Politique

Deux ans après les élections : multiples rebondissements

L’heure est au bilan. Exactement deux ans après la proclamation des résultats des dernières élections générales, les acteurs politiques n’ont pas eu le temps de souffler. Les événements se sont succédé à un rythme effréné.

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11 décembre 2014 : Victoire aussi inattendue qu’éclatante de l’Alliance Lepep. Sir Anerood Jugnauth redevient Premier ministre à la tête d’une équipe de 51 députés, dont quatre best losers.

3 avril 2015 : La Banque de Maurice révoque la licence de la Bramer Bank. L’empire Rawat s’écroule. Le dossier retient toute l’attention du gouvernement pendant plusieurs mois.

5 juin 2015 : Ameenah Gurib-Fakim devient présidente de la République.

14 juin 2015 : 120-0 pour l’Alliance Lepep aux élections municipales.

29 juin 2015 : Pravind Jugnauth est condamné à un an de prison pour conflits d’intérêts dans l’affaire MedPoint. Il démissionne comme ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation.

22 août 2015 : Sir Anerood Jugnauth présente la Vision 2030 du gouvernement.

8 novembre 2015 : Danielle Selvon démissionne du MSM et devient députée indépendante. Elle n’est pas d’accord avec le Good Governance & Integrity Reporting Bill, le Constitutional (Amendment) Bill et l’Asset Recovery (Amendment) Bill.

2 mars 2016 : Après enquête du ministère de la Bonne gouvernance, le projet de smart city de Pailles, piloté par Vishnu Lutchmeenaraidoo, est référé à l’Icac sur décision d’un conseil des ministres spécial. La mésentente entre Roshi Bhadain et Vishnu Lutchmeenaraidoo monte d’un cran.

14 mars 2016 : Vishnu Lutchmeenaraidoo quitte le ministère des Finances, officiellement pour des raisons de santé, pour les Affaires étrangères, après une période d’incertitude.

23 mars 2016 : Raj Dayal démissionne comme ministre de l’Environnement dans le sillage de l’affaire « Bal kouler ».

25 avril 2016 : Clash entre le vice-Premier ministre, Ivan Collendavelloo, et le député MSM Bashir Jahangeer au comité parlementaire. Jusqu’à ce jour, les relations entre les deux hommes sont tendues.

26 mai 2016 : Pravind Jugnauth devient ministre des Finances, après avoir été blanchi par la Cour suprême en appel.

5 août 2016 : Le projet Heritage City, estimé à Rs 29 milliards, soutenu par Roshi Bhadain, est enterré par le Conseil des ministres. Un comité interministériel sera mis sur pied par la suite pour réexaminer le dossier.

18 août 2016 : Roshi Bhadain porte plainte au CCID contre le Senior Advisor de Pravind Jugnauth par rapport à Heritage City.

12 septembre 2016 : Lors d’une conférence de presse,  sir Anerood Jugnauth déclare qu’il ne pourra pas tenir jusqu’à la fin de son mandat. Son remplaçant sera son fils, Pravind Jugnauth, car celui-ci jouit du soutien de la majorité des élus du gouvernement. Il annonce aussi un remaniement ministériel « very soon ». Les spéculations sur une passation de pouvoir commencent alors.

11 octobre 2016 : Le comité interministériel décide de mettre définitivement fin à Heritage City.

17 octobre 2016 : Pravind Jugnauth  annonce, lors d’un congrès, qu’il assumera les responsabilités qui lui seront confiées au moment opportun.

19 novembre 2016 : Le ministre de la Santé, Anil Gayan, critique sévèrement la présidente de la République pour ses voyages à l’étranger.

4 décembre 2016 : SAJ affirme qu’il sera présent comme Premier ministre le 12 mars 2017.

8 décembre 2016 : « Nou au pouvwar ek nou pou rest au pouvwar », déclare SAJ.


L’effritement du MMM

À la sortie des urnes, le Mouvement militant mauricien (MMM) se retrouve avec douze députés seulement. Aujourd’hui, les mauves n’ont plus que six représentants au Parlement, car ils en ont perdu six en deux ans. Au lendemain des élections législatives, l’alliance PTr/MMM vole en éclats. Le concept de deuxième Répu­blique, avec le tandem Navin Ramgoolam et Paul Bérenger dans les rôles principaux, n’a pas séduit.

Paul Bérenger attribuera la faute de cette lourde défaite électorale au Premier ministre sortant, Navin Ramgoolam. Les 15 et 16 décembre 2014, deux membres du bureau politique du parti s’en vont. Jenny Mooteealoo et Vinay Koonjul envisagent leur avenir politique ailleurs. Ils seront les premiers d’une longue série. En mars 2015, Jean-Claude Barbier est expulsé du parti, après avoir ouvertement critiqué son leader, Paul Bérenger.

Quelques jours plus tard, Joe Lesjongard et Raffick Sorefan claquent la porte du MMM, suivis d’Alan Ganoo et de Kavi Ramano peu après. D’autres militants, mais à des niveaux inférieurs, suivent le pas. Sur les ondes de Radio Plus, Jean-Claude Barbier affirme qu’ils « en ont marre de l’attitude de Paul Bérenger et de la façon dont il se comporte au sein du parti ».

Le 23 septembre dernier, c’est le député Zouberr Joomaye qui démissionne de toutes les instances du parti pour siéger en indépendant. « Un leader qui a connu défaite sur défaite doit s’en aller », dit-il en ciblant Paul Bérenger.

Le 14 juin 2015, le MMM connaitra une autre cuisante défaite. Pour la première fois depuis sa création, le parti se retrouve sans aucun conseiller municipal.

Le 26 novembre dernier, l’assemblée des délégués adopte la nouvelle constitution du parti. Il a fallu 19 mois de travaux pour en arriver à ce résultat. Elle vise à moderniser les structures du parti et à les rendre plus dynamiques.

PTr : la traversée du désert

Le 11 décembre 2014, Navin Ramgoolam et tous les autres leaders du Parti travailliste mordent la poussière. Seul l’ex-ministre du Travail, Shakeel Mohamed parvient à se hisser à l’Assemblée nationale. Il sera accompagné de deux novices en politique, Osman Mohamed et Ritesh Ramphul. Commence alors une traversée du désert pour les rouges, Navin Ramgoolam en tête.

Ce dernier est arrêté le 6 février au domicile historique de son père, feu sir Seewoosagur Ramgoolam, dans le cadre de l’affaire du campement de Roches-Noires. Il passera plusieurs jours en cellule policière.

Le 8 février, la police procède à l’ouverture de deux coffres-forts à sa résidence de Riverwalk. Ils y découvrent Rs 220 millions, dont près de la moitié en devises étrangères.

Cette arrestation sera la première d’une série de cinq. Les charges provisoires s’entassent. Blanchiment d’argent, complot pour pervertir le cours de la justice, bribery for procuring contracts » et conspiracy to commit money laundering… Au sein du PTr, certains, dont Arvin Boolell et Shakeel Mohamed, réclament que le leader cède sa place. Navin Ramgoolam résiste.

En 2016, les accusations sont rayées l’une après l’autre. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une charge sur onze, celle qui a trait à ses coffres-forts. Ses dernières semaines, le Parti travailliste a repris ses activités politiques avec un certain succès.

L’éclatement du MP

Le 17 mai 2015 est né le Mouvement Patriotique. Formé de dissidents du MMM, dont Alan Ganoo, qui occupait le poste de leader-adjoint des mauves, cette nouvelle formation politique compte cinq députés (Joe Lesjongard, Jean-Claude Barbier, Kavi Ramano, Raffick Sorefan et Alan Ganoo) à ses débuts. Elle se place ainsi comme seconde force de l’opposition et revendique une manière de faire autremement la politique. Son position­nement mi-figue mi-raisin par rapport au gouvernement crée toutefois des tensions intestines et le Mouvement Patriotique est sur le bord de l’éclatement à peine un an après sa création. Cela débouche sur la démission de Kavi Ramano, Joe Lesjongard et Raffick Sorefan en octobre. Ils sont suivis d’une quinzaine d’autres membres du parti de la rose. La formation ne compte plus que deux députés, à savoir Jean-Claude Barbier et Alan Ganoo.

 

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