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Culture numérique - La House of Digital Art : une invitation à une expérience immersive et créative unique

Astrid Dalais, Guillaume Jauffret de Move for Art, et Kim Lenoir, Jurgen Loffler de The Analog Collective, a

Port-Louis a une nouvelle adresse artistique. La House of Digital Art sise à la 246 Edith Cavell offre au public une expérience culturelle unique faite d’immersion dans un univers onirique. Le tout dans un lieu chargé d’histoire et de poésie.

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Rue Edith Cavell et rue Barracks à Port-Louis. Des ados se dirigent en groupe vers la cour intérieure du 246 Edith Cavell Court. Que viennent-ils faire en ces lieux habituellement fréquentés par des adultes y travaillant ou qui entreprennent une démarche administrative dans l’un des bureaux sis dans les environs ?

« On va à House of Digital Arts », répond Alex, un jeune d’à peine 17 ans. Il est accompagné de ses amis Omar et Zyaad, tous en lower, disent-ils, comprendre 1re année de HSC dans un collège d’État. À quelques pas plus loin, Mélanie, une jeune venant de France se retrouve là à l’invitation de sa cousine, Eve, une ado comme elle et fréquentant un collège des Plaines-Wilhems. « J’ai été séduite par les images de l’exposition à la Hoda, vues sur Tiktok, et j’ai tout de suite accepté l’invitation. »

En effet l’attraction est l’exposition montrée par la House of Digital Arts. Cet établissement qui a ouvert ses portes à la fin du mois de juin dernier donne à Port-Louis un nouvel espace culturel. Il est d’un attrait certain pour les jeunes, mais aussi pour ces nombreux parents accompagnant leurs enfants encore au primaire.

La House of Digital Art est une maison culturelle dédiée aux arts numériques. Elle organise des expositions se déclinant sur plusieurs espaces où chacun travers des expériences immersives par le biais des installations numériques cinétiques, interactives et sonores entre autres.

« Avec cette initiative, nous voulons changer les a priori sur le digital. Au contraire de ce qu’on pourrait penser, le digital peut nous permettre de nous reconnecter avec les autres et avec l’environnement », dit Astrid Dalais qui est à la base de la création de House of Digital Art en association avec Guillaume Jauffret. Ce dernier danseur et chorégraphe mauricien a évolué sur les grandes scènes européennes avec des grands noms de la danse dont Béjart et Redha.

« L’art dans la Cité » semble être le credo d’Astrid Dalais et de Guillaume Jauffret. On se souvient de Porlwi by Light, festival son et lumière qui avait, pour sa première édition en décembre 2015, ébloui et fait rêver plus de 600 000 Mauriciens descendus dans les rues de la capitale. « L’art rassemble, il permet de transcender les différences et abolir les frontières », poursuit Astrid Dalais.

La directrice de House of Digital Art confirme que dans la conception et la réalisation de ce projet les barrières d’âges, de métiers, d’origine et autres ont disparu. Chacun a su apporter son savoir-faire et son expérience pour aboutir à ce résultat qui enchante les visiteurs.

Il existait des possibilités que la House of Digital Art soit installé hors de Port-Louis, mais les concepteurs ont tenu à ce qu’elle soit dans la capitale. « Port-Louis est un lieu rempli d’histoire, il faut entretenir la mémoire et en donnant une destination actuelle à des lieux historiques, on parvient à préserver le patrimoine », ajoute Astrid Dalais.

D’ailleurs Edith Cavell Court est construit sur le site où se trouvait l’Hôtel du Génie dirigé jadis par l’ingénieur et géologue métis Lislet Geoffroy qui au 18e siècle aida à cartographier les îles e l’océan Indien.

Après un peu plus de deux ans de gestation, la House of Digital Art voit le jour en juin 2023. Elle a été conçue par Move for Art du tandem Astrid Dalais-Guillaume Jauffret et portée aussi par The Analog Collective de Kim Lenoir et Jurgen Loffler. Les activités de la maison culturelle ont débuté avec une première exposition qui durera huit mois et qui propose « une expérience unique créative, pédagogique, immersive et digitale ».

Toutes les expositions organisées par la House of Digital Art s’articuleront autour d’une thématique résumé dans une citation poétique ou philosophique. La saison inaugurale repose sur une citation de l’illustre poète mauricien Edouard Maunick extrait du recueil Les Manèges de la mer (1964) : « Un territoire entre midi et minuit, c’est là que j’irais crier mon sang-mêlé jusqu’à l’âme ».

Visitez l’exposition et vous entendrez Edouard Maunick dire ses poèmes comme seul lui pouvait le faire, mais aussi le groupe mauricien Patyatann. Vous serez immergé dans une ambiance psychédélique avec des projections sons et lumières et vous pourrez participerez à des expériences interactives.

Une invitation, à se laisser errer dans un manège sensoriel 

digital art

Rencontré dans la cour intérieure de l’Edith Cavell Court devant l’Hotel du Génie, Armand Despont, nous confie qu’il est à sa quatrième visite des lieux. Ce jeune Français s’est installé à Maurice depuis peu pour travailler dans le secteur du cinéma numérique. Sollicité pour ses impressions, il nous fait visiter l’exposition tout en partageant ses émotions le texte ci-après. 

Un sigle sur les parasols de la cour d’Edith attire mon attention : « 10 ». Il m’évoque le code binaire du numérique, où chiffres zéro et un sont rois. Cela étant, le « 1 » pourrait aussi être perçu comme un i majuscule et évoquer les initiales IO pour Indian Ocean. Ou inversement, “10” pourrait être lu comme One O pour One Ocean et évoquer l’unité des eaux qui s’entremêlent pour ne former qu’un. Je le prends comme une invitation à réconcilier le virtuel et le réel.

Je m’approche de l’Hôtel du Génie. Les portes s’ouvrent. Je passe du soleil de Port-Louis à l’obscurité d’un monde nouveau. Les mots titanesques d’Edouard Maunick s’élèvent face à moi : « S’il était un territoire entre midi et minuit. » Comme un rappel de l’éphémère, ces mots m’intimident autant qu’ils m‘interpellent. Ils évoquent un espace hors du temps, où les règles ordinaires ne s’appliqueraient pas. Je me laisse emporter par leur souffle et m’engage dans un mystère.

À l’intérieur, je découvre une exposition qui rassemble une panoplie d’œuvres hybrides, créées par des artistes mauriciens, réunionnais et européens.
Le duo Xenoangel présente « Trashdwellers », des œuvres interactives sur écran tactile dénonçant la pollution des océans. Damien Bénéteau nous offre « Spherical Variations », une œuvre hypnotisante jouant avec le temps. Mathilde Fossy nous entraîne dans « Multivers & Portals », une expérience immersive en réalité augmentée vers des univers étoilés. Motionwip et MireDev nous emmènent sous l’eau avec « Topos », une installation sur la création des continents.

Le groupe Patyatann nous propose une installation auditive en trois actes narrant le mythe d’un continent perdu : la Lémurie. 

Stéphanie Brossard nous invite avec « Parhélie » dans une installation lumineuse représentant le soleil de Dehli. Kid Kreol et Boogie créent un couloir psychédélique baptisé les « Laves du Temps » et nous amènent vers la salle immersive, où les collectifs Motionwip et Secondnature nous submergent avec « Genesis IO » et « Fler », deux projections grandioses explorant l’acte de la Création.

Pensé comme un itinéraire qui mène inévitablement au cœur d’un volcan en éruption, je finis par me laisser errer dans ce manège sensoriel et cherche à m’y éterniser.

Dehors, je retrouve « 10 » qui m’attendait sagement. Pour moi, il demeurera un symbole énigmatique célébrant la grandeur et la fragilité de l’océan Indien avec en son cœur une présence subtile et emblématique, éclatante et éternelle : la poésie d’Edouard Maunick.

 

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