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[Blog] «Ne pas avoir à choisir entre développement et environnement : au Sommet de Paris, la France appelle la communauté internationale à 'un choc de financement'»

* Construire ensemble un système financier international plus réactif, plus juste, et plus solidaire

L’architecture financière internationale héritée de l’après-guerre n’est plus suffisamment adaptée au creusement des inégalités, au défi climatique, à l’érosion de la biodiversité et aux défis de santé publique qui marquent le 21ème siècle. Les réponses apportées par la communauté internationale sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes. Ainsi, d’une part, les ressources concessionnelles déployées par les institutions de développement ne délivrent pas tout leur potentiel, notamment en termes d’impact, de co-financement et d’adéquation aux besoins. D’autre part, le renchérissement des conditions de financement et l’accroissement de l’endettement freinent les investissements dans les pays en développement et ne leur donnent pas les moyens d’affronter les défis auxquels ils font face.

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A l’instar des autres Etats insulaires impactés par les chocs internationaux et les effets du changement climatique, Maurice est particulièrement concernée par ces défis. La mobilisation des secteurs public et privé pour faire avancer des initiatives concrètes (financements verts, économie circulaire…) témoignent de la volonté d’aller plus loin dans la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement. A travers l’appui financier de l’Agence Française de Développement (AFD), déjà très active sur le secteur de l’eau à Maurice (y compris à Rodrigues), la France soutient aussi le rehaussement de l’ambition climatique du pays, en cohérence avec les engagements pris par Maurice au travers de l’Accord de Paris en 2015. L’Agence a ainsi apporté son appui à la structuration de sa Contribution Déterminée au niveau National et travaille actuellement avec les autorités compétentes à l’élaboration de Stratégies de Long-Terme (« Vision 2050 »). 

Au plan mondial, au regard de l’ampleur des défis dans un contexte inédit, la solidarité internationale est plus que jamais indispensable alors que les crises se multiplient, ce qui fragilise encore davantage les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Pour permettre aux pays les plus exposés de sortir de la crise COVID-19, de faire face aux conséquences de l’agression russe en Ukraine sur leur sécurité alimentaire et énergétique, et de financer le coût très élevé de la transition climatique et des conséquences des événements climatiques extrêmes, un changement d’échelle s’impose.

Le système financier international hérité de Bretton Woods touche à ses limites, alors que deux risques majeurs pèsent sur l’avenir de notre planète : d’abord un soutien insuffisant au développement et à la protection des biens publics mondiaux, faute de ressources mobilisées, et surtout, un risque de fragmentation géopolitique, dans un moment où nous avons plus que jamais besoin d’un multilatéralisme efficace et d’une coopération renforcée.

Nombre de pays du G7 et du G20, d’organisations et d’associations, partagent avec la France ce constat et souhaitent porter cette même conviction : nous devons agir vite et ensemble pour corriger les déséquilibres et injustices qu’engendrent ces fractures. Nous appelons donc, aujourd’hui, à une révision de notre logiciel et à un choc de financement.

C’est l’objectif du Sommet pour le Nouveau Pacte financier mondial, qui se tiendra à Paris, les 22 et 23 juin prochains. Ce sommet se veut inclusif – chaque pays, chaque sensibilité, chaque proposition devra pouvoir s’exprimer. A cet égard, la France est particulièrement honorée que Maurice ait annoncé sa participation à haut niveau au Sommet, et salue sa présence aux côtés des autres Etats insulaires de l’océan Indien. 

Ce sommet s’inscrit dans une dynamique positive : le lancement de la réforme de la Banque mondiale, la présidence indienne du G20 et celle du Brésil à venir, la revue à mi-parcours des objectifs du développement durable, les engagements pris lors des COP sont autant de motifs d’espoir pour poursuivre cet élan. Et des solutions tangibles ont déjà été amorcées : le Club de Paris et le G20 ont lancé une initiative de traitement de la dette, et la France joue un rôle pivot dans la mise en œuvre de solutions coordonnées au sein de ce « Cadre commun ». Nous avons proposé et obtenu la mobilisation de 100 Md$ de droits de tirage spéciaux du FMI au profit des pays les plus vulnérables. 

Mais il faut aujourd’hui aller plus loin, en nous inspirant, par exemple, de l’Initiative de Bridgetown, un ensemble de solutions innovantes porté par la Barbade, pour faire face à la vulnérabilité climatique qui touche de nombreux pays en développement et à revenu intermédiaire. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le soutien apporté par l’AFD à Maurice à travers des projets concrets visant à favoriser la meilleure connaissance des vulnérabilités du littoral, avec l’appui du bureau d’expertise français BRGM, ainsi qu’à renforcer la résilience des écosystèmes côtiers en promouvant des solutions fondées sur la nature comme le projet régional RECOS. 

A Paris, un agenda de réformes des banques de développement et du FMI sera porté pour mieux financer les pays qui en ont le plus besoin ainsi que les défis globaux. C'est aussi la volonté de mobiliser davantage de financements privés à travers des mécanismes de garantie et de partage des risques afin de réorienter les flux financiers vers ces pays afin notamment de soutenir le secteur privé local et les infrastructures durables. 

Le Sommet pour un nouveau pacte financier mettra au premier plan les enjeux financiers internationaux, la présence de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement donnera l’impulsion nécessaire pour obtenir les transformations qui s’imposent.

Nous n'avons pas à choisir entre la lutte contre la pauvreté, la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences, et la protection de la biodiversité. La transition juste est la seule réponse.

Tribune de l’Ambassadrice de France à Maurice S.E. Mme Florence Caussé-Tissier

 

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