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Dangerosité du variant Omicron : les avis des spécialistes divergent

Les Drs Jaumdally, Pauvaday, Gujadhur et Pyndiah sont unanimes sur un point : la vigilance est de rigueur pendant la période festive.

Faut-il craindre l’Omicron ? Si le Dr Shameem Jaumdally affirme qu’il convient de se méfier en l’absence de données suffisantes sur ce variant, le Dr Nand Pyndiah pense qu’il ne faut pas en avoir peur.

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Il faut craindre le variant Omicron et ne pas oublier que le variant Delta est encore présent. La vigilance doit donc être de mise durant la période festive. C’est ce que soutient le Dr Shameem Jaumdally, virologue et chef de service de l’unité de diagnostic de l’University of Cape Town Lung Institute, en Afrique du Sud.

Il souligne cependant qu’il est encore trop tôt pour affirmer que le variant Omicron cause moins de cas graves de la Covid-19. Si la maladie semble moins sévère, la vaccination semble aussi moins efficace. 

Dans un tel cas de figure, il préconise la même approche que par rapport aux autres variants : se montrer vigilant et respecter les mesures barrières (port du masque sanitaire, distanciation physique, éviter les rencontres dans les lieux clos, entre autres).

Pour le Dr Jaumdally, s’il faut se méfier de l’Omicron, le variant Delta représente toujours un danger important. Son cycle d’infection a commencé il y a seulement deux mois et demi et il a le potentiel d’infecter encore, selon lui.

Le Dr Keyvoobalan Pauvaday appelle également à la vigilance. Pour lui, le plateau d’infection avec le variant Delta a déjà été atteint et le nombre d’infections avec ce variant est maintenant en baisse. Cependant, avec l’apparition du variant Omicron qui a une forte transmissibilité, le système de santé risque d’être débordé par le nombre de nouveaux cas fin décembre ou début janvier.

S’appuyant sur un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (voir hors texte), le Dr Pauvaday estime que de nouvelles restrictions auraient dû être imposées pendant la période festive, afin de réduire au maximum le risque de nouvelles contaminations et de propagation du nouveau variant. Selon l’OMS, entre le 6 et le 12 décembre, le nombre de cas de Covid-19 à Maurice était de 6 450 contre 733 la semaine précédente, soit une hausse de 880 %. En l’absence d’informations à ce sujet de la part des autorités locales, le Dr Pauvaday s’interroge sur les chiffres avancés par l’OMS.

Omicron dans la communauté

Pour le Dr Shameem Jaumdally et le Dr Vasant Gujadhur, ancien directeur des services de santé  publics, la population doit prendre ses précautions car il y a une forte probabilité que le variant Omicron soit déjà présent dans la communauté. Ils rappellent qu’un des deux premiers cas a été détecté sur une habitante du village de Tamarin qui a été en contact avec un passager en provenance d’Afrique du Sud le 18 novembre. Ce dernier n’est pas passé par le centre de quarantaine car il n’y avait pas encore de restriction vis-à-vis de ce pays.

Les analyses pour identifier ce qui allait être le variant B.1.1.359 (Omicron) étaient toujours en cours. C’est le 25 novembre que l’annonce de la découverte du nouveau variant a été faite. Et c’est de manière fortuite que le cas local du variant Omicron a été détecté, après un test effectué par l’habitante de Tamarin dans une clinique privée. 

Même si l’exercice de traçage de cas contact n’a pas révélé d’autres cas officiellement, il n’est pas exclu qu’il y en ait d’autres, selon nos deux interlocuteurs. « Entre le 18 et le 30 novembre, il est possible qu’il y ait eu d’autres contaminations », indique le Dr Gujadhur. 

Risque de flambée

Présenté comme « moins virulent » que le Delta, l’Omicron est néanmoins à prendre au sérieux. Plus contagieux, il peut surcharger le système de santé, prévient le Dr Jaumdally. 

Il note malheureusement que beaucoup de Mauriciens, informés d’une baisse du nombre de cas et de décès, pensent que la situation s’est améliorée et qu’ils peuvent faire la fête en oubliant pour un temps les précautions sanitaires. Le Dr Gujadhur fait le même constant. Avec les rues et les centres commerciaux qui sont bondés de monde pour les achats de fin d’année, ainsi que les rencontres sociales, la distanciation physique et le port du masque ne sont pas respectés scrupuleusement, dit-il.

Les mauvaises habitudes sont revenues, affirme-t-il. « Nous retournons à une normalité qui peut s’avérer dangereuse » dit-il. D’autant plus que de nombreuses personnes ne sont pas vaccinées et que seulement 167 349 Mauriciens, au dimanche 19 décembre, s’étaient fait administrer la dose de rappel.  

Les fêtes de Noël et du Nouvel An seront déterminantes. « Si on ne prend pas suffisamment de précautions, le nombre de nouveaux cas et de décès va augmenter lors de la deuxième semaine de janvier », met en garde le Dr Jaumdally. Le Dr Pauvaday déplore ainsi que les autorités ne communiquent pas assez pour prévenir la population de la dangerosité du variant Omicron. « L’aspect le plus inquiétant, c’est qu’une personne ayant déjà été positive à la Covid-19 peut de nouveau être infectée par ce variant », dit-il.

Dr Nand Pyndiah : « Il ne faut pas avoir peur de l’Omicron »

Le virologue Nand Pyndiah est d’un tout autre avis que ses confrères. Il considère qu’il ne faut pas avoir peur du variant Omicron et souhaite même qu’il remplace le variant Delta. 

Le Dr Pyndiah explique que le Delta a une affinité pour le récepteur d’enzymes de conversion de l’angiotensine 2, une protéine-clé dans la physiologie du Covid-19 qui se trouve au niveau des alvéoles des poumons. En revanche, l’Omicron a perdu cette propriété. Une personne infectée ne peut pas, par conséquent, souffrir du syndrome respiratoire aigu qui est mortel. « L’infection se limite aux voies respiratoires supérieures : la gorge et le nez. » C’est pour cela, poursuit-il, que les patients n’ont pas besoin d’être placés sous oxygène.

Le virologue pense aussi que la Covid-19 va disparaître, comme toutes les pandémies que la Terre a connu dans le passé. Il faut cependant attendre encore un peu pour en avoir la confirmation. 

Maurice cité dans le rapport de l’Enhancing Readiness for Omicron

Selon l’Organisation mondiale de la santé, dans le rapport intitulé « Enhancing Readiness for Omicron (B.1.1.529) : Technical Brief and Priority Actions for Member States », une forte augmentation du nombre de contaminations par le variant Omicron a été observée entre le 6 et le 12 décembre par rapport à la semaine précédente dans les pays voisins de l’Afrique du Sud.

Les incidences par pays sont les suivantes :

  • Lesotho : 1 264 contre 83 cas (hausse de 1520 %) 
  • Zimbabwe : 26 479 contre 4 572 cas (+ 580 %) 
  • Eswatini : 4 806 contre 840 cas (+ 570 %) 
  • Namibie : 1 722 contre 375 cas (+ 460 %)
  • Mozambique : 1 540 contre 353 cas (+440 %)

Sur la même période, des augmentations significatives du nombre de cas de Covid-19 ont commencé à être observées dans d’autres pays africains signalant des cas d’Omicron. On y trouve :

  • Maurice : 6 415 contre 733 cas (+ 880 %)
  • RD Congo : 1 388 contre 314 cas (+ 440 %)
  • Nigéria : 2 496 contre 585 cas (+ 430 %)
  • Zambie : 665 contre 156 cas (+ 430 %).
  • Ce rapport a été rendu public le vendredi 17 décembre. 
 

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