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À Camp La Paille et Cité La Ferme, Bambous - Accumulations d’eau : des familles vivent les pieds dans l’eau 

Rosemay, 68 ans (à gauche), sa fille Marie-Rose et ses petits-enfants.
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Pauvreté extrême, insalubrité, accumulations d’eau, drains obstrués... Autant de problèmes auxquels font face les habitants de Camp La Paille et Cité La Ferme, Bambous. Ils vivent dans des conditions plus que déplorables et leur situation s’aggrave davantage, surtout lors de la période des grosses pluies. Ces familles nous ont confié leur misère et leurs inquiétudes. 

Il a beaucoup plu dans la nuit du samedi 23 novembre jusqu’aux petites heures de dimanche matin. À Camp La Paille, Cité La Ferme et Bambous, de nombreuses familles n’ont pas fermé l’œil de la nuit. La plupart, qui vivent dans des situations de précarité, ont retrouvé leur logis submergé par les eaux avec l’arrivée des averses. Meubles, matelas et nourriture abîmés, ces habitants en ont plus qu’assez de cette situation qui perdure depuis déjà quelques années.

200 à 300 familles vivent à Camp La Paille où de nombreuses habitations sont dans un état insalubre après les averses, ce malgré les travaux de drains effectués il y a quelques années pour remédier au problème. À la retraite, Angélique Joliecoeur nous explique qu’elle est dans l’incapacité de circuler dans sa maison après les grosses pluies. Un drain est situé juste devant sa maison dans laquelle vivent 11 personnes. Elle nous a invités à constater la situation.

« L'eau usée traverse constamment ma maison et se dirige ensuite vers les drains. Quand il pleut, cette eau insalubre ainsi que les eaux de pluie s’accumulent. Nous avons passé la nuit à retirer l’eau de la maison dimanche jusqu’aux petites heures du matin. De plus, le chemin devant chez moi était impraticable. Quand il ne pleut pas, je passe mon temps à nettoyer le sol, car nous ne pouvons pas dormir la nuit à cause de l’odeur nauséabonde qui est dangereuse pour ma santé et surtout celle de mes petits-enfants», nous relate-t-elle. Angélique Joliecoeur demande que les autorités concernées trouvent une solution au plus vite à son problème. Elle soutient que les drains construits il y a quelques années ne servent plus à rien. 

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La maison de Marie Elvire L’amoureux, 85 ans, se transforme en une passoire avec les grosses averses.

Extrême pauvreté 

À Cité La Ferme, la grande majorité des habitants ne détiennent aucun titre de propriété. Ces squatteurs ont construit leur maison à partir de matériaux délabrés et certains vivent sans eau ni électricité. Sur un terrain en friche, nous retrouvons plus d’une dizaine de petites cases en bois et en tôle.  Nous faisons la connaissance de grand-mère Rosemay, âgée de 68 ans, et de sa fille, Marie-Rose Jean. Elles habitent la même cour. Un petit logis fait office de chambre à coucher pour Rosemay qui raconte que l’eau lui est montée presque aux genoux durant le week-end dernier.
Juste à côté de sa maison, on retrouve celle de sa fille Marie-Rose Jean qui vit avec ses cinq enfants et son mari. Ils partagent tous une seule et même chambre. Dans un petit coin de sa cour où se mêlent ordures et boue se trouve sa cuisine. 

« Nous vivons seulement avec la pension d’invalidité que touche mon mari et je ne perçois aucune aide. L’eau a envahi notre cour avec les grosses averses. Nous vivons ici depuis 20 ans et ce problème ne fait que perdurer. Nous voulons simplement avoir une maison où nous n’aurons plus à faire face à ce genre de problèmes,» dit-elle.

Un peu plus loin, presque au bord du réservoir de La Ferme, se trouve la maison de Marie Elvire L’amoureux. Malgré sa situation pénible, elle nous accueille avec un large sourire. À 85 ans, cette grand-mère doit se débrouiller seule pour sauver les quelques meubles de sa maison quand arrivent les grosses pluies. « J’habite Cité La Ferme depuis plus de 25 ans. Les feuilles de tôle de ma maison sont vieilles et abimées. Ma maison se transforme en une passoire. Je ne dors pas quand il pleut. Je dois recouvrir mes meubles d’une nappe en plastique et sauver mon matelas. L’eau a abîmé les tiroirs du bas de mon armoire. Je pleure quand il pleut. Je suis pauvre, mais j’aime que ma maison soit en ordre. » La vieille dame souhaite que sa situation s’améliore pour qu’elle puisse finir ses jours paisiblement. 

Plus au bas, vit la famille Lohor. Ramesh travaille comme laboureur et Peshwaree travaille à temps partiel dans un potager. Ils habitent avec leurs quatre enfants dans une petite case où la même pièce sert de chambre à coucher, de TV-room et de cuisine. «Nos quatre enfants partagent le seul lit que nous avons, tandis que mon mari et moi dormons sur un matelas posé à même le sol. Avec les averses, nous avons passé une nuit blanche et les enfants ont dû garder avec eux sur leur lit les provisions pour qu’elles ne s’abîment pas», nous raconte Peshwaree. Cette famille, qui n’a pas d’électricité, doit se servir du réseau des habitants qui en ont. Son souhait : avoir un petit coin bien à elle.

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Peshwaree et Ramesh dans leur seule pièce qui fait office de chambre à coucher, de TV-room et de cuisine.

Accumulations d’eau

Un problème qui ne date pas d’hier

La situation dans laquelle vivent certaines de ces familles n’est pas chose nouvelle. Depuis plusieurs années, les autorités ont tenté de venir en aide à ces habitants et plusieurs études ont été menées afin de trouver des solutions adaptées à ces problèmes sociaux et environnementaux. La Women’s Foundation for World Peace, qui est affiliée aux Nations Unies, a mené une étude en 2015 sur la pauvreté extrême à Cité La Ferme. Le rapport de l’ONG indique que la pauvreté dans la région de La Ferme, Bambous, est principalement liée au manque de nourriture, à l’incapacité des habitants à subvenir à leurs besoins, à l’état de leurs logis ainsi qu’au manque d’éducation.

Au début de 2018, les habitants de Cité la Ferme ont vécu un cauchemar avec le passage du cyclone Berguitta. Victimes d’inondations pendant le passage de ce cyclone, les habitants n’ont pas été épargnés avec les grosses averses. Beaucoup de maisons ont été complètement inondées.

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Des eaux usées traversent la cuisine d’Angélique Joliecouer

 

 

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