Interview

Deepak Balgobin, Chairman de la MHC : «Nous visons des prêts d’un montant historique de Rs 2 milliards»

Deepak Balgobin

La problématique du logement revient périodiquement sur le tapis à Maurice. Espace de vie sociale, culturelle et économique, le logement est au cœur du mieux-vivre et participe au développement d’un pays s’il répond aux attentes des familles. La Mauritius Housing Company (MHC), depuis sa mise sur pied qui bénéficie des fonds de l’État, agit comme une banque au service des Mauriciens engagés dans des projets de construction. Son président, Deepak Balgobin, fait ressortir les grands axes de ses projets dans l’interview qui suit.

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À ce jour, quel est le nombre des demandeurs inscrits à la MHC et quel est le montant des prêts qui ont été accordés ?
Depuis le début de cette année, la MHC a octroyé  des prêts à plus de 900 clients pour un montant au-delà d’un milliard. En 2017, nous avons approuvé des prêts de plus de Rs 1,5 milliard. C’est la première fois en 55 ans qu’un tel montant a été approuvé. Je crois sincèrement qu’on va arriver à un montant de plus de Rs 1,8 milliard, voire même atteindre le chiffre historique de Rs 2 milliards.

Dans quels domaines, – la construction, la rénovation ou l’extension – les demandeurs de prêts sont-ils les plus nombreux ?
Les demandes sont plus nombreuses pour les projets de construction, suivies des extensions.
 
La MHC vient de lancer une nouvelle formule de prêts, à quoi correspond-elle ?
C’est un prêt remboursable allant  jusqu’à 25 ans avec un taux fixe de 1 %  durant la première année.  Après la première année, les taux d’intérêts seront variables selon les conditions applicables. Ces prêts sont destinés pour l’achat d’un terrain ou d’une propriété, qui peut être une maison ou un appartement, puis celle d’une deuxième propriété, terrain, maison ou appartement, la construction d’une maison, l’agrandissement d’une maison existante, la rénovation ou la réparation, l’achèvement d’une maison en cours de construction et le repaiement des prêts-logements non-MHC.
 
La problématique de la disponibilité des terrains à construire se pose-t-elle et de quelle manière peut-on la contourner ?
En effet, la rareté des terres disponibles pour la construction de nouveaux logements est un réel problème pour les Mauriciens désireux de construire une maison. Il n'y a pas beaucoup de terres disponibles dans les zones urbaines et suburbaines.

En moyenne, le coût du terrain varie de Rs 15 000 à Rs 30 000 la toise et un terrain peut coûter entre Rs 2 millions et Rs 4 millions et varie d'une région à l'autre. Pour la construction d’une maison dans un morcellement clôturé, un budget de 
Rs 4 millions et Rs 8 millions est normalement requis, car il y a beaucoup de directives et de restrictions de planification que les acheteurs doivent respecter.

Afin de permettre aux Mauriciens d'accéder à une nouvelle parcelle de terrain pour construire une maison, le schéma de planification de chaque conseil municipal et conseil de district doit être révisé et la zone/limite de peuplement doit être revue. Le gouvernement a déjà approuvé un nouveau schéma de planification pour plusieurs municipalités en mai 2016 et d'autres sont en cours de révision.
 
Certains types de logements sociaux construits dans le passé ne répondent plus aux attentes des familles, qui se sont agrandies. Comment répondre à ce défi ?
Quand on parle de logements sociaux, cela concerne davantage les projets de logement sous le regard de la National Empowerment Foundation et de la National Housing Development Company. Les choses ont bien évolué au fil des années.  Une solution qui répondait aux aspirations à une époque peut ne pas nécessairement être appropriée aujourd’hui. Le gouvernement précédent a construit des maisons sociales d'une superficie de 25 à 30 mètres carrés et le gouvernement actuel construit des maisons jusqu'à 50 mètres carrés (2 chambres à coucher) et toutes les aménités, telles que l’eau, l’électricité, les égouts avec chemin d'accès. Ces maisons, avec le prix du terrain, coûtent au gouvernement environ Rs 1,5 million chacune. Le gouvernement fait de son mieux pour fournir des maisons aux personnes dans le besoin. 

Selon les chiffres disponibles, le gouvernement a déjà construit 2 000 maisons, 2 500 autres sont en construction et environ 5 500 nouvelles maisons seront bientôt construites. Le Premier ministre l’a dit : une des priorités de son gouvernent c’est d’offrir un logement décent à chaque Mauricien. Un toit pour tous. 
 
Est-ce qu’à votre avis, à l’avenir et compte tenu de l’indisponibilité de terrains à construire, il faudrait réfléchir à construire davantage en hauteur ? Est-ce que les Mauriciens sont-ils prêts à vivre dans ce type d’appartement ?
La réponse est oui. Avec le coût élevé des terres dans les zones urbaines, le développement résidentiel sera plus enclin à un type de développement en hauteur. L'exemple peut être vu dans les régions comme Quatre-Bornes et Rose-Hill. Il est à noter que les jeunes couples et les couples âgés sont plus susceptibles de choisir de partir dans des projets d'habitation en hauteur. Prenons par exemple Singapour où il n’y a pas de terrains libres disponibles, donc les constructions se font en hauteur. 

Les jeunes d’aujourd’hui préfèrent avoir un appartement et cela pour plusieurs raisons. Il faut avoir du temps pour superviser une construction et le coût de celle-ci peut grimper, causant un débalancement du budget.  Une maison avec une cour a besoin d’entretien tandis qu’un appartement est entretenu par le syndic contre une cotisation mensuelle.  Le plus important c’est que l’appartement offre beaucoup plus de sécurité.  
 
Comment se présente la situation à Rodrigues ?
La branche rodriguaise a permis à quelque 3 000  familles d'acquérir un toit. La majorité des terrains à Rodrigues appartient à l’État et un client doit d’abord obtenir un bail de l’Assemblée régionale pour demander un emprunt. Auparavant, nos clients choisissaient leurs emplacements, mais graduellement, à cause de la superficie de l’île, l’Assemblée régionale réalise des morcellements avant d’allouer les baux. En ce moment, il y a environ huit morcellements, à  Montagne-Chérie, Patate-Théophile, Songes, Baie-Diamant, Baladirou,  Baie-Malgache et Anse-Goélands, où nos clients construisent.

L’Assemblée régionale encourage les Rodriguais à demander des droits de surélévation pour construire en hauteur. La compagnie a aussi contribué à aider les plus démunis  en offrant à une cinquantaine de bénéficiaires le  special scheme de l’Assemblée régionale.
 
Le gouvernement est-il en train de gagner la bataille du logement social ? Quels en sont les signes visibles ?
La MHC octroie de prêts à toutes les couches sociales, du moment que les clients respectent les critères.  Nous nous associons pleinement avec le programme gouvernemental dans le logement social.  De plus, la MHC apporte sa contribution en construisant des maisons pour la classe moyenne.  Déjà, nous construisons le Domaine Le Hochet à Terre-Rouge qui abritera 119 unités en plusieurs maisons individuelles, appartements, duplex, etc. 
 
Avons-nous pu réussir à adapter le logement social aux étapes de développement successives de Maurice, en termes culturels, mode de vie, espace de loisirs et de vivre en commun ?
Je prends l’exemple du Domaine Le Hochet.  En sus des unités qui vont être construites, nous avons mis l’accent sur cet aspect de vivre en commun. Nous avons créé un espace amphithéâtre ouvert où les personnes et les familles peuvent se regrouper pour socialiser.  Nous avons aussi pensé à des espaces verts pour l’environnement et des pistes cyclables. 

 

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