Changement climatique : plaidoyer pour un changement du calendrier scolaire

Un premier trimestre débutant au mois de février privilégié

Le secteur éducatif a débuté le premier trimestre 2024 de manière exceptionnelle, avec des perturbations causées par les formations cycloniques et des pluies importantes. Sept jours de classe ont été manqués depuis la rentrée, incitant certains parents et éducateurs à suggérer un changement dans le calendrier scolaire, proposant un début du premier trimestre en février.

Le premier trimestre scolaire, entamé le 11 janvier, se termine le 5 avril. Les récentes intempéries ont entraîné sept jours d'absence pour les élèves. Actuellement, la discussion se focalise sur les modalités de rattrapage et sur la possibilité de revoir le calendrier scolaire pour éviter que les élèves ne soient pénalisés.

Les prévisions cycloniques et les alertes de fortes pluies, émises par les services météorologiques, ont permis aux enfants de rester à l’abri à la maison, mais en parallèle, les parents ont dû trouver des solutions pour assurer leur garde. Cette situation n'a pas été facile à gérer, selon bon nombre d’entre eux.

Mélanie, mère de trois enfants, exprime le souhait de prévisions météorologiques plus précises. Elle souligne « l'importance de la sécurité des enfants », mais soulève aussi les inconvénients pour les parents qui travaillent. Elle propose « des prévisions la veille pour permettre aux parents de mieux organiser la garde de leurs enfants lors des fermetures d'écoles annoncées à la dernière minute ».

Anil, quant à lui, plaide en faveur d'un « changement dans le calendrier scolaire ». « Ma femme et moi travaillons tous les jours, et il est difficile de trouver une solution de garde pour notre fils de 3 ans lorsqu'il n'y a pas école. Il fréquente la maternelle, mais avec les récentes fermetures, nous avons dû organiser des solutions à la dernière minute. Dans certains cas, l'un de nous devait rester à la maison, et dans d'autres, il restait avec mes parents. Une révision du calendrier scolaire nous offrirait davantage de flexibilité pour trouver des solutions adaptées », dit ce papa.

Frédérique, mère de filles en Grades 9 et 10, souligne l'impact des fermetures d'écoles sur la scolarité de ses enfants. « Mes filles sont dans des classes cruciales. Elles ne peuvent se permettre de manquer des cours. Un ajustement du calendrier scolaire serait bénéfique, surtout qu’à chaque début d'année, Maurice est affecté par des intempéries. Je pense que le premier trimestre devrait débuter à la mi-février », soutient-elle.

Propositions de pédagogues

L’ancien recteur Soondress Sawmynaden plaide pour une approche holistique prenant en compte les calendriers d'examens internationaux et nationaux, ainsi que l'implication des enseignants dans le processus. Il demande aux décideurs « de ne pas prendre de décisions hâtives » pour remplacer les jours perdus. « Nous avons perdu quelques jours avec le mauvais temps. C’est un fait. Mais il faut réfléchir avant de prendre les décisions. Les examens de Cambridge Assessment International Education (CAIE) débutent chaque année à la mi-septembre pour prendre fin à la fin de novembre. Les collèges se transforment alors en centres d’examens et nos enseignants eux-mêmes sont engagés pour assurer le bon fonctionnement des examens par le Mauritius Examinations Syndicate (MES). Avant de nous arrêter à une décision finale, il faut prendre tous les éléments en compte. Il ne faut pas oublier non plus la tenue des examens nationaux, le Primary School Achievement Certificate (PSAC) et le National Certificate of Education (NCE) qui se font à la fin de l’année. » 

Soondress Sawmynaden propose que le calendrier scolaire reste inchangé, avec un début du 1er trimestre au mois de janvier. Toutefois, il avance qu’il faudrait « une autre organisation ». Ainsi, la première semaine devrait être utilisée pour « la prise de contact entre profs et élèves et la mise à jour des données ». Cet exercice permettra alors d’avoir une bonne base pour les cours en ligne. Les trois prochaines semaines seront dédiées à l'enseignement à distance, suivi d'un retour en présentiel au mois de février, avec cette modalité jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Dr Hassam Sakibe Coowar soutient qu'une refonte du calendrier scolaire pour 2025 est nécessaire. Il suggère un début du premier trimestre en février, se terminant en avril, avec deux semaines de vacances. Le deuxième trimestre irait de mai à août, suivi de trois semaines de vacances, et le troisième de septembre à novembre, avec des vacances en décembre et janvier. Il préconise « une grande rentrée en février ».

Le pédagogue soutient que, si l'année scolaire commence en février, les écoles seront fermées durant les fortes pluies de janvier. Le Dr Hassam Sakibe Coowar suggère également de ne pas organiser d'évaluations au premier trimestre, tout en réduisant la durée des vacances.

La modification du calendrier scolaire n'est pas une nouveauté. En raison de la pandémie de la COVID-19, l'année académique 2021-2022 avait connu des changements significatifs. Elle s'était démarquée par une réorganisation des semaines de travail, impliquant des classes alternées, des cours en ligne, à la télévision, et d'autres dispositifs mis en place pour les élèves.

Il est à rappeler qu'il y avait eu un mécanisme de promotion automatique pour certaines classes, notamment du Grade 10 au Grade 11, sans passer par un examen. En 2022, suite aux cours en ligne, une approche en trois parties pour le troisième trimestre avait été adoptée. La première partie s'était déroulée du 7 février au 15 avril, la deuxième du 2 mai au 22 juillet, et la troisième du 16 août (secondaire) et 22 août (primaire) au 4 novembre.

Attention particulière

Edley Maurer, Project Manager au Service d'accompagnement, de formation, d'intégration et de réhabilitation de l'enfant (Safire), souligne qu’en cas de mauvais temps, les cours passent en ligne, comme cela s'est produit les lundi 29 et mardi 30 janvier 2024. Néanmoins, il insiste sur la nécessité de prendre en compte les élèves en difficulté d'apprentissage. Il distingue « deux catégories d'enfants dans toutes les classes : ceux bénéficiant d'un soutien familial complet et n'ayant pas de problèmes d'adaptation, ainsi qu'un pourcentage d'enfants confrontés à des difficultés ».

Edley Maurer souligne que « les élèves en difficulté nécessitent une attention particulière en classe ». Il explique que « ces enfants peuvent ne pas disposer d'une chambre individuelle ou vivre dans des conditions de promiscuité ou de violence. Certains ont des parents toxicomanes ou en prison ». Il met en lumière que d’autres « n’accordent aucune importance aux études, préférant consacrer leur temps à d'autres activités, comme traîner dans les rues ».

Le Project Manager souligne que « les enfants confrontés à des difficultés nécessitent une approche spécifique pour les aider à étudier et à améliorer leur situation ». Selon lui, les cours en ligne ne conviennent pas à ces enfants, car ils « ont besoin d'une interaction individuelle ». Il fait remarquer que, souvent, ces enfants n’ont même pas un bon repas. « Leur demander de se connecter pour suivre les cours peut leur être impossible. Cela risque d'aggraver les disparités entre les élèves », dit Edley Maurer.

Il recommande que les autorités prennent en compte les besoins spécifiques des élèves en difficulté au cas par cas. Il insiste sur « la nécessité de considérer plusieurs facteurs qui influent sur le développement d'un enfant en vue de favoriser une éducation équilibrée ». Soulignant que se fier uniquement aux cours en ligne peut être insuffisant pour un élève confronté à des difficultés préexistantes à la maison, il met en garde contre le risque d'échec si ces problèmes fondamentaux ne sont pas pris en compte.

Le Project Manager de Safire souligne « l'importance d'offrir des conditions optimales pour les cours en ligne afin d'éviter que les enfants ne soient défavorisés ». Il insiste sur le fait que « de nombreux enfants nécessitent une attention spéciale et individuelle pour bien étudier ». 
Selon Edley Maurer, « un changement dans le calendrier scolaire faciliterait cette interaction, tout en évitant les interruptions dues aux conditions météorologiques défavorables ».