Débat

Développement économique : l’île Maurice de demain repose sur la formation technique

« Le développement économique n’apporte pas nécessairement une richesse équitablement distribuée. » C’est une des observations faites lors d’un forum-débat, samedi au SVICC. Pour remédier à cette problématique, il conviendrait d’adopter le modèle japonais, où la formation technique reste au cœur de l’enseignement.

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Les journalistes Shanmuga  Allagapen et Jugdish Joypaul accueillaient Mohamad Samtally, vice-pro chancelier de l’université de Maurice, Charles Cartier, membre de l’Economic Development Board, Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association, et Sébastien Rousset, membre fondateur de l’Odyssée du savoir. Les discussions ont porté sur le thème Ile Maurice de demain.

Mohamad Samtally reconnaît que l’économie mauricienne a énormément progressé durant ces 50 dernières années. Si bien, a-t-il dit, que Maurice ambitionne de devenir un pays à hauts revenus. Toutefois, il a mis en garde contre un développement à vitesse élevée, où l’aspect social est négligé. « Je pense que nous devrions prendre une pause pour voir comment garder un juste équilibre entre la vitesse à laquelle un pays est appelé à se développer et les valeurs sociales. Parce que le développement économique n’apporte pas nécessairement une richesse équitablement distribuée », a-t-il fait ressortir.
Il a attiré l’attention sur un paradoxe : alors qu’on parle de faire de Maurice un hub dans plusieurs domaines, il existe encore des poches d’extrême pauvreté.
Lilowtee Rajmun, directrice de la MEXA, est satisfaite que Maurice ait réussi sa transition, passant d’une économie de monoculture à l’industrialisation. Elle s’est réjouie que l’industrie du textile et celle de l’habillement aient énormément contribué au développement économique du pays.

Un secteur qui a toujours su se réinventer

Depuis 1970, a-t-elle dit, le secteur manufacturier s’est grandement diversifié, notamment le seafood hub et l’ingénierie légère. « Après 48 ans, c’est vrai de dire que le secteur a connu deux années  de décroissance, mais il a toujours su innover et se reprendre », dit-elle.

La directrice de la MEXA a annoncé qu’elle travaillait déjà sur un plan de relance du secteur manufacturier et cela, en ligne avec les objectifs économiques du gouvernement.  « Aujourd’hui, ce secteur contribue à hauteur de 17 % du produit intérieur brut. On envisage de faire grimper ce chiffre à 25 % », a-t-elle souligné. Cela implique plus d’investissement dans la technologie, l’innovation et la diversification des produits du marché. L’accent devra aussi être mis, selon elle, sur l’investissement industriel, notamment l’ingénierie légère.

Si Sébastien Rousset reconnaît que Maurice a connu de gros progrès économiques, il trouve néanmoins que les Mauriciens sont beaucoup moins heureux que dans le passé.

« Certes, ils sont mieux lotis sur le plan matériel, mais ils ont perdu la joie de vivre. Maurice en, tant que pays, s’est perdu dans le matérialisme et a oublié qu’il y avait un endroit dans notre cœur où l’on peut trouver le bonheur. Ce sera le plus grand défi que le pays aura à relever dans les années à venir », a soutenu le fondateur de l’Odyssée du savoir. Il a parlé des problèmes de société qui sont évoqués quotidiennement dans la presse.

« Je tire la sonnette d’alarme. Je pense qu’il y a un fossé qui se creuse entre les citoyens. Il y a une catégorie qui profite des biens matériels, alors que des exclus du développement vivent eux dans l’extrême pauvreté. Je ne pense pas que ces derniers accepteront longtemps de subir un tel traitement », a-t-il dit en matière de mise en garde.

Le pari gagnant de l’éducation technique

Charles Cartier, président de l’Economic Development Board, a, lui, estimé que le développement devait être inclusif, exploitant toutes les ressources et les forces. « Certains sont performants au niveau académique, d’autres au niveau artistique ou technique. » Il a cité le système japonais, qui a une logique sociale et économique.

Il a aussi parlé du développement durable. «  Quand on prend une orientation, on doit aussi étudier son impact sur les années futures, tout en gardant le cachet mauricien. »

Un autre aspect qu’il a abordé est l’indépendance économique. « 50 ans après l’Indépendance, sommes-nous vraiment économiquement indépendants ? » s’est-il demandé, tout en mettant en avant le fait que notre balance commerciale est déficitaire. Il a expliqué que le pays devait prendre des décisions stratégiques en vue d’apporter un juste équilibre entre nos importations et nos exportations.

 

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