Faits Divers

Disparition de quatre pêcheurs en mer - Les familles: «Nous nous en remettons à Dieu»

Le Coruscan a pris la mer à Cap-Malheureux, le lundi 30 novembre, avec à son bord quatre pêcheurs, les uns plus expérimentés que les autres. Ces gens qui vivent de la mer ne sont toutefois pas rentrés chez eux. Clovis Furcy (76 ans), Rajesh Panchoo (43 ans), Satyanand Cheyetun (54 ans) et Anand Auckhajee (54 ans) sont portés manquants. Leurs familles sont dans l’angoisse. Cela fait presque une semaine que ces quatre pêcheurs, tous habitant Pointe-aux-Piments, ne donnent plus signe de vie. Leurs proches prient Dieu pour qu’ils soient retrouvés sains et saufs. L’annonce de la disparition de son époux a été un coup de massue pour Helena Furcy, 50 ans. Voilà trois mois qu’elle et le doyen de la bande se sont mariés. « Nous nous sommes rencontrés il y a neuf mois. Le courant est tout de suite passé entre nous. Il était veuf et moi, divorcée. Nous nous sommes juré amour et fidélité six mois plus tard », nous apprend Helena. Le mariage civil a eu lieu le 31 août et le jour suivant, ils se disaient « oui » devant Dieu et devant les hommes. La mer a toujours eu une place importante dans la vie du vieil homme. « C’est sa passion. Cela fait plus de 50 ans qu’il la sillonne, qu’il pleuve ou qu’il vente ». Helena et ses proches ne perdent pourtant pas espoir de retrouver Clovis sain et sauf. « Nous avons l’habitude de prier ensemble avant qu’il ne prenne la mer. D’ailleurs, le jour de sa disparition, nous avons prié. Nous continuons à le faire afin de le retrouver, lui et tous ses amis. Nu met zot dan lame Bondie », dit Helena.

Rumeurs

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5243","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-9391","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Clovis Furcy"}}]] Noémie, la fille de Clovis Furcy.

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/div> L’épouse du vieux loup de mer explique qu’elle doit également faire face à certaines rumeurs. « Depuis qu’ils sont portés disparus, il y a toutes sortes de rumeurs, mais je n’y prête guère attention. Enn sel zafer dan mo latet, se retrouv Clovis. Mo pa kapav viv san li », lache-t-elle. Depuis lundi, elle vit dans une terrible angoisse. « Monn perdi gou ek tou. Les enfants me disent qu’il faut manger, mais je n’y arrive pas », soupire-t-elle. Ils sont nombreux à s’être mobilisés afin de retrouver les quatre hommes, hormis les éléments de la garde côtière. « Des amis de Clovis et bien d’autres encore participent activement aux recherches. Nous attendons », dit-elle. Les membres de la famille de Clovis Furcy sont réunis afin d’apporter leur soutien et leur réconfort. Noémie, l’une des filles du pêcheur disparu, explique que la famille attend toujours d’avoir des nouvelles venant des autorités. « Nous attendons toujours pour voir s’il y a une évolution dans les recherches. Mon père a l’habitude de sortir le soir en mer, mais c’est la première fois qu’il vit une telle épreuve », confie-t-elle.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5244","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-9390","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Les proches de Rajesh Panchoo"}}]] Les proches de Rajesh Panchoo.

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] La même angoisse est palpable chez les Panchoo. Rajesh, ancien employé d’hôtel, vit avec sa mère et son frère dans la cour familiale. La matriarche Leelowtee Panchoo, 65 ans, vient de subir une intervention chirurgicale à un œil. Anoucka Ramdin, la sœur du pêcheur, nous reçoit. « La police nous a dit de garder confiance », dit-elle d’emblée. Tout comme les autres pêcheurs portés manquants, Rajesh est un amoureux de la mer. « Mon frère travaillait comme skipper à l’hôtel. Il emmenait les touristes à la découverte des fonds marins. Il a démissionné pour se lancer dans le domaine de la pêche », poursuit-elle. Pour le beau-frère, cette situation a plongé quatre familles dans la détresse. Il pense à Rajesh qui est diabétique. « Il suit ses traitements. Lorsqu’il part en mer, il emmène ses cachets. Quand il sort pour un jour, il prend seulement un comprimé. Personne n’avait prévu qu’ils passeraient autant de jours en mer. Nous ne savons pas comment il est en train de gérer cette situation », s’inquiète-t-il. L’absence de ce célibataire endurci se fait sentir, car c’est lui, le cuistot de la famille. « Nous sommes sept à vivre ici et c’est Rajesh qui a l’habitude de faire la cuisine. Nous prions pour qu’ils reviennent tous sains et saufs. » Rajen Panchoo, 41 ans, nourrit l’espoir de retrouver son frère en vie. Ce n’est pas la première fois que Rajesh se retrouve dans une telle situation. « L’année dernière, lors d’une partie de pêche avec deux autres pêcheurs, le moteur de leur pirogue est tombé en panne. Ils avaient dérivé pendant deux jours et avaient presque atteint La Réunion avant d’être secourus », se souvient-il. Les proches de Rajesh s’en remettent également à Dieu. « Nu pe met tou dans lame Bondie », dit sa sœur.

« Mon fils réclame son oncle »

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Satyanand Cheyetun habite à quelques mètres seulement du domicile des Panchoo. Dans la cour familiale, plusieurs chaises sont installées. Depuis l’annonce de sa disparition, proches et amis ne cessent de faire le va-et-vient à son domicile pour prendre connaissance des derniers développements dans les recherches. Jusqu’à présent, aucune nouvelle ! Pour Biswajeeth, l’attente devient plus pesante. « Voilà six jours qu’ils sont perdus en mer. Pa kapav dormi ou manze kuma bizin », dit-il. Le frère du pêcheur ne sait pas comment annoncer cette nouvelle à son fils de 7 ans. « Le petit réclame son oncle. Je ne sais pas comment lui dire qu’il est perdu en mer. Mo pe koz menti ek li. Zot bien pros tou le de. Kan li gayn lokasyon, mo frer amenn mo garson ek li », explique Biswajeeth. Les proches de Satyanand essaient en vain de l’avoir au téléphone. Assise sur une chaise, entourée de sa famille, Luchmeechaya, 48 ans, l’épouse de Satyanand a les traits tirés. « Li ale trwa fwa o mwen par semen, zame linn gayn sa kalite problem la », soupire-t-elle. Biswajeeth explique que son frère est un homme pieux. « Nous sommes très actifs au sein du temple. Mon frère a l’habitude de faire ses prières après une sortie en mer. Nous continuons à prier pour qu’ils reviennent », dit ce dernier, qui s’accroche à l’espoir de le revoir apparaître à tout moment.

« Li lapess depi mo konn li »

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5246","attributes":{"class":"media-image wp-image-9392 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Anand Auckhajee"}}]] Le neveu et le voisin d’Anand Auckhajee.

Anand Auckhajee est, lui, décrit par son voisin comme un grand professionnel de la mer. « Li lapess depi ki mo konn li », soutient le voisin. Le pêcheur, qui habite une modeste maison, vit seul. « Cela fait un moment qu’il s’est séparé de son épouse. Ses enfants habitent loin. Il ne fréquente pas beaucoup de monde », dit un neveu, qui habite à quelques pas de la maison du pêcheur. « Il passe le plus clair de son temps en mer », dit-il. Les proches d’Anand sont inquiets. « Quand j’ai appris sa disparition, je me suis rendu au siège de la NCG de Grand-Baie pour avoir des nouvelles. Nous attendons », dit un proche. Ils sont nombreux à se rendre à Grand-Baie afin de suivre le déroulement des recherches. Au fur et à mesure que les jours passent, ils se retrouvent avec plus de questions que de réponses. [row custom_class=""][/row]

Tous les effectifs mobilisés

Les pêcheurs ont quitté leur domicile peu avant 4 h 30 lundi. Direction Cap-Malheureux, où ils ont pris place à bord du Coruscan afin de se rendre à l’île Ronde pour une partie de pêche. Selon le propriétaire de l’embarcation, ils avaient l’habitude de l’alerter en cas de problème, mais ce jour-là, il n’a eu aucune nouvelle d’eux. Les quatre pêcheurs auraient dû rentrer vers 17 h 30. Les proches des quatre pêcheurs et le propriétaire de la pirogue, voyant les heures s’écouler, se sont rendus au poste de la NCG de Grand-Baie pour signaler leur disparition. De gros moyens ont été déployés pour retracer les quatre hommes. Lundi, les éléments de la garde côte nationale ont râtissé les parages de l’île-aux-Serpents et de l’île Ronde. Plusieurs unités se sont relayées 24 h/24. Les avions et les hélicoptères Chetak survolent l’océan. Les autorités n’écartent pas l’hypothèse que la pirogue ait connu une panne de moteur ou une fuite d’huile. Ce qui expliquerait que l’embarcation aurait dévié de son itinéraire. Des skippers et équipages de navires marchands transitant dans les eaux mauriciennes ont été informés de cette disparition. À ce jour, aucune trace de la pirogue ! Les recherches se poursuivent.

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