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Deux pêcheurs disparaissent en mer: les familles plongées dans le désarroi

Après la disparition en mer de quatre pêcheurs, le 1er décembre dernier, deux autres pêcheurs, Ram Kona Herkanaidu, connu comme Rajiv, 47 ans, et Roland André Laramée, 51 ans, ont disparu alors qu’ils étaient sortis pour une partie de pêche le 9 janvier au large de La Prairie, au Morne.
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/div> Cette soudaine disparition laisse leurs familles dans un profond désarroi. Cela fait plus d’une semaine maintenant que leurs proches attendent leur retour. À Trois-Bras, Surinam, où habite Rajiv, le temps s’est figé. Au lendemain de sa disparition, plusieurs proches sont venus rendre visite à son épouse, Priya, afin de lui apporter leur soutien. Ils se sont tous réunis autour de Gooramah Herkanaidu, 75 ans, la mère du pêcheur. Les traits tirés après une nuit blanche, la vieille dame, ne cache pas son anxiété. Son benjamin, après tant d’années à parcourir les eaux de La Prairie, est introuvable. Elle nous explique que l’histoire entre son fils et la mer remonte à bien des années.

Amour pour la pêche

Originaire du littoral sud, Rajiv est issu d’une fratrie de neuf enfants, sept filles et deux garçons. « Mon époux était pêcheur et mes deux fils ont également cultivé cette passion pour la pêche. Ils en ont fait leur métier », explique-t-elle. Les journées de son fils qui habite sous le même toit qu’elle avec sa famille sont réglées comme du papier à musique.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8068","attributes":{"class":"media-image wp-image-14273 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Les proches de Roland Andr\u00e9 Larame\u0301e."}}]] Les proches de Roland André Laramée.

« Il se réveille très tôt le matin, aux environs de 3 heures. C’est vers 4 heures qu’il quitte la maison pour se rendre à La Prairie, où il pêche au casier. Touletan, li al lapes laba mem. Zame li pann gagn problem », nous dit la dame. Au fil du temps, Rajiv, dit-elle, a appris les rudiments de la pêche. « Son bateau est très bien équipé pour n’importe quelle situation. Lorsque le temps est pluvieux, il ne sort pas », poursuit-elle. Son métier lui a permis de se marier avec Priya et ils sont les parents de trois filles de 11, 8 et 6 ans. « Ce n’est pas facile pour elles. Nous avons expliqué aux filles ce qui est arrivé à leur père. Elles sont traumatisées par ce qui se passe. Elles veulent le voir », nous dit une cousine. Depuis le 7 janvier, la famille prie pour que son ami Roland et lui soient retrouvés sains et saufs. Priya, entourée de ses proches, garde la foi qu’il sera bientôt de retour parmi les siens. « Depuis qu’ils ont disparu, nous prions. Avec Priya, nous nous sommes rendus à Grand-Bassin », explique Dwavi, un beau-frère de Rajiv.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8069","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-14274","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"La famille de Ram Kona Herkanaidu."}}]] La famille de Ram Kona Herkanaidu.

Pour celui-ci, Rajiv est peut-être là, quelque part en mer. Il suffit de ne pas baisser les bras. « De tous les pêcheurs que je connaisse, Rajiv est la personne la plus méticuleuse qui soit. D’ailleurs, ses amis pêcheurs le reconnaissent : avec ses deux moteurs de 20 chevaux chacun, Rajiv possède le bateau le mieux équipé de la région. Il adore ce métier. Après une partie de pêche, il a l’habitude d’assurer la maintenance de ses moteurs et de son équipement », dit le beau-frère, qui, depuis samedi, participe activement aux recherches. C’est d’ailleurs quelques amis et lui qui furent les premiers à trouver la pirogue de Rajiv à une trentaine de mètres de profondeur à La Prairie, lundi. « Nous étions sortis pour poursuivre les recherches. Un plongeur a repéré la pirogue sous l’eau et nous avons prévenu les garde-côtes », relate cet enseignant. Mardi, le bateau a pu être remonté au bout de trois heures. Cependant, il n’y avait aucun corps.

«Pa kapav bwar, pas kapav manger»

Chez la famille Laramée, l’attente est de plus en plus pesante. Jeanine, 62 ans, la compagne d’André, a perdu l’appétit et le sommeil. « Pa fasil... Pa kapav manze, pa kapav bwar », lâche celle qui partage la vie du pêcheur depuis maintenant 18 ans. « J’éprouve une profonde tristesse », dit-elle. Avec des proches, pendant toute la semaine, ils se sont relayés sur la plage du Morne. Les yeux rivés vers l’horizon, l’angoisse se lit sur son visage. Dimanche, elle est restée toute une journée sur la plage à suivre les recherches des garde-côtes de Bel-Ombre et de Rivière-Noire, qui conjuguent leurs efforts. Elle est également allée les voir au moment où ils ont sortis la pirogue de l’eau. «  Nous croyions qu’une fois le bateau remonté à la surface, les corps allaient également remonter… », soupire Jeanine. Face à cette situation, elle ne sait plus quoi faire. « Je ne travaille pas, Roland était notre seul gagne-pain. Je vais devoir acheter à crédit à la boutique », confie la sexagénaire. « Mo ena lespwar, mo pa dekouraze », nous dit-elle. Toutefois, après plus d’une semaine sans nouvelles, il est difficile de rester positif. « Tou depann lor bondie. Si gagn so lekor ousi pou bizin aksepte », déclare Jeanine.

Disparition à la Prairie

Le 9 janvier, Rajiv Kona Herkanaidu et son ami Roland André Laramée ont chacun quitté leur domicile vers 4 heures du matin, à Surinam et à Riambel respectivement, pour une partie de pêche à La Prairie, au Morne. Ils devaient être de retour vers midi, mais les deux hommes ne sont jamais revenus. Une fois l’alerte donnée, les éléments de la NCG de la Western Division ont conjugué leurs efforts pour retrouver les deux pêcheurs. Le Dornier et l’hélicoptère de la police ont été mis à contribution. Mais jusqu’ici, seule la pirogue des pêcheurs a été retrouvée, gisant à une trentaine de mètres de profondeur.
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