kaya.

Backstage, au Hennessy Park Hotel, à Ébène, va également rendre hommage à Kaya. Chante l’amour, Simé La Limière, Seggae Man, Ras Kouyon, Zistwar Revoltan, Fam dan zil ou encore Soley Bondié vont résonner grâce à deux musiciens qui ont cotoyé le chanteur, Damien Elisa et Berty Fok, le vendredi 22 février à partir de 17 heures. Jim Bachun et Yannick Mammerou seront aussi de la partie. DJ Jimmy Gassel clôturera la soirée.

Jam Pou Kaya !

Culture Events & Production et Kaspoz, à Ébène, organisent Jam Pou Kaya le vendredi 22 février, de 20 heures à minuit. Les Inkonus, Manraj Bicka, Jasmine Toulouse, Zion, Mélanie Peres, Fabien Cornelius, Anais Fanchin et Ti Punk seront sur scène.

 

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