Celle qui ne voulait pas être une présidente vase-à-fleurs

Ameenah Gurib-Fakim

Elle projetait l’image d’une femme simple et très terre à terre. Quelques mois à peine avant qu’elle ne soit appelée à remplacer l’ancien bras droit de Navin Ramgoolam au Réduit, les images d’Ameenah Gurib-Fakim faisant ses courses au bazar de Quatre-Bornes confortaient l’idée des Mauriciens que le choix du vice-Premier ministre, Ivan Collendavelloo, était le bon. Elle annonçait déjà la couleur : « Je ne serai pas une présidente vase-à-fleurs ».

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Chercheuse de renommée internationale, primée par L’Oréal et l’Unesco, écartée de la direction de l’université de Maurice, cette nomination était considérée comme la consécration pour une femme à qui tout réussi, envers et contre tout. Notamment parce qu’elle n’a pas collé des affiches pour occuper une telle fonction. Un tabou venait aussi d’être brisé : un Mauricien pouvait aspirer à être président même s’il n’est pas issu du sérail politique.

La nation s’était prise de compassion pour Ameenah Gurib-Fakim lors de la campagne dans le cadre des dernières élections législatives. Navin Ramgoolam s’était « bassement » attaqué à elle lors d’un meeting à Phoenix, soutenant qu’elle n’était  « pas digne » d’être présidente car elle n’avait pas été choisie pour diriger l’université de Maurice.

En novembre 2016 cependant, dix-sept mois après sa nomination, des critiques ont fusé autour de ses voyages, ce qui lui a valu le sobriquet de « pigeon-voyageur ». Sa visite d’État au Pakistan à l’invitation de son homologue Mamnoon Hussain, ainsi que son engagement personnel dans l’organisation d’une semaine pakistanaise dans l’île, a provoqué l’ire de ceux habitués à glorifier New-Delhi, lequel venait d’avancer 200 millions de dollars pour des travaux d’infrastructures.

Face aux critiques du ministre Anil Gayan, la Présidente avait rétorqué : « Mes déplacements ont rapporté plus d’un milliard de roupies au pays. Je dois pouvoir justifier mon salaire à chaque fin de mois ». Elle mettait également de l’avant les bourses offertes par son ami Alvaro Sobrinho à travers Planet Earth Institute. C’est à cause de lui qu’elle s’est retrouvée au centre d’une grosse polémique l’an dernier, le banquier étant mouillé dans une affaire de détournement de fonds de la filiale d’une banque portugaise qu’il dirigeait en Angola au profit de ses proches et de ceux de l’ex-président angolais, José dos Santos.

Il y a également le fait que le secrétaire mis à la disposition de la présidente par l’État a pris un an de «  leave without pay » pour être au service du milliardaire angolais, à travers la société immobilière Vango.

 

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