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Ces hôpitaux en mauvaise santé

Chaises cassées à l’hopital Moka.
Chaises et toilettes cassées, équipements dépassés... Les établissements publics de santé n’ont pas fière allure. Depuis que le service Défi WhatsApp a été créé, plusieurs personnes nous ont envoyé des clichés pour dénoncer l’état dans lequel se trouvent des hôpitaux et des dispensaires.
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/div> Le vent fait claquer une porte dont la poignée est cassée. Un bruit répétitif qui met les nerfs à rude épreuve dans une salle comble où personnes âgées, femmes enceintes et enfants doivent attendre debout.  Ce ne sont pourtant ni les bancs ni les chaises qui manquent dans ce dispensaire de l’Est. Mais, nous explique un patient, « bann ban-la kase. Pa kapav asize. Bizin res dibout avan pas ar dokter ». Alors, pas le choix : il faut prendre son mal en patience. Ce cas n’est pas isolé, loin s’en faut. Dans de nombreux établissements publics de santé, l’état des infrastructures laisse à désirer. Des patients nous ont envoyé des photos via notre service Défi WhatsApp, pour dénoncer une situation que plusieurs ont fini par considérer comme la norme… Nous nous sommes donc rendus dans quelques-uns des établissements de soin pour dresser un état des lieux. Islam Mustakeem, un habitant de Rose-Belle, fréquente le dispensaire de cette région depuis plusieurs années. Il affirme avoir été témoin de la dégradation progressive de cet établissement au fil du temps, sans aucune réaction de la part des autorités. Ces dernières semaines, c’est l’état de la salle d’attente qui pose problème. [row custom_class=""][/row] [col-md-4]
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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23147","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-37105","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"700","height":"933","alt":"Porte papier"}}]] Porte papier transformé en cendrier à l’hôpital Jeetoo.

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« Personne n’a le courage d’en parler »

« Je suis conscient qu’il y a des travaux de rénovation en cours. Je suis quand même d’avis que les autorités auraient dû trouver des alternatives. Des personnes âgées, des femmes enceintes et des enfants sont obligés de rester debout en attendant d’être reçus par le médecin. Cela dure depuis plusieurs semaines mais personne n’a le courage d’en parler », déplore-t-il. Une situation similaire à celle dénoncée par un patient du Subramania Bharati Eye Hospital de Moka : les chaises cassées de la salle d’attente ne sont pas remplacées. Les patients doivent donc se débrouiller en attendant le médecin. À l’hôpital Victoria, à Candos, le problème principal vient des toilettes. Dans cet établissement récemment construit, « les toilettes ne fonctionnent pas. C’est un gros problème pour les patients, surtout pour les plus âgés, témoigne Sameer, 72 ans. Les robinets fuient, l’eau déborde et il y a des flaques. C’est dangereux car on peut facilement faire une chute et se blesser. Nous venons à l’hôpital afin de retrouver la santé et non pour en sortir avec une fracture! »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23158","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-37110","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"\u00c0 l\u2019h\u00f4pital Victoria"}}]] Toilettes en piteux état à l’hopital Victoria, Candos.

[row custom_class=""][/row] Les toilettes, c’est aussi un des sujets qui fâchent à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis. Dans cet établissement de santé érigé il y a environ cinq ans, à la façade moderne, les lavabos et les toilettes sont ébréchées. Des bouteilles en plastique découpées sont utilisées pour tenter, tant bien que mal, de récupérer l’eau des robinets qui fuient. Pour Jocelyne, une patiente, cette situation est intolérable. « Est-ce la gratuité des services de santé qui est la cause d’un tel manque d’entretien et d’hygiène ? C’est la question que je me pose quand je vois l’état des toilettes. Pour moi, ce n’est pas normal de ne pas entretenir régulièrement les hôpitaux. » Cependant, Ameer (prénom fictif), un infirmier affecté à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, souligne que c’est aussi la faute des patients. « Beaucoup d’entre eux n’ont aucun respect pour les équipements. Certains fument dans les toilettes et y jettent leurs mégots de cigarette. D’autres urinent par terre sans la moindre gêne. J’ai personnellement vu un patient se mettre debout sur les toilettes. Nous ne pouvons malheureusement rien leur dire. C’est injuste de critiquer uniquement les autorités. Chacun doit prendre ses responsabilités», réplique-t-il. Outre les infrastructures, les équipements des hôpitaux aussi font l’objet de critiques acerbes. Un internaute nous a envoyé la photo d’un vieil homme sur une civière. Il était allongé à même les barres de fer car il n’y avait ni matelas ni coussin sur la civière. « Comment peut-on traiter les gens ainsi ? Il faut quand même avoir une dose d’humanité. Le vieil homme souffrait le martyre et la civière en mauvais état n’a fait qu’amplifier sa souffrance. Nous en avons demandé une autre au personnel de l’hôpital mais c’était la seule civière disponible. »

Pigeons et chiens errants

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23156","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-37109","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Chiens errants"}}]] La présence de chiens errants dérange les patients.

[row custom_class=""][/row] La travailleuse sociale Shamima Patel-Teeluck, présidente de l’association Breast Cancer Care, a souvent dénoncé le manque d’équipement et d’entretien dans certains hôpitaux. Elle affirme que « cela ne sert à rien d’adresser ses doléances aux autorités concernées. J’ai l’impression qu’elles tombent dans l’oreille d’un sourd. Les autorités se disent conscientes de la situation. Plusieurs rapports ont été faits mais cela n’a rien changé. La situation est identique, voire même pire qu’avant », insiste-t-elle. La travailleuse sociale relève un autre problème qui, dit-elle, devient de plus en plus fréquent dans les hôpitaux : la prolifération des chiens errants et des pigeons. « Il n’y a pas de portail et la cour est ouverte aux animaux errants. Plusieurs patients se sont plaint que ces animaux dérangent, surtout à la tombée de la nuit quand les malades essaient de se reposer. Et dans certaines chambres, les pigeons parviennent à se frayer un chemin à l’intérieur. Les patients ont alors droit, toute la nuit, au bruit des bagarres de chiens errants et à l’odeur des déjections des pigeons », affirme Shamima Patel-Teeluck. Elle ajoute que des requêtes ont été envoyées pour que des solutions soient trouvées mais elle ne se fait pas d’illusion… « L’attente sera définitivement longue », soupire-t-elle.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23167","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-37112","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"700","height":"933","alt":"Sparadraps"}}]] Des sparadraps utilisés pour fixer une prise au mur à la médiclinique de Triolet.

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23163","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-37111","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"700","height":"933","alt":"Tuyaux apparents \u00e0 l\u2019hopital Victoria Candos."}}]] Tuyaux apparents à l’hopital Victoria Candos.

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Sujet tabou

C’est un problème qui ne date pas d’hier. Plusieurs associations ont envoyé des requêtes aux autorités concernées, souvent en vain. Pour le président de la Nursing Association, Ram Nowzadick, cette situation est inacceptable : « C’est un sujet très sérieux et les autorités doivent trouver une solution au plus vite. Comment peut-on veiller à la santé de nos patients dans de telles conditions ? Certains hôpitaux sont dépourvus de portails et sont des repères pour animaux errants. Au niveau de notre association, nous avons recueilli les témoignages de nombreux patients qui se disent choqués par l’état des hôpitaux. » Il estime que ce problème est dû à un manque de contrôle et au laisser-aller. Il ajoute que ce sont les patients qui sont pénalisés car cela a un impact considérable sur la qualité du service. Chez les médecins, l’état des hôpitaux reste un sujet tabou. Craignant d’être mêlés à une polémique, nombre d’entre eux ont préféré ne pas témoigner. Ils répondent avoir accepté les conditions dans lesquelles ils sont contraints de travailler. Cepndant, sous le couvert de l’anonymat, un médecin affecté à un établissement de santé de l’Est dénonce le laxisme des autorités : « Les salles d’attente sont mal ventilées. Certains jours, les patients sont contraints de rester debout par manque de sièges. Les toilettes destinées au public et même celles du personnel sont parfois dans un état déplorable. Les parties endommagées ne sont pas remplacées. C’est ainsi que nous nous retrouvons avec des toilettes inondées. »  
   

De très longues procédures

L’entretien des hôpitaux et des dispensaires se fait uniquement en cas de besoin, nous précise un officier du ministère de la Santé. Par ailleurs, c’est le ministère des Infrastructures publiques qui enclenche les procédures pour la mise à niveau de ces établissements de soin. Plusieurs projets ont déjà été menés à bien par les autorités, alors que d’autre sont toujours en cours. Par exemple, des travaux ont été entrepris pour l’entretien de l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle. De nouveaux sièges ont été installés aux urgences et dans le département ambulatoire (Outpatient). En ce qui concerne le piteux état dans lequel se trouvent certains hôpitaux, notre interlocuteur explique que l’âge du bâtiment en est souvent une des causes. En effet, plusieurs de ces établissements datent de plusieurs années et l’entretien n’est pas suffisant. Parfois, il faut tout démolir et reconstruire. Mais il précise qu’il existe des procédures à suivre avant de pouvoir prendre une telle décision. De plus, l’officier explique que même pour l’entretien des hôpitaux, les procédures sont très longues. En premier lieu, c’est au directeur de l’hôpital ou au responsable du dispensaire de fournir un rapport complet sur l’état du bâtiment au ministère de la Santé. Ensuite, celui-ci réfère le cas au ministère des Infrastructures publiques. Les officiers de ce ministère vont soumettre un rapport après avoir fait un constat de visu. Ils procéderont ensuite à la mise à niveau du bâtiment selon le budget alloué. Cependant, rappelle notre interlocuteur, le mauvais état des établissements de santé est aussi lié à l’incivisme de certains Mauriciens.
 

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