Faits Divers

Délit de fuite fatal à Baie-du-Tombeau : Massood Oozeerally n’accomplira pas le hadj

Massood Oozeerally Massood Oozeerally n'a pas survécu à ses blessures. Les badauds et des policiers extirpant Massood de sous la voiture.

Il ne pourra accomplir son pèlerinage à La Mecque dans une semaine. Massood Mohammad Oozeerally, 50 ans, est la 104e victime de la route. Vendredi, il est mort sous les roues d’une voiture qui a fait deux autres blessés.

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Husna Banoo, 46 ans, veuve de Massood Oozeerally, est anéantie. Les époux, mariés depuis 28 ans, avaient prévu de se rendre à La Mecque ce jeudi 9 août. « C’était le vœu de mon époux. Le départ était prévu jeudi prochain. Ma mère, mon mari et moi devions nous rendre en Terre sainte », confie-t-elle.

Mais le destin en avait décidé autrement. Vendredi matin, cet habitant de Baie-du-Tombeau avait prévu de rendre visite à son père. Vers 7 h 30, il a ainsi enfourché son scooter, direction Pailles. Mais 10 minutes plus tard, il est victime d'une crevaison à proximité d’un chantier sur la route principale de sa localité. Il appelle son épouse.

« Massood m’a demandé de lui apporter une pompe. J’ai pris un taxi pour aller le rejoindre », explique Husna au Défi Plus.

Sous les roues

Elle ne se doutait pas que le malheur allait frapper. Sur place, Husna tombe sur une scène d'horreur : son époux  est coincé sous les roues d’une voiture alors que son scooter est endommagé. « Mon époux était prudent sur la route. J’étais sous le choc », dit-elle en larmes.

Elle fustige les urgentistes qui auraient pris du temps pour arriver. « Mon mari est resté coincé sous les roues pendant plus de 45 minutes, les secours ont tardé. Ce sont les policiers qui l'ont transporté à l’hôpital », dit-elle. « Ce conducteur imprudent a tué mon mari. Massood ne pourra exaucer son voeu de se rendre en Terre sainte. Deux autres victimes, une dame et un travailleur  bangladais, luttent pour leur survie. Je prie qu’ils guérissent vite. Ce chauffard doit être sévèrement puni », dit Husna en pleurs. Elle était entourée de ses proches à la morgue de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.

Les faits. Peu avant 8 heures, une Volkswagen Golf, conduite par Ougeshsing Munbodh, un habitant de Bois-Chéri de 37 ans, quittait Baie-du-Tombeau. L’homme rendait visite à sa femme chez une proche. Sur la route principale, il heurte une employée d’usine, Sureka Persand, 60 ans, habitant la localité. Projetée sur la chaussée, elle est grièvement blessée. Selon Ougeshsing Munbodh : « Monn santi mo loto in tap ek enn kiksoz. Monn panike e monn kontign ale ». Dans sa fuite, il percute Mohammed Reshel Yendew, un ouvrier bangladais de 25 ans, avant de faucher Massood Oozeerally. La voiture finira sa course dans le rideau de fer du magasin Tombeau Bay Embroidery Ltd.

Sureka Persand, transportée à l’hôpital SSRN par le Samu, est admise aux soins intensifs. Son état est jugé sérieux. Le Bangladais est, lui, transporté par des volontaires à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo avant d’être transféré à l’hôpital SSRN. Massood Oozeerally, lui, a déjà rendu l’âme. 

Des volontaires et les sapeurs-pompiers ont dû déployer les grands moyens pour extirper le quinquagénaire. Le cadavre a été transporté à la morgue de l'hôpital Dr A. G. Jeetoo dans un véhicule de l'Emergency Response Service. L’autopsie, pratiquée par le médecin légiste, Dr Prem Chamane, a attribué le décès à de multiples blessures. 

L’enquête est supervisée par les surintendants Bansoodeb et Paraouty.


Le père de la victime : «Je lui avais dit de prendre le bus»

Ahmed, père de la victime, habite Pailles. Il est effondré. Au Défi-Plus, il confie que quelques minutes avant l’accident, son fils l’avait appelé pour l’informer qu’il avait un pneu crevé. « Je lui ai dit de laisser la moto chez un mécanicien et de prendre le bus. La veille, je lui ai dit de venir samedi, mais il a préféré venir me voir vendredi pour avoir le temps de compléter ses démarches pour le hadj. Ma vie a basculé. Mon fils et sa femme se sont installés à Maurice depuis trois ans. Ils ont vécu en Italie pendant 25 ans.» Les funérailles de Mohammed Massood Oozeerally ont eu lieu vendredi à 16 h 30, à Pailles. 


Derniers instants entre époux

Husna Banoo explique que, vendredi matin, elle s’est sentie faible et s’est évanouie. « Mon époux m’a massée avant de sortir et m’a dit de prendre soin de moi. Je lui ai dit de ne pas prendre cette route, car c’était dangereux. Il ne m’a pas écoutée. J’ai retrouvé mon époux sur le bas côté, sur un terrain en friche avec sa moto. C’est une épreuve très dure à vivre. Nous n’avons pas d’enfant. Il me faudra apprendre à vivre seule sans Massood à mes côtés », dit la veuve.


Il a les pieds fracturés : Yendew devait quitter Maurice le 17 août

Mohammed Reshel Yendew a subi une intervention chirurgicale. Son état inspire de vives inquiétudes. « Cela fait quatre ans que Reshel est à Maurice. Il travaille dans une usine à Baie-du-Tombeau. Il devait quitter Maurice le 17 août pour rejoindre sa famille au Bangladesh. Le malheur a frappé. Ses camarades sont choqués », explique son compatriote Afeez.  « Reshel se réjouissait à l'idée de revoir ses proches. Il leur avait acheté plein de cadeaux. Il était tout excité. On ne sait pas s’il pourra quitter Maurice le 17 août. Sa famille ignore qu’il a été victime d’un accident. Nous ne savons pas comment leur annoncer cette nouvelle », ajoute Afeez.


La belle-sœur de Sureka : «J’ai cru qu’elle était morte»

Ranee, la belle-sœur de Sureka Persand, est sous le choc. Elle était dans sa cour quand elle a entendu un bruit assourdissant. « Je suis allée aux nouvelles et j’ai vu une voiture noire qui roulait à vive allure. Puis, j'ai vu Sureka gisant inerte sur l’asphalte. Elle portait de multiples blessures, ses vêtements étaient déchirés. J’ai cru qu'elle était morte, elle ne bougeait plus. J’ai pris un drap et je l’ai recouverte, avant d’informer ses enfants. Le Samu est arrivé et les secouristes ont dit qu’elle respirait toujours. Nous avons été soulagés. Nous prions qu’elle se rétablisse au plus vite. Si sofer la ti arete, pa ti pou ena mor e sa zenes la pa ti pou blese ». Bina, la fille de Sureka, confie : « Je suis traumatisée. Ma mère est à l’hôpital à cause d’un chauffard. Elle a plusieurs fractures, selon son médecin. »

 

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