Baromètre économique de PluriConseil : les opérateurs économiques sans états d’âme

Un mois après la présentation du budget national, l’humeur de la communauté des affaires n’est ni bonne ni mauvaise, constatent deux tiers des analystes.

1 L’économie sur un équilibre politique instable

Comment voyez-vous l’alliance gouvernementale ?

Des spéculations ont circulé au sujet d’un rapprochement entre le MSM et le MMM en raison des timides réactions mauves au budget orange. Des tensions se sont apparues dans les rangs du gouvernement après l’abandon du projet Heritage City. Mais 77% des sondés pensent que l’alliance gouvernementale demeure soudée, bien qu’instable. Reflétant cet équilibre précaire, « recent reversals in embraced economic strategies and decisions testify to the diverging views and stances being adopted by the authorities, while delays in the implementation of reform programmes are reflective of difficulties being faced by political leaders in moving forward in a synchronised way ». Néanmoins, « there are several instances of the authorities eventually agreeing on the right set of policy measures to be adopted in order to address socio-economic challenges ».

2 La bonne humeur s’est envolée

Quel est actuellement l’état d’esprit de la communauté des affaires ?

Lors du dernier baromètre, 43% des analystes saluaient un « bon » budget. Un mois après, seulement 10% sentent un « feel-good factor » dans la communauté des affaires. Ce qui s’est passé entre-temps, c’est qu’un ministre de la République fit initier une enquête policière sur le super conseiller du ministre des finances, et que la population fut choquée des Rs 19 millions octroyés par un organisme public à un conseiller légal. Alors que le discours budgétaire a envoyé le message que « there is someone in this country dealing with the economic agenda », il s’avère maintenant que « the business community is still awaiting for the contemplated Budget initiatives to be comprehensively executed », et que « investors do display an inquisitive sentiment as regards the direction in which the Mauritian economy is heading ».

3 Bon débarras d’un projet mégalomaniaque

Pour vous, fallait-il continuer avec le projet Heritage City ?

Quasiment toutes les personnes interrogées approuvent la décision du Conseil des ministres de mettre de côté « this megalomaniac Heritage City project ». Un analyste se demande « how does building a new city really improve productivity and generate sustainable growth ». Autre question : « Was there a proper investment appraisal exercise carried out? ». On ne sait pas « whether all parameters have been taken on board. Roads and other infrastructural facilities expenditures seem to have been ignored. » Il fallait avoir « more analysis of pros and cons ». Enfin, « il y a d’autres projets prioritaires » pour le gouvernement dont le rôle « is not to involve in real estate projects that can be provided more efficiently by the private sector. Public money has to be better used. »

4 Nécessité ne fait pas viabilité

Selon vous, le projet Métro Express est...

La grande majorité des répondants trouvent nécessaire le projet de métro léger, rebaptisé Métro Express, même si 57% estiment qu’il ne sera pas viable. D’un point de vue économique, « in addition to improving the quality of transportation networks and helping to enhance traffic levels for the improved welfare of the population and increased productivity of economic sectors, such a project is expected to increase the investment attractiveness of the country and its image as a hassle-free tourist destination ». Mais dans une optique comptable, « with a population of 1.3 million and with a forecasted 20% tourists taking the Metro, it will not be enough to bring the ridership level to a break even situation. The ticket has to be subsidised, and road tolls have to be levied to render the alternatives financially more onerous. »

5 Boost attendu de l’immobilier

De quelle manière les mesures budgétaires stimuleront-elles l’activité immobilière ?

Sept analystes sur dix affirment que les mesures budgétaires stimuleront sensiblement, voire largement, l’activité immobilière. Des incitations fiscales sont accordées aux particuliers pour acquérir un logement, et les étrangers peuvent plus facilement acheter des appartements. Précisément, « it is only if more foreigners buy property in Mauritius that we will see a major boost for the sector, but this will not be easy ». La performance immobilière dépend de la demande, mais « with current disposable income, there is a glut in the market although there are many young couples still living with their parents ». Les nouvelles facilités accordées aux étrangers vont « accentuer la spéculation foncière », sauf si « there is economic activity attracting and retaining expatriates in Mauritius ».

6 La taxe sociale de l’entreprise

Selon vous, la nouvelle approche en matière de Corporate Social Responsibility sera socialement...

Dorénavant, les entreprises ne pourront pas utiliser à leur guise les 2% de bénéfices imposables au titre de la responsabilité sociale de l’entreprise : elles devront obligatoirement soumettre 1% à la Mauritius Revenue Authority, taux qui passera ensuite à 1,5%. Le nouveau cadre opératoire « might get rid of some fraudulent practices », mais « it is now becoming a tax, it reduces private sector involvement and it eliminates employees’ commitment ». Pour 53% des sondés, cette nouvelle approche sera moins efficace en termes de rendement social, car « civil servants working from 9 a.m. to 4 p.m. cannot handle this type of activity ». Certes, « there may be some cash greedy non-government organisations, but a financial and operational audit with key performance indicators will help ».

7 Le gouvernement sur la bonne voie

Selon vous, la politique gouvernementale pour lutter contre la pauvreté extrême est...

Le ministre des finances veut appliquer « concrètement » un Plan Marshall contre la pauvreté extrême (absolute poverty), doté de nombreuses mesures budgétaires. Pour quatre analystes sur cinq, cette politique est appropriée, « focusing on enabling the poor rather than making them further dependent on the state ». Elle est, cependant, insuffisante selon un répondant sur deux. Pour pouvoir faire plus, il faudra cesser d’accorder des aides sociales sur une base universelle. Mais « our government cannot do targeted spending because of vote bank politics ». Pour ceux qui voient cette approche inappropriée, « l’assistanat n’est pas le meilleur moyen de combattre la pauvreté ».

8 La Bourse dans l’après-budget

A quel niveau situez-vous le Semdex d’ici à la fin de l’année 2016 ?

Le jour de la présentation du budget, soit le 29 juillet, le Semdex était à 1 787 points. L’indice boursier a ensuite progressé pour passer au-dessus des 1 800 points. D’ici à la fin de cette année, il ne redescendra pas à son niveau d’avant le budget, selon 93% des sondés. S’il dépasse les 1 850 points, c’est parce que « there is good value but it depends on foreign investor sentiment towards emerging markets ». S’il reste plus ou moins stable, c’est que « much will depend on the financial results reported by heavyweights such as MCB and SBM. The hotels with high exposure to Mauritius should also do well. » Et puis, « investors in search of yield may shift to the stock market which has a 4.1% dividend yield ».

Enquête réalisée par PluriConseil du 29 au 31 août 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers.