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Changement climatique : payer le prix fort !

Changement climatique

Le changement climatique soumet le monde à des catastrophes naturelles de plus en plus violentes. L’île Maurice n’est pas épargnée. Chaleur, inondations, orages et pluies torrentielles sont désormais monnaie courante. Face à ces défis écologiques, il est important d’agir rapidement.

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«Maurice est parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique. Nous sommes à la 7e position », a fait ressortir Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères et président de la Commission de l’océan Indien (COI).

À l’ouverture d’une conférence sur l’accès au financement des pays du Commonwealth pour gérer les catastrophes associées au changement climatique, le ministre a ajouté que la situation se détériorait.

« Au lieu de critiquer, nous devons faire un constat de la situation et nous assurer que la protection de l’environnement est prise en compte lors de l’élaboration de certains projets », a-t-il expliqué.

Selon lui, Maurice doit mieux s’organiser avec la logistique et le personnel, afin de se préparer aux événements imprévisibles. « Le changement climatique est imprévisible. Ses conséquences peuvent être catastrophiques. Il se peut que Maurice soit entré dans un système de courant atmosphérique qui altère le comportement des cyclones. C’est inquiétant », a-t-il dit.

Alvin Laval et sa mère se trouvaient sur la plage de Flic-en-Flac, quand ils ont été frappés par la foudre, qui s’est abattue sur cette région le samedi 17 février.

 

Excès de chaleur

Cependant, quand on parle de la chaleur, il faut être prudent et ne pas parler de vague de chaleur. Parce qu’actuellement, ce n’est pas le cas. « On parle de vague de chaleur quand la température dépasse trois à quatre degrés Celsius dans plusieurs régions pendant trois à quatre jours d’affilée. Pour le moment, nous ne faisons que subir une température normale par rapport à la saison », explique Rakesh Seetohul, prévisionniste à la station météorologique de Vacoas.

Celui-ci précise que la température saisonnière est même légèrement plus basse qu’en temps normal. « Il faut savoir que, ces derniers temps, il y a eu beaucoup de pluie. De ce fait, beaucoup de nuages ont traversé l’île, ce qui a empêché les rayons du soleil de nous atteindre directement et de faire grimper la température. Ce qui fait que c’est une fausse perception que de dire qu’il fait plus chaud que d’habitude actuellement », dit-il.

Par contre, quand on parle de l’excès de chaleur, le premier coupable, c’est souvent l’humidité. « Un fort taux d’humidité, qui survient généralement après des précipitations, va faire grimper le mercure par deux à trois degrés Celcius. Et il va faire plus chaud », dit le prévisionniste.

Mais là encore, il y a une nuance. « Il y a une différence entre la chaleur ressentie et la chaleur mesurée. Dans le cas d’un fort taux d’humidité, on va avoir plus chaud. On parle, dans cette situation, de chaleur ressentie, qui est souvent localisée. Cette température n’a aucune influence sur la chaleur mesurée, sur laquelle la station de Vacoas se base pour ses prévisions », précise Rakesh Seetohul.

Pour expliquer une hausse dans la température, il y a aussi le vent du Nord. « Le vent du Nord est un vent qui nous vient de l’Équateur, réputé pour sa forte température. C’est justement l’arrivée de ce vent qui fait grimper la température dans notre région. Mais là encore, c’est parfaitement normal pour cette période de l’année », explique Rakesh Seetohul.


Subiraj Sok Appadu : «Nous ressentons plutôt les conséquences du développement sauvage»

Dame Nature est très capricieuse depuis le début de cette année. D’après Subiraj Sok Appadu, ancien directeur de la station météo de Vacoas, nous pouvons ni empêcher, ni contrôler les catastrophes naturelles.

« Nous ressentons plutôt les conséquences du développement sauvage. Certains critères n’ont pas été respectés lors de la construction des bâtiments et désormais, chaque jour pluvieux apporte son lot d’inconvénients, tels que les inondations. Les autorités trouvent toujours des solutions après les catastrophes. Alors qu’on aurait dû être préparé pendant leur passage », dit-il.

Il fait comprendre que les pluies torrentielles et les orages sont dus à une masse d’air chaude venant de l’Équateur. « La station météorologique de Vacoas l’a précédemment expliqué. Cette masse d’air chaude crée une situation atmosphérique instable. Ce qui est propice à la formation des nuages de 10 à 12 km de profondeur. Ces nuages entraînent des pluies torrentielles, le tonnerre et les éclairs », explique-t-il. Il ajoute que le changement climatique a contribué à faire grimper la température de l’océan. Des vapeurs d’eau montent dans l’atmosphère et se condensent, donnant naissance à des gouttelettes d’eau plus connues comme des nuages. Ce qui explique aussi la forte intensité des cyclones ces derniers temps.


La foudre - Ranjaye Kisnah : «Il ne faut pas créer une psychose autour de ce phénomène naturel»

La foudre a touché une grue à Ébène le 19 février (Images prises par Girish Jagoo.)

«La foudre est plus en plus fréquente depuis le début de cette année. Cela peut s’expliquer par un fort taux d’humidité et une température élevée. La température de l’océan augmente et il fait chaud. Il s’agit d’une des conséquences du changement climatique », fait remarquer Ranjaye Kisnah, ancien secrétaire au ministère de l’Énergie.

Il explique que la foudre est une grande décharge électrostatique disruptive. « La foudre se produit quand l’air chaud monte dans l’air froid, créant ainsi un champ électrostatique, car l’air atmosphérique contient des ions négatifs et positifs. Une collision provoque alors la foudre. Ce phénomène provoque deux autres phénomènes : l’éclair, ce flash de lumière, et le tonnerre, qui est le grondement », explique-t-il. Il ajoute qu’il existe trois types d’éclair : intranuageux (la décharge se produit à l’intérieur du nuage), internuageux (décharge entre deux nuages) et nuage sol. « Ce dernier est un courant de forte intensité passant entre le nuage et le sol. Les Mauriciens ont peur de ce troisième phénomène », fait-il ressortir.

Aussi appelée orage, la foudre peut causer d’importants dégâts matériels. « La décharge électrostatique descend vers le sol, qui neutralise les charges. Si une personne se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, elle peut être frappée par la foudre. Cette décharge la traverse pour aller vers le sol neutre. Le corps humain possède aussi son pôle positif et négatif. Ceux souffrant d’une complication cardiaque peuvent en mourir. Mais sachez qu’un coup de foudre n’est pas fatal pour une personne en bonne santé », souligne-t-il.

Des éléments tels que des structures métalliques et des bâtiments en hauteur sont les proies idéales de l’orage. « Toutefois, ni l’être humain ni les arbres n’attirent la foudre. Il ne faut pas créer une psychose autour de ce phénomène naturel. Nous ne pouvons pas le contrôler, mais nous pouvons prendre des précautions, en installant par exemple des parafoudres sur des bâtiments et en évitant de sortir », ajoute-t-il.

Il indique qu’aucune étude n’a été entreprise pour déterminer les endroits à risque. « Maurice est un petit pays. Donc, les coups de foudre peuvent s’abattre sur des lieux de façon aléatoire », dit-il.

Vandana Goonjar, prévisionniste de la station météorologique de Vacoas, abonde dans le même sens. « Nous n’avons pas d’endroits à risque à Maurice. La foudre est créée là où il y a des nuages actifs. Il n’y a pas nécessairement de l’orage quand il pleut, mais les orages sont accompagnés d’éclairs », fait-elle comprendre.


Les précautions à prendre

Le National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRRMC) est l’autorité principale de gestion, de coordination et de suivi de toutes les activités liées à des aléas. Notons que le NDRRMC a vu le jour en octobre 2013 après la flash flood du 30 mars 2013 à Port-Louis. Précédemment, il y avait le Cyclone & Other Natural Disaster Committee.

En 2008, le juge Domah a rendu public son Fact Finding Report, ce qui a mené à la création du National Disaster Operations Cordination Centre en 2010.Le NDRRMC coordonne les activités entre toutes les parties prenantes, afin de s’assurer que la gestion des crises, la planification et l’intégration de la réduction des risques se font d’une façon efficace, que ce soit au niveau local ou national, pour assurer la sûreté de la population. Le National Emergency Operation Command (NEOC) est un composant intégral du centre.

Il est activé pour coordonner et surveiller toutes les activités de réponse et de récupération avant, pendant et après un aléa. Le NDRRMC a établi une liste des précautions à prendre :

  • Éviter de s’aventurer dans les régions à risque, notamment au bord des rivières, des cours d’eau ou des régions propices aux inondations.
  • Éviter de se rendre dans les zones présentant de forts risques de glissements de terrain et d’éboulements.
  • Les automobilistes doivent être vigilants, car il y a du brouillard et des accumulations d’eau.
  • Il est fortement déconseillé de garer les véhicules près des drains, au bord des rivières, près des cours d’eau ou des régions propices aux inondations.
  • Pendant les orages, restez à l’abri et surtout, évitez les arbres, les plaines, les collines, les montagnes ou les structures élevées.
  • Évitez toute sortie en mer.
  • Assurez-vous que vos appareils électriques sont débranchés.

Parafoudre et paratonnerre : Quelle est la différence ?

Parafoudre et paratonnerre pour minimiser l’impact
de la foudre.

Jhamsheed Oozeerally, directeur de Scantech Co. Ltd., indique que les services de sa société sont très sollicités depuis le début de l’année. « Les particuliers sont nombreux à nous appeler. Les conséquences désastreuses liées à la foudre les inquiètent. C’est probablement la première fois que les coups de foudre deviennent aussi fréquents », note-t-il. Il explique que Scantech Co. Ltd importe et distribue des paratonnerres et des parafoudres. Jhamsheed Oozeerally fait ressortir qu’il existe une différence entre ces deux systèmes de protection.

Le paratonnerre est un dispositif qui ressemble à une antenne. Il est relié à la prise de terre par un câble. Il est placé sur le toit des bâtiments et pointe vers le ciel. Quand la foudre tombe, elle est attirée par le paratonnerre. Il la consomme. Le parafoudre est, lui, un système placé sur les panneaux électriques. Il protège contre les chocs directs de la foudre sur les lignes d’alimentation électrique ou sur le bâtiment. Le paratonnerre coûte à partir de Rs 75 000, alors que l’entrée de gamme du parafoudre commence à Rs 3 000.

Évaluation

« Le paratonnerre et le parafoudre minimisent l’impact de la foudre, sans garantir le risque zéro. Les bâtiments tertiaires, commerciaux et industriels sont nombreux à s’être équipés d’un paratonnerre ou d’un parafoudre. Peu de particuliers peuvent s’offrir un paratonnerre », précise-t-il.

Le directeur fait comprendre qu’il y a plusieurs critères à prendre en considération avant d’installer un paratonnerre ou un parafoudre. Une évaluation doit être faite d’abord. « Le client doit, au préalable, respecter les étapes de protection, comme une bonne prise de terre et un ELCB (Earth-leakage circuit breaker), plus connu comme un disjoncteur différentiel. L’ELCB est d’ailleurs exigé par la loi, mais combien de maisons en disposent à Maurice ? » se demande-t-il.

Jhamsheed Oozeerally explique qu’il est important de régler le problème à la source. « La foudre et les catastrophes naturelles que nous subissons ces derniers temps sont les conséquences du changement climatique. Il nous faut donc protéger notre planète. Il y a une éducation à faire à ce niveau », indique-t-il.

 

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