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Ces «remèdes miracles» vendus sur les réseaux sociaux : la prudence reste de mise 

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Une variété de crèmes visant à résoudre divers problèmes cutanés et de gels censés soulager les douleurs articulaires, entre autres produits pharmaceutiques, sont mis en vente sur les réseaux sociaux. Bien que l’attrait de ces produits puisse être évident, les professionnels de santé expriment des préoccupations sur les risques potentiels associés à leur utilisation. 

Les produits pharmaceutiques commercialisés sur les réseaux sociaux, vendus comme des « remèdes miracles », sont tentants. Mais derrière leur attrait subsistent des risques pour la santé. Les experts insistent sur l’importance d’obtenir un avis médical. Le Dr Karishma Deenoo, dermatologue, met en exergue l’importance de consulter un professionnel de santé avant d’utiliser un produit médical ou d’entreprendre un traitement. 

Cette démarche préventive est nécessaire en raison des possibles effets secondaires et des interactions médicamenteuses qui peuvent survenir. Le Dr Karishma Deenoo déplore le manque de réglementation entourant la vente de produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux, ainsi que leur disponibilité en pharmacie sans nécessiter de prescription médicale. Selon elle, une consultation médicale préalable reste essentielle pour une gestion efficace des problèmes cutanés. 

Risque d'aggraver la situation 

La dermatologue avertit que l’utilisation de produits sans prescription médicale présente non seulement le risque d’aggraver la situation, mais également de causer des dommages. Elle met en garde contre l’acquisition de produits via les réseaux sociaux, en particulier ceux vendus par des non-professionnels de la santé. « Même si un produit peut sembler efficace dans certains cas, il n’y a aucune garantie qu’il fonctionnera de la même manière pour tout le monde », souligne-t-elle. Elle insiste sur le fait que chaque type de peau est unique et que les problèmes cutanés, bien qu’ils puissent présenter des symptômes similaires en apparence, nécessitent des traitements spécifiques.

Selon le Dr Karishma Deenoo, dermatologue, rien ne garantit qu’un produit acheté en ligne fonctionnera de la même manière pour tous.
Selon le Dr Karishma Deenoo, dermatologue, rien ne garantit qu’un produit acheté en ligne fonctionnera de la même manière pour tous. 

Le Dr Karishma Deenoo met particulièrement en garde contre l’utilisation de produits à base de cortisone, soulignant que les effets secondaires, bien que non perceptibles à court terme, peuvent entraîner des complications de santé au fil des années, telles que des vergetures, l’atrophie cutanée ou des problèmes hormonaux. « Il est vivement recommandé de consulter un médecin avant d’utiliser de tels produits pour garantir sa propre protection », conclut la dermatologue. Elle précise toutefois que l’utilisation de produits « naturels » vendus sur les réseaux sociaux peut être tolérée, mais ceux contenant des produits chimiques doivent être utilisés conformément aux recommandations d’un professionnel de santé.

Elle plaide ainsi en faveur d’un meilleur contrôle de la vente de produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux. Elle appelle aussi à sensibiliser le public aux risques encourus en utilisant de tels produits sans avis médical, car leur efficacité n’est pas garantie. Face à cette problématique, Le Défi Plus a tenté de contacter à la fois le ministère de la Santé et celui du Commerce au sujet de la vente de produits pharmaceutiques en ligne. Mais les deux instances se sont renvoyé la responsabilité. Selon nos différents interlocuteurs, c’est le Pharmacy Board, relevant du ministère de la Santé, qui devrait prendre position sur cette question cruciale. 

Le Pharmacy Board devrait prendre position 

Arveen Jhugursing, physiothérapeute.
Arveen Jhugursing, physiothérapeute.

Le physiothérapeute Arveen Jhugursing est catégorique : il est opposé à la vente de crèmes ou de gels pour le traitement des problèmes musculaires ou articulaires sur les réseaux sociaux. « Je m’oppose à cette pratique, car les vendeurs ne sont vraisemblablement pas des professionnels de la santé et ne seraient pas en mesure d’apporter une assistance en cas de réaction allergique ou d’autres effets néfastes », prévient-il. 

Pour lui, il est essentiel que le Pharmacy Board (PB) prenne position en faveur de la vente exclusive en pharmacie ou par l’intermédiaire de représentants médicaux qualifiés. Selon lui, il devrait être possible de mettre en place une base de données (non limitée aux pages de réseaux sociaux) pour signaler formellement des plaintes après une mauvaise expérience avec ce type de produit. 

Le physiothérapeute ajoute que les crèmes ou les gels commerciaux ayant pour but d’atténuer certaines douleurs de l’appareil musculosquelettique qui s’appuient sur des extraits de plantes, en tant que recette traditionnelle, pour apporter un soulagement, peuvent ne pas causer de dommages. Il considère néanmoins que le danger réside dans le fait que le patient puisse différer sa consultation avec un professionnel de santé après avoir obtenu un soulagement temporaire. 

« Les investigations nécessaires pour déterminer l’origine de sa douleur au lieu de se contenter du soulagement que le produit lui procure. Il est impératif de consulter en premier lieu un professionnel de la santé avant d’utiliser ces produits, que l’on pourrait qualifier d’accessoires dans la gestion quotidienne de la douleur », souligne-t-il.

Conseils d’un professionnel de santé 

Ashwin Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), affirme que la vente de produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux est illégale. Il souligne que tous doivent obtenir l’approbation du Pharmacy Board avant d’être commercialisés. Il déplore que cette instance semble tolérer cette pratique. 

Le président de la PAM insiste sur le fait que les produits pharmaceutiques ne devraient être vendus que dans les pharmacies officielles. Il explique que les produits destinés à divers traitements de la peau disponibles sur les réseaux sociaux peuvent être soit des produits cosmétiques avec des propriétés thérapeutiques, soit simplement des produits de beauté. Il souligne que les pharmaciens sont des professionnels de santé qualifiés capables de fournir des conseils appropriés, contrairement aux vendeurs non qualifiés opérant sur les réseaux sociaux.

L’Allied Health Professional Council ne peut agir sans plaintes formelles 

Yasheer Soohun, président  de l’Allied Health Professional Council.
Yasheer Soohun, président de l’Allied Health Professional Council.

Yasheer Soohun, président de l’Allied Health Professional Council (AHPC), affirme que son organisme régule les 18 professions enregistrées sous sa juridiction. Il souligne que la vente de produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux est inappropriée, car ces produits devraient être commercialisés uniquement par des professionnels de santé. Bien que l’AHPC ne soit pas directement impliqué dans la régulation de la vente de ces produits, il peut recevoir des plaintes de consommateurs à ce sujet.

Selon Yasheer Soohun, si la plainte concerne un professionnel de santé, l’AHPC présentera le cas au comité d’éthique de l’organisation pour décider des mesures à prendre. En revanche, si la plainte concerne un non-professionnel de la santé, le Conseil transmettra le dossier au ministère de la Santé pour qu’il prenne les mesures appropriées. 

Il précise toutefois qu’aucune plainte formelle n’a été reçue concernant la vente de produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux. L’AHPC doit recevoir une plainte officielle pour pouvoir enquêter et déterminer si les personnes impliquées sont des professionnels de la santé ou non, puis référer le cas aux instances compétentes.

 

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