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Commission d’enquête sur la drogue - Naserah Vavra : «Je n’ai jamais rempli de déclaration d’impôts»

Naserah Vavra, l’épouse du détenu Siddick Islam, a été entendue, le lundi 24 juillet, par la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen. Elle a affirmé qu’elle n’a jamais rempli de déclaration d’impôts. Des propos qui contredisent les informations détenues par la commission.

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Naserah Vavra a affirmé qu’elle n’a jamais délégué qui que ce soit pour remplir sa déclaration d’impôts. La commission est pourtant en possession de renseignements concernant un chiffre d’affaires de Rs 650 000. Naserah Vavra a été priée de vérifier ces informations auprès des autorités concernées avant de faire parvenir les conclusions à la commission.

Les assesseurs se sont intéressés à ses échanges téléphoniques avec Siddick Islam. « En tant qu’épouse, j’aime entendre sa voix », a répliqué Naserah. Ils l’ont aussi interpellée sur le fait que son numéro de téléphone figure dans le répertoire d’un cellulaire saisi sur un autre détenu. Interrogée sur la provenance des téléphones à la prison, Naserah Vavra a déclaré : « Li (le mari, NdlR) dir mwa andan enn liniversite sa. »

Extrait de l’audition

Sam Lauthan (SL) : Reconnaissez-vous le n° 5853**** ? Le 23 juin, le 18 juillet et le 27 août 2016, vous avez parlé et envoyé des SMS sur ce numéro. Le 11 septembre 2016, il y a eu 17 échanges et c’est vous qui appeliez. Ce qui est plus grave, c’est que vous lui rendiez visite et que vous l’appeliez.

Naserah Vavra (NV) : Il purge une lourde peine. En tant qu’épouse, je suis inquiète.

SL : Siddick Islam a admis avoir un réseau. Il a cité Sabir Goolamghouse, Khalil Ramoly, Dade et Bakar qui lui a présenté à Kistnah. On veut savoir s’il se sert de vous pour ses tâches ?

NV : Dade et moi ne sommes pas proches. Khalil Ramoly m’a beaucoup aidée. Concernant Sabir, je ne sais pas où il habite. Jalil Bakar est un proche. Depuis que mon époux a déposé devant la commission, il n’est plus en sécurité. Il a été menacé à deux reprises par des hauts gradés. Il n’a jamais vécu dans de telles conditions ces 11 dernières années. Je crains pour ma vie, mais Siddick m’a dit de dire la vérité.

SL : Réalisez-vous que Siddick Islam s’est fait une place dans un monde de clans et de drogue, où des cartes SIM sont trafiquées ?

NV : Il m’a appelée et m’a demandé de dire la vérité. Mon époux n’est pas en sécurité. Il a été menacé. Cela a été filmé par les caméras de la prison.

SL : Nous sommes ici pour combattre le trafic de drogue. Bakar explique qu’il loue une tabagie à la rue Ail Dorée, Port-Louis, et que des dizaines de Bangladais y achètent des cartes SIM. Siddick Islam nous a remis le Lannate. Il a expliqué qu’il n’est pas un criminel. Vous devez lui rappeler que le Lannate entraîne une mort instantanée et que le Brown Sugar mène aussi à la mort.

NV : Il a été arrêté cinq mois après notre mariage. J’étais souffrante durant deux mois et j’ai voyagé pendant un mois. C’est le peu de temps qu’on a vécu ensemble. Depuis, il m’a promis qu’il changerait de vie. Je mène une vie calme, sans extravagance. Ma conscience est claire.

SL : À la commission, il n’y a pas de « gran dimounn ou ti dimounn ». Vous n’aimez pas le titre de « Reine de Plaine-Verte ». Savez-vous de quel type de modèle Plaine-Verte a besoin ?

NV : Je ne me suis pas attribué ce titre. Ce sont des gens, à travers Siddick, qui m’ont surnommée ainsi. Je ne vais pas en discothèque. Je ne sais pourquoi on pense toutes ces choses de moi.

Paul Lam Shang Leen (PLSL) : Combien de comptes bancaires avez-vous ?

NV : J’ai un seul compte à la SBM.

PLSL : Nous avons trouvé un compte à votre nom à la MCB qui n’est plus actif. Nous savons que vous avez acquis un terrain à Sainte-Croix au coût de Rs 850 000 en 2012.
NV : Ma belle-sœur et mon beau-frère m’ont aidée.

PLSL : Khalil Ramoly était-il votre partenaire en affaires ?

NV : Non. Il est comme un frère pour moi.

PLSL : Vous a-t-il offert la Mercedes verte ?

NV : Non. Je l’ai achetée à travers ABC Leasing. J’utilise plusieurs véhicules appartenant au garage Ramoly. Il m’aide énormément. Je n’ai pas de salaire. Ma famille m’aide. Je n’ai jamais travaillé.

PLSL : Où avez-vous obtenu Rs 600 000 et Rs 1,7 million ?

NV : Ai-je affirmé que j’ai Rs 1 million ?

PLSL : À moins que ce soit quelqu’un d’autre ? Votre numéro de taxe finit par « 40 ». Qui remplit votre formulaire ? Il est étonnant que vous ne le sachiez pas. Votre époux dispose de beaucoup d’hommes de loi, dont récemment Me Noor Hosseny.

NV : Sa facture varie entre Rs 5 000 et Rs 10 000. Parfois c’est gratuit. C’est mon beau-frère qui règle les factures.

PLSL : Votre époux a une longue liste d’avocats. Comment les paie-t-il ?

NV : Il y avait Khalil Ramoly et son frère.

PLSL : Li dir kas ladrog sa…

NV : Il ne m’a jamais expliqué. En tout, il a payé environ Rs 25 millions. Les avocats l’ont considéré comme une machine à sous. Raouf était un bon ami de mon époux. Il a fait en sorte que plusieurs avocats obtiennent de l’argent de mon époux. Je n’ai pas envie de perdre mon époux. Il se peut qu’on l’étouffe ou qu’on lui fasse une injection. Réalisez-vous que si je perds mon époux, tout est fini ?

PLSL : Si vous avez peur de parler, cela vaut mieux que vous ne disiez rien. Azaree est-il votre voisin ?

NV : Il habite près de ma belle-mère. J’ai envie de vous dire des choses. Mais il se peut que quatre à cinq personnes viennent chez moi le soir.

PLSL : Votre époux nous a dit que vous étiez au courant de certaines choses.

(L’assesseur Ravind Kumar Domun est alors intervenu : « Siddick a dû faire des ’travaux’ pour régler ses avocats. Êtes-vous au courant ?)

NV : Siddick s’est repenti. Il n’est plus le même.


Fabrice Larenne, gardien : «Mes supérieurs savaient que je communiquais avec les détenus»

Fabrice Larenne, gardien à la prison centrale de Beau-Bassin, a été auditionné lundi après-midi sur ses échanges de SMS et d’appels avec des détenus, dont Gro Derek. Il a affirmé en avoir informé un de ses supérieurs : « Mes supérieurs étaient au courant que je communiquais avec les détenus. » Fabrice Larenne, habitant le Sud, a justifié sa démarche. Il évoque un stratagème pour soutirer des informations à ces prisonniers.

Ses prêts bancaires et ses activités au casino ont intrigué les membres de la commission. La somme de Rs 400 000, dépensée en un mois en 2014, a fait sourciller la commission. Les explications du gardien n’ont pas convaincu la commission. Fabrice Larenne a soutenu que l’Eastern High Security Prison de Melrose serait une passoire pour la drogue.

Extrait de l’audition

Paul Lam Shang Leen (PLSL) : Vous avez réalimenté un téléphone dont le numéro est le 5786****.

Fabrice Larenne (FL) : C’est le numéro de mon ex-petite amie.

PLSL : Mais la carte SIM a été saisie en prison. Votre salaire varie énormément, soit entre Rs 20 000 et Rs 30 000.

FL : Oui, c’est fluctuant. J’ai emprunté auprès de la Mutual Aid et d’une association de la prison.

PLSL : En 2012, vous avez emprunté Rs 385 000 et un an plus tard, Rs 143 000. En décembre 2013, vous empruntez Rs 413 000. Combien payez-vous en mensualités ?

FL : Rs 11 200.

PLSL : Il y a de gros dépôts d’argent sur votre compte : Rs 50 000 le 13 juin 2014 et Rs 87 000 le 27 juin 2014.

FL : Je joue au casino.

PLSL : Ou ena bon lasans kazino ? Combien misez-vous ?

FL : Parfois je perds de l’argent, soit Rs 30 000.

PLSL : Vous avez gagné Rs 50 000, Rs 80 000 dix jours plus tard et ensuite Rs 130 000. Peut-on gagner autant en 15 jours ?

FL : Vous pouvez demander au gérant.

PLSL : En 2014, vous avez misé Rs 400 000 en un mois ?

FL : Il s’agissait d’argent, d’un emprunt et de mon argent.

PLSL : Avez-vous engagé des constructions en juillet 2014 ? Il n’y avait pas de travaux chez vous à cette époque ?

FL : Non.

PLSL : Je vous demanderai de produire vos détails bancaires et de détailler la provenance des sommes versées sur votre compte. Vous avez trois semaines pour le faire.

FL : J’ai une motocyclette valant Rs 52 000 que m’a offerte ma fiancée. Elle est physiothérapeute.

PLSL : Vous aviez rapporté un détenu à votre supérieur, mais sans connaître son nom. C’est extraordinaire !

FL : Je ne le connais pas. Il m’a demandé de rencontrer des gens à l’extérieur.

PLSL : Cent messages et appels échangés durant huit jours pour avoir des informations ? Et vous n’avez toujours pas les informations ?

FL : Le téléphone change de main.

PLSL : J’espère que vos supérieurs certifieront vos dires.

Sam Lauthan (SL) : Comment avez-vous pu parler à Derek Jean Jacques durant 21 minutes ?

FL : Ce n’est pas normal. Je sais que c’est une offense. Je l’ai rapporté sur le ZTE.

SL : Sur huit appels, vous êtes l’auteur de deux appels à Derek Jean Jacques. Le 9 juillet 2016, il y a eu 35 échanges, c’est grave ! Le 10 juillet, un appel de 17 minutes et 22 échanges téléphoniques. Comment l’expliquez-vous ?

PLSL : Ceux qui ne peuvent expliquer la provenance de leurs biens évoquent des emprunts bancaires et des casinos. Ils gagnent tous aux casinos. Comment Derek Jean Jacques a-t-il obtenu votre numéro ?

FL : J’étais affecté à la Prison Security Squad chargée de la section dans laquelle se trouve Derek Jean Jacques.

PLSL : Entre 2010 et 2011, vous avez travaillé pour une compagnie de sécurité. En décembre 2011, vous avez été gardien de prison, mais vous perceviez toujours Rs 4 125 ?

FL : Peut-être me devait-il de l’argent…

(Paul Lam Shang Leen et Ravind Domun, à la fin de l’audition : « Ou karakteristik, bann koumsa mem bann-la rode. »)

 

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