Débat

Débat dans le cadre du Salon Moris Mo Péi : l’heure est au toilettage de la Constitution

Débat dans le cadre du Salon Moris Mo Péi  La Constitution était au coeur des débats animés par Nawaz Noorbux.

Même si la Constitution de Maurice a bien servi, après 50 ans d’indépendance, le moment est idéal pour procéder à une grande révision. C’est l’avis unanime exprimé par Milan Meetarbhan, Manisha Dookhony, Nilen Vencadasmy et Alan Ganoo lors du forum débat intitulé « Quelles réformes politiques et constitutionnelles pour le pays ». L’événement a eu lieu dimanche, au centre Swami Vivekananda, à Pailles.

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Le mode de nomination, la limitation des mandats du Premier ministre, le financement politique, la révision du Best Loser System, une meilleure réflexion du résultat des urnes sur la composition du Parlement, autant de points qui mériteraient toute l’attention du législateur. « Le gouvernement devrait nommer une Constitutional Reform Commission pour décider de quels amendements nous avons besoin après 50 ans d’indépendance. La balle est dans le camp du gouvernement », affirme Alan Ganoo, président du Mouvement Patriotique. Il souhaite également que la Public Service Commission arrête de déléguer ses pouvoirs aux ministères, pour certains recrutements.

Pour le constitutionnaliste Milan Meetarbhan, le président de la République a beaucoup de pouvoirs sans pour autant être élu par le peuple, mais choisi par le Premier ministre. C’est un point qui mérite d’être revu.

« Après 50 ans, est-ce qu’on peut laisser autant de pouvoirs dans les mains d’un président qui n’a aucun mandat du peuple ? Il faut aller au-delà du débat sur la réforme électorale et examiner les choses dans un contexte plus large de gouvernance. De quel régime gouvernemental avons-nous besoin ? Je suis en faveur de pouvoirs dans la main du président, mais il doit avoir une légitimité à travers un suffrage universel », dit-il. Puis, au lieu d’ajouter encore des députés, ne faudrait-il pas une deuxième chambre avec des membres qui ont un profil différent de ceux qui sont au Parlement ? »

Milan Meetarbhan fait aussi ressortir que le système actuel a permis qu’un parti politique n’ait aucun député alors qu’il a recueilli 30 % des suffrages. « Nous devons moderniser la Constitution, corriger les failles et renforcer la démocratie. »

L’avocat Nilen Vencadasmy abonde dans le même sens. La domination grandissante de celui qui occupe la responsabilité de Premier ministre, le financement politique qu’il appelle « un système mafieux » et une absence de démocratie au sein des partis politiques qui aboutit à une tendance dynastique, sont trois gros problèmes auxquels il faudrait s’attaquer. « Depuis 1968, nous avons eu cinq Premiers ministres, dont quatre sont issus de deux familles et un qui n’a régné que pendant deux ans. Aujourd’hui, on a l’impression que le pays est la quasi-propriété des familles Ramgoolam et Jugnauth », reproche-t-il.

Manisha Dookhony, lecturer à l’Université de Maurice, déplore pour sa part que le système n’encourage pas l’engagement citoyen. « Le leadership a été accaparé par un groupe de personnes. C’est aussi vrai qu’il y a un souci de démocratie au sein des partis. »

Elle réclame aussi une révision du système électoral en faisant ressortir que les circonscriptions sont réparties de manière inégale. « Le No 14 compte 60 000 électeurs alors que d’autres n’en ont que 20 000. Pourtant, chacun vote pour trois députés. Ne faudrait-il pas augmenter le nombre de députés pour certaines circonscriptions ou revoir le découpage électoral ? », dit-elle. Au niveau de la représentativité des femmes, Manisha Dookhony précise qu’il n’y a que 11 % de femmes au Parlement alors que plus de la moitié de la population est féminine.

 

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