Live News

Décryptage : cure de jouvence pour l’Assemblée nationale 

Cela fait longtemps que notre auguste Assemblée nationale n’a pas été rajeunie. La dernière cure de jouvence remonte à 1976 lorsque le MMM avait fait son entrée au Parlement avec une kyrielle de jeunes. La cure qui intervient cette année, soit 43 ans plus tard, est particulière, car elle est assortie d’un nombre conséquent de professionnels. Il s’agit en quelque sorte d’un gage de réussite de nos dirigeants politiques qui n’ont pas lésiné sur les moyens sur le plan éducatif : réforme sur réforme, éducation primaire gratuite, éducation secondaire gratuite, transport gratuit et études supérieures gratuites. Pour un pays sans ressources naturelles comme le nôtre, le capital humain est un atout indispensable. C’est notre pierre précieuse. 

Publicité

Le jeudi 21 novembre 2019, beaucoup de Mauriciens ont suivi avec intérêt la prestation de serment des 70 nouveaux parlementaires, dont 32 sont des jeunes, ce qui représente 46 %. Parmi 24 (dont huit femmes) sont dans les travées de la majorité et huit (dont deux femmes) dans celles de l’opposition. Leur moyenne d’âge est de 44 ans. Treize de ces jeunes sont âgés de moins de 40 ans, 14 ont entre 40 et 50 ans et seulement cinq ont plus de 50 ans. Qui dit sang neuf, dit aussi nouvelles attentes de la part d’une population de plus en plus friande des travaux parlementaires depuis leur retransmission en direct à la télé. Ce sang neuf, qui représente 46 % des parlementaires, peut facilement dialyser notre corps parlementaire, voire aider à l’épurer des « unparliamentary words and attitudes », tout en regagnant le respect de la population. 

Ces politiciens nouvelle génération ont donc tout intérêt à ne pas s’embrigader dans la routine. Ils ne doivent pas se laisser emporter dans le spectacle des fauteurs de troubles des deux côtés de la Chambre. Car une fois pris dans cet engrenage, il leur sera difficile, pour ne pas dire impossible, de faire la distinction « between mediocrity and mastery » pour reprendre Robin Sharma, bien qu’ils soient des professionnels. 

D’autant que la civilité, le respect et les valeurs ne constituent pas l’ADN de toute personne éduquée. On a été témoin de plusieurs cas à l’Assemblée nationale. Dans certains, on se rend compte que le fait qu’une personne ait un niveau d’éducation académique élevé ne signifie pas qu’elle soit incapable d’avoir une attitude répréhensible. Tout de même, on voit mal comment l’économiste Renganaden Padayachy, le médecin Kailash Jagutpal, les juristes Avinash Teeluck et Zahid Nazurally, l’ancienne haut fonctionnaire Kalpana Koonjoo-Shah et l’artiste Sandra Mayotte, pour ne citer que ceux-là, peuvent tomber dans la médiocrité au Parlement en lançant des piques frisant la bassesse, des commentaires indécents ou des remarques insultantes. 

Cette nouvelle génération peut influencer positivement le comportement des habituels Honorable Members à travers son attitude et ses performances. Dans le cas des députés, à travers des questions pertinentes et des interventions de haute facture dans les débats. Dans le cas des ministres, en démontrant qu’ils maîtrisent leur dossier en excellant lors de la Private Notice Question et des questions parlementaires. 

Ces jeunes peuvent aider à faire de notre Assemblée nationale une usine à idées, en faisant assidûment leur homework et non en tenant des discours creux qui ne font pas honneur à leur personnalité. À l’avenir, le Hansard sera soit leur certificat de compétence, soit leur certificat d’incompétence. Ils doivent tirer des leçons de ce qu’il est advenu des professionnels qui n’ont pas fait long feu au Parlement pour avoir cru que l’hémicycle était un théâtre où ils pouvaient, chaque mardi, faire leur show, très souvent de mauvais goût. La nouvelle génération de politiciens doit à tout prix éviter d’être prisonnière de l’arrogance qui n’est pas exempte de conséquences, comme souligné par l’écrivain Harry Golden dans son autobiographie : « The arrogance of the young is a direct result of not having known enough consequences. » 

Pour bien démarrer ce mandat, les 32 nouveaux parlementaires doivent s’inspirer d’une réflexion faite par George Clooney : « You only have a short period of time in your life to make your mark. » C’est un fait indéniable que pour les parlementaires c’est « the shortest period of time », car la grosse majorité ne fait pas plus de deux mandats. Ils doivent donc s’ingénier à marquer les esprits, car cinq ans en politique, ça passe très vite.
 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !