Société

Biodiversité en danger: les gardiens de l’écosystème

Ils ne s’épargnent aucun effort pour la sauvegarde de l’écosystème. En marge de la Journée internationale de la biodiversité, le 22 mai, rencontre avec trois passionnés protecteurs de la nature.

Natalie Summers: la sirène des fonds marins

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18553","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-31674","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Natalie Summers"}}]] Elle est au chevet de nos lagons, qui sont, dit-elle, « en mauvais état ». Natalie Summers est biologiste marine au sein de l’ONG Reef Conservation. « Il y a une grosse dégradation au niveau des coraux pour des causes naturelles. Les températures élevées de la mer depuis le début de l’année ont provoqué le blanchiment des coraux. La situation a été aggravée par les activités humaines et leur rétablissement a été retardé », explique-t-elle.
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/div> La jeune femme passe le plus clair de son temps en mer. Quand elle est sur le plancher des vaches, c’est pour participer à des campagnes en vue de sensibiliser la population sur l’importance de sauvegarder l’écosystème marin. « Les récifs coralliens constituent d’importantes ressources écologiques et économiques pour notre pays. Les touristes viennent à Maurice pour la beauté des lieux et nos belles plages. Si on ne les protège pas, cela risque d’avoir un gros impact sur notre industrie touristique ». Le métier, auquel elle s’adonne avec passion, est souvent éreintant. Il requiert, selon elle, beaucoup de motivation personnelle et aussi de l’optimisme. Surtout lorsqu’on constate que les choses ne s’améliorent pas en dépit des efforts consentis par tous ceux engagés dans la sauvegarde de l’environnement. Natalie Summers puise sa force de sa passion pour la mer et son amour pour les animaux. Alors qu’elle se destinait à devenir vétérinaire, elle a été attirée, puis gobée par les fonds marins. Elle s’est alors spécialisée dans des études sur la biologie marine. Désormais, l’écosystème marin n’a plus aucun secret pour elle. Elle peut disserter des heures sur les fonctions du concombre de mer (bambara), qui rebute certains, mais que d’autres aiment avoir au menu. « Ils ont pour fonction de nettoyer les lagons et aident à garder nos plages propres en mangeant tout ce qui est pourri dans le lagon », dit-elle. Connaître le rôle de chaque espèce peut, ajoute-t-elle, aider à une meilleure compréhension de l’importance du respect et de la sauvegarde de notre biodiversité.  
 

Rouben Mootoocurpen: un aventurier au service de la nature

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18552","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-31673","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Rouben Mootoocurpen"}}]] « Il faut prendre soin de notre biodiversité, car les espèces endémiques sont en danger. » Rouben Mootoocurpen, biologiste et Assistant Island Restauration Coordinator à la Mauritian Wildlife Foundation, est formel. « Il faut agir afin que certaines espèces ne connaissent pas le même sort que le dodo », dit-il. Passionné de la nature et des animaux, Rouben Mootoocurpen ne pensait pas qu’un jour, il côtoierait des reptiles comme le boa ou le Telfair shrink. Au départ, il était effrayé rien qu’à l’idée de toucher des serpents, mais avec le temps, il a même appris à aimer ces bêtes. « Au fond, ce sont des animaux dociles qu’il faut savoir approcher.» Rouben Mootoocurpen a eu la chance d’avoir le Dr Nik Cole pour mentor. Ce dernier lui a enseigné les rudiments du métier, en l’aidant à comprendre le mode de vie des reptiles. Un exercice qui a nécessité beaucoup de patience. D’autant que le jeune Mauricien a souvent dû s’isoler du monde (à l’île-aux-Aigrettes ou l’île Ronde) pour des observations. « Il faut avoir une âme d’aventurier.» Le travail de conservation est difficile, dit-il, mais cela en vaut la peine. « Ce job consiste à perpétuer les espèces et à permettre aux prochaines générations de les découvrir. Cela ne s’arrêtera jamais. » Rouben Mootoocurpen travaille à la Mauritian Wildlife Foundation depuis 15 ans. Pour lui, il y a un gros travail à faire au niveau de l’éducation de la population. « Il faut sensibiliser les Mauriciens dès leur plus jeune âge. De plus, tout le monde doit se sentir concerné.» Pour le biologiste, il est tout aussi important d’avoir un meilleur contrôle des espèces invasives, qu’il s’agisse d’animaux ou de plantes, qui mettent à mal notre écosystème fragile. « Maurice est un petit paradis qu’il nous faut préserver. Chaque espèce endémique a un rôle à jouer, les plantes comme les animaux, surtout pour la pollinisation, qui assure la régénération des plantes. » La situation, dit-il, est d’autant plus grave que le pays ne compte que 2 % de forêt primaire. Rouben Mootoocurpen est fier de ce qu’il a accompli pour la sauvegarde de notre biodiversité durant ses quinze années de carrière. Ce job lui a donné la possibilité de voyager, de découvrir d’autres horizons et de partager ses connaissances. « Toutefois, ce qui me fascine le plus, c’est que j’ai pu tenir entre mes mains des espèces d’animaux très rares », dit-il.  
 

Josheena Naggea: « Un travail louable »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18556","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-31678","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Josheena Naggea"}}]] « Il est très important de susciter l’intérêt de la population à la sauvegarde de l’environnement. Notre avenir et celui des générations futures en dépendent. » Josheena Naggea est d’avis que les Mauriciens doivent réaliser que tout objet en plastique jeté n’importe où dans l’île atterrira forcément, grâce au vent ou à l’eau des rivières, à la mer.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18550","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-31671","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Josheena Naggea"}}]] Josheena Naggea

Project Manager pour le projet Lagon Bleu, mis en place par l’ONG Eco-Sud, depuis sept mois, Josheena Naggea s’est immédiatement sentie dans son élément. Elle a eu l’occasion d’appliquer les concepts appris durant ses études universitaires. À son retour au pays fin 2015, la jeune femme ne pensait pas trouver aussi vite un job passionnant. Un stage au sein de la Mauritian Wildlife Foundation a changé sa vie. Ce fut le début d’une formidable aventure. « C’est un travail louable. On se sent investi d’une mission », dit-elle. Josheena Naggea encourage les jeunes à s’engager dans ce domaine. « Il est possible d’y faire carrière », assure-t-elle. Jusqu’ici, elle a participé à diverses campagnes de sensibilisation à l’importance de la conservation de l’écosystème auprès des pêcheurs, des skippers et des écoliers. « Ce job a donné un sens à ma vie. Cela requiert du dynamisme et j’aime ça ! » affirme-t-elle. Josheena Naggea dit avoir aussi connu des moments de déception : « J’ai eu un pincement au cœur lorsque les autorités ont procédé à l’abattage des chauve-souris. Il est important de réaliser que ces espèces ont un rôle écologique essentiel en tant que pollinisateurs et disséminateurs de graines ». La jeune femme est aussi engagée dans la conservation de la biodiversité marine. Pour elle, développer un sentiment d’appartenance à notre environnement naturel est primordial. Elle salue notamment la décision des autorités de stopper temporairement la pêche des poulpes. Josheena Naggea prône « une pêche soutenable et responsable ». Mais, souligne-t-elle, l’État ne peut tout faire. « La population doit se sentir concernée par la sauvegarde de l’environnement. »  
 

Message de Ban ki-moon: « Il faut préserver toute forme de vie sur Terre »

La Journée internationale de la biodiversité est observée le 22 mai. Elle vise à sensibiliser la population mondiale sur l’importance de la protection de l’écosystème. Le thème choisi cette année est : « Intégrer la biodiversité pour le maintien des populations et de leurs moyens de subsistance ».
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18551","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-31672","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Ban ki-moon"}}]] Ban ki-moon

Dans son message de circonstance, Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, rappelle un fait tout simple. « La biodiversité et les services rendus par les écosystèmes sont les fondements mêmes de la vie sur Terre. Les moyens de subsistance et le bien-être des hommes partout dans le monde en dépendent. Nous devons absolument protéger la biodiversité et empêcher qu’elle continue de s’appauvrir, afin de garantir notre avenir collectif », écrit-il. Il déplore que l’appauvrissement de la biodiversité continue de s’intensifier aux quatre coins du monde, en dépit des nombreux engagements pris pour y remédier : « Seulement 15 % des pays sont en voie d’atteindre les objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique d’ici à l’échéance de 2020. » Ban Ki-Moon considère aussi qu’une « utilisation responsable » des ressources naturelles est essentielle au développement durable. « En prenant systématiquement en compte la biodiversité, nous pourrons faire en sorte que les efforts déployés pour répondre aux besoins en matière de développement et ceux de protection de l’environnement soient complémentaires. » Il exhorte par ailleurs tous les gouvernements et toutes les parties prenantes à préserver toutes les formes de vie sur Terre et à garantir leur pérennité, pour le bien des générations présentes et à venir. « La préservation de la diversité biologique est une clause essentielle du pacte que nous avons conclu les uns avec les autres et avec notre planète nourricière. »
 

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