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Convoqué à l’Icac trois ans après sa révocation : Ivan Collendavelloo se confie

Lors d’un entretien vendredi, le leader du Muvman Liberater (ML) se livre sur plusieurs sujets. Ivan Collendavelloo évoque les enjeux de son parti et les tensions persistantes avec son ancienne formation politique, entre autres sujets.

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Ivan Collendavelloo, à la tête du Muvman Liberater (ML), refait surface sur la scène médiatique après avoir été convoqué par l’Independent Commission against Corruption (Icac), trois ans après sa révocation. Dans un entretien accordé au Dimanche/L’Hebdo, il brise enfin le silence concernant son départ du conseil des ministres. D’emblée, il déclare : « Le travail a toujours fait partie de ma nature. J’ai rempli mon rôle de député et je continue d’exercer en tant qu’avocat. Je me porte bien. Sur le plan personnel, je prends la vie comme elle vient, sans me laisser déstabiliser. Je reste actif, et pour moi, c’est simplement un incident de parcours. » 

La deuxième phase (du projet St-Louis) a été mise de côté deux jours avant les élections de 2014, avec d’énormes soupçons de corruption» 

Cependant, il ne peut réfréner son ressentiment envers ceux qui l’ont régulièrement pris pour cible. « Par contre, je ressens beaucoup de rancœur contre ceux qui continuent à me diffamer et à m’insulter uniquement pour des besoins de basse politique. Ceux-là, je verrai plus tard ce que je vais faire d’eux », lance-t-il.

La convocation d’Ivan Collendavelloo dans les locaux de l’Icac, qui pourrait potentiellement ouvrir la voie à son retour au sein du conseil des ministres dans les semaines à venir s’il venait à être blanchi, suscite des réactions variées au sein de l’opinion publique. En effet, selon divers commentateurs, si Ivan Collendavelloo retrouvait effectivement son poste de numéro 2, cela renforcerait l’avis selon lequel l’Icac est perçue comme un instrument politique aux yeux des décideurs politiques. Le député de la circonscription no 19 (Stanley/Rose-Hill) qui a pris note de ce genre de commentaires surtout ceux du député du Mouvement militant mauricien (MMM) Reza Uteem déclare que ce dernier « prétend être idiot alors qu’il ne l’est pas et vient hurler que l’Icac me blanchissait ». « Comment peut-il tenir de tels propos alors qu’il sait tout ce qui s’est passé au niveau du MMM en matière de politique d’énergie renouvelable ? Uteem paiera très cher pour ses propos remplis de démagogie », ajoute-t-il.

Relations tendues

Il est évident qu’Ivan Collendavelloo continue d’entretenir des relations tendues avec son ancien parti, le MMM, et ses membres. Selon lui, la lutte contre certaines forces conservatrices est cruciale pour l’avenir du secteur énergétique à Maurice, et il est d’avis que le MMM incarne le mieux ces forces conservatrices. « Le MMM, par le biais de son leader Paul Bérenger, persiste à prôner les vertus du charbon et d’autres énergies fossiles. Je ne comprends pas comment Swaley Kasenally a pu conseiller Paul Bérenger et le MMM pendant des années sans révéler qu’il travaillait en réalité pour la compagnie danoise. De même, je ne parviens pas à saisir comment Paul Bérenger peut continuer à suivre les conseils de Kasenally, maintenant qu’il sait pour qui son conseiller travaille », fait-il ressortir.

Je ne me suis pas retiré de ma circonscription»

Ivan Collendavelloo s’appuie sur le dossier des énergies renouvelables pour émettre des critiques à l’encontre du MMM ainsi que du Parti travailliste (PTr). « Il est crucial de replacer ces événements avant 2014 dans leur contexte. En effet, à cette époque, le MMM et le PTr avaient une forte préférence pour le charbon et les énergies fossiles. C’est dans ce contexte que CT Power a émergé au début du XXIe siècle. CT Power a généré non seulement un scandale environnemental, mais également un scandale politique et financier », dit-il. Ainsi, selon lui, il convient de souligner que CT Power avait l’intention d’utiliser les fonds du CEB pour produire de l’énergie à Albion, destinée au CEB lui-même. « Cela aurait permis à CT Power de réaliser des profits sans investir le moindre capital. CT Power ne bénéficiait d’aucune crédibilité financière. Notre victoire devant le Privy Council a confirmé la validité de l’ensemble de nos arguments. Il est à craindre que de telles situations se répètent si, par une éventualité fortuite, Ramgoolam et Bérenger reviennent au pouvoir », ajoute-t-il.

Une énorme injustice

Refusant catégoriquement de s’exprimer sur les allégations le concernant dans l’affaire St-Louis, l’ancien no 2 du gouvernement aborde néanmoins les origines de ce projet qui ont conduit à l’arrestation de plusieurs acteurs au sein du Central Electricity Board (CEB) pour corruption. « St-Louis est un vieux projet, initié sous le régime du PTr. Les experts avaient préconisé le renouvellement de ces vieilles machines qui avaient du mal à fonctionner. La première phase a été complétée, mais la deuxième phase a été mise de côté deux jours avant les élections de 2014, avec d’énormes soupçons de corruption, principalement sur le régime PTR, avec le MMM comme allié », déclare-t-il. Ivan Collendavelloo ajoute qu’en 2015, l’Agence Africaine de Développement « nous a demandé de remettre le projet sur les rails, tout en insistant sur la nécessité de mettre en place un nouveau paradigme pour éliminer tout risque de pollution et améliorer les performances. Ensuite, ceux qui avaient été impliqués dans la corruption avant 2014 ont eu l’audace de me pointer du doigt, et je ressens une énorme injustice d’avoir été vilipendé de la sorte. C’est injuste d’avoir douté de mon intégrité. »

Je ressens beaucoup de rancœur contre ceux qui continuent à me diffamer et à m’insulter»

Lors des élections générales de 2014, le ML mené par Ivan Collendavelloo avait suscité un nouvel espoir politique en parvenant à se faire élire dans la circonscription No 19, un bastion mauve inébranlable depuis de nombreuses décennies. Cependant, depuis la révocation de son leader en 2020, Ivan Collendavelloo et le ML semblent avoir perdu de leur influence sur la scène politique. La question qui se pose maintenant est de savoir si le ML conserve encore sa force politique et si son leader a la capacité politique nécessaire pour rivaliser avec une alliance composée du Mouvement Militant Mauricien (MMM), du Parti travailliste (PTr), et du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD). Interrogé à ce sujet, Ivan Collendavelloo refuse de reconnaître que le ML a disparu de la scène politique. « Je ne me suis pas retiré de ma circonscription, j’anime régulièrement des réunions et suis en contact étroit avec ma base électorale. C’est à l’électorat de se prononcer après une campagne électorale », dit-il. Et en quelle capacité compte-t-il affronter les prochaines élections générales ? « Sous toute forme que le contexte appellera », se contente-t-il de répondre.

Et en ce qui concerne les relations entre le Mouvement socialiste militant (MSM) et le ML ? L’éviction d’Ivan Collendavelloo du poste de ministre et la révocation du conseil d’administration du CEB, composé en grande partie de proches de Collendavelloo, dans le cadre de l’affaire St-Louis, ont été interprétées par de nombreux observateurs comme une tentative de certains membres du MSM, qui ne supportait pas la montée en puissance d’Ivan Collendavelloo et de son parti, de régler leurs comptes avec le ML. 

Pas de tension avec le MSM

De plus, les prises de position de certains membres du ML, qui ne correspondaient pas toujours à la ligne du MSM, ont souvent révélé des relations tendues entre les deux partis, certains allant même jusqu’à parler d’une rupture définitive entre les deux partenaires, en particulier avec l’arrivée de Steven Obeegadoo et d’Alan Ganoo, anciens membres du MMM. Ivan Collendavelloo rejette cependant fermement ce genre de commentaires : « Je tiens à dire que nous n’avons jamais eu de relations tumultueuses. Lorsque je suis consulté, je donne simplement mon point de vue. Il n’y a pas de tension avec le MSM, car nous sommes alliés, mais notre identité politique demeure pleine et entière », dit-il

En 2022, plusieurs anciens membres du MMM avaient envisagé la création d’une nouvelle force politique, regroupant les anciens dissidents du MMM actuellement présents au sein du gouvernement. Ce projet avait été le sujet de nombreuses discussions et de sessions de travail. Cependant, les efforts visant à concrétiser ce projet semblaient avoir ralenti, avec des signes de stagnation de plus en plus évidents. Selon nos informations, certains commentaires de Steven Obeegadoo, l’un des artisans de ce projet, lors d’une polémique avec des membres de la communauté tamoule autour d’un terrain à Réduit, auraient contribué à freiner cette initiative. Interrogé à ce sujet, Ivan Collendavelloo répond que « nous sommes tous les trois attachés à ce projet d’unification, mais il nous faut le considérer sous tous ses angles, et surtout, il ne faut pas se presser ».

Ivan Collendavelloo confirme-t-il son retour imminent au conseil des ministres ? Il reste évasif. « Ma lutte politique et mon combat n’ont jamais été dirigés vers l’obtention d’un emploi » se contente-t-il de dire.

 

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