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Criminalité : une situation inquiétante

La situation concernant les « law and order » se dégrade dans le pays. Le nombre d’agressions de toutes sortes, de meurtres, de vols avec violence, de dérives au niveau des mœurs sexuelles est en hausse.

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La prédilection des dirigeants pour combattre la criminalité, c’est-à-dire, le durcissement des peines n’a pu jusqu’ici donner les résultats escomptés. Force est de reconnaître que les lourdes peines n’ont pu faire reculer la toxicomanie et le trafic des stupéfiants.

La société souffre d’un mal profond et l’institution responsable de la situation de law and order dans le pays, la force de l’ordre, semble dépassée par le cours des événements. Les innombrables doléances et plaintes du public sur les radios privées chaque jour ne font que renforcer ce constat.

Par conséquent, une restructuration de fond en comble de cette institution est devenue indispensable, afin de lui insuffler le dynamisme, le sens de responsabilité et de professionnalisme qui sont tant nécessaires pour lui permettre d’accomplir comme il se doit sa mission.

À Maurice, l’aveu occupe une place prépondérante dans les enquêtes policières, ce qui explique manifestement le manque apparent d’intérêt pour le recours aux techniques scientifiques. L’affaire Michaella Harte, mais pas seulement, en est un exemple flagrant. D’ailleurs, depuis la dénonciation fracassante d’un ex-médecin légiste le 28 janvier 2006 lors d’une interview dans les colonnes d’un hebdomadaire (L’Express samedi) : « Jamais dans ma carrière, le laboratoire n’a apporté un élément qui a aidé l’enquête », on se demande qu’est-ce qui a réellement changé au niveau de la police scientifique.

Sous l’ancien régime, l’introduction d’une Police and Criminal Evidence Act dont l’objectif, entre autres, était de définir les paramètres appropriés des enquêtes pénales avait été annoncée en grande pompe et un National Policing Strategic Framework avait même été présenté en juin 2011. L’objectif état de « provide the public with the best possible policing service ». Or, aujourd’hui, nous nous trouvons toujours à la case départ.

Et il va sans dire que les critiques relatives aux brutalités et à la qualité des enquêtes, qu’elles soient fondées ou pas, ont toujours pour conséquence de saper la confiance des citoyens dans l’institution. Vu qu’aucune autorité indépendante n’exerce un contrôle a priori ou a posteriori sur la force de l’ordre, les enquêteurs ont toujours tendance à chercher des raccourcis. De ce fait ils ont recours à des méthodes inacceptables pour arracher des aveux.

L’opération nettoyage auquel s’est attelé le gouvernement doit ainsi toucher également la force policière. Ce n’est certainement pas un unique changement au niveau du commissariat qui apportera cette restructuration tant attendue à une institution qui a stagné durant ces dernières décennies. Elle est perçue comme l’institution la plus corrompue à Maurice, selon un sondage de l’Icac publié le 17 mars 2015.

Par ailleurs, souvent les enquêteurs se sentent désemparés face à une pléiade d’avocats représentés dans des high profile cases, à l’instar de celui où l’ex-Premier ministre est impliqué ces jours-ci. D’ailleurs les nombreuses accusations qui ont été rayées en Cour contre ce dernier démontrent la légèreté avec laquelle certains dossiers sont traités. C’est pourquoi il est temps de sortir des sentiers battus, de se débarrasser de ce conservatisme traditionnel légué par les Britanniques.

Il faut réaliser enfin un des projets phares du programme électoral de l’Alliance Lepep sous le chapitre Law and Order, notamment, l’affectation dans chaque poste de police d’un law officer.

En effet, en vue d’encadrer les enquêteurs, d’éliminer les abus et les excès de zèle et de restaurer la confiance du public dans l’institution, l’introduction d’un dispositif similaire à celui du juge d’instruction en France, est hautement essentielle.

Car, dans un système accusatoire comme le nôtre, compte tenu du fait que la grande majorité des prévenus ne retiennent pas les services d’un homme de loi, un dossier mal ficelé – délibérément ou pas – conduit , très souvent, à une condamnation, même si celui se trouvant sur le banc des accusés n’a rien à se reprocher.

 

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