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Dossier: ce qui retiendra l’attention en 2016

Sur les plans économique et social, Maurice a-t-il besoin d’un nouveau souffle ? L’économie océanique verra-t-elle le jour ? Serons-nous à l’abri d’un black-out ? De nouveaux emplois seront-ils créés ? La pauvreté sera-t-elle endiguée ? Éléments de réponse…

L’envol des Smart Cities

Le gouvernement compte beaucoup sur les 16 Smart Cities, tant pour attirer des investissements, pour booster le développement des infrastructures que pour créer des emplois. Les Smart Cities seront dispersées aux quatre coins du pays et visent à devenir des lieux de travail, d’habitation et de loisirs. Elles nécessitent des dizaines de milliards de roupies d’investissement. Parmi, nous retrouvons Trianon Smart City, un projet de Hermes Properties Ltd, qui sera située le long de l’autoroute vis-à-vis de la Cybercité d’ébène. Les promoteurs prévoient des investissements de l’ordre de Rs 17 milliards et la création de 7 500 emplois. Un autre projet phare : Heritage City, qui se veut le nouveau centre administratif du pays. Sur une étendue de 336 arpents, cette nouvelle Smart City accueillera une quinzaine de ministères, dont le PMO, ainsi que l’Assemblée nationale. Le projet, financé par Dubayy à hauteur de Rs 24 milliards, devrait accueillir quelque 30 000 employés. ENL envisage, pour sa part, la construction de Moka City, dans les environs de Bagatelle. Il est prévu, à terme, que ce projet accueillera 63 000 habitants et 56 000 travailleurs. Parmi les autres projets de type Smart City : le Medine Education Village, le projet Azuri ou encore le projet de Riche-Terre, qui sera créé sur le site de Jin Fei. 2016 verra le début des travaux de plusieurs d’entre eux. Quelle viabilité pour ces Smart Cities ? Selon l’architecte Sandeep Sewpal, malgré les annonces du gouvernement, il existe toujours de nombreuses inquiétudes liées à ces projets. De plus, il rappelle que les Smart Cities sont des projets sur le long terme. « La question est aussi de savoir si les Mauriciens pourront obtenir de l’emploi », dit-il.

Infrastructure routière: des projets ambitieux

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7888","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12769","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Infrastructure routi\u00e8re"}}]] L’infrastructure routière sera l’une des priorités du gouvernement cette année. Il s’agit de projets qui s’étaleront sur plusieurs mois. Les premiers coups de pioche seront donnés durant l’année. Pas moins de cinq gros projets sont en chantier. Ils visent à faciliter l’accès à Port-Louis, mais aussi à d’autres endroits connus pour les bouchons aux heures de pointe. Outre l’autoroute Terre-Rouge/Verdun, dont le chantier sera complété en 2016 et dont les quatre voies seront ouvertes à la circulation sur toute sa longueur, le projet d’autopont de Phoenix devrait démarrer cette année. Cela permettra de supprimer trois ronds-points, ceux de Phoenix, Dowlut et Jumbo. Les trois se trouvent à moins d’un kilomètre et constituent un véritable goulot d’étranglement pour les automobilistes chaque jour. Un autre projet qui devrait démarrer en 2016 est la nouvelle route d’accès à Flic-en-Flac, dont le tracé est déjà prêt. Cette nouvelle voie reliera la route principale de Rivière-Noire à Wolmar, qui se trouve à l’extrémité de Flic-en-Flac. Également dans le viseur des autorités cette année, la route A1-M1, qui commencera à la montée Chapman, dans les environs de la concasseuse Gamma Civic, et enjambera la Grande-Rivière-Nord-Ouest pour déboucher sur l’autoroute M1 à hauteur de Sorèze. Les procédures préliminaires ont déjà été entamées, le ministère du Logement et des Terres ayant enclenché les formalités pour l’acquisition des terrains privés se trouvant à Sorèze et à 5e Mille, dans les bas de Beau-Bassin. Ces terrains étaient sur le tracé de la nouvelle route.

Coûteux

Dans le Sud, le gouvernement envisage une nouvelle route à quatre voies pour desservir l’aéroport. Longue de 4,3 kilomètres, elle commencera dans les environs de la concasseuse de Plaine-Magnien. Le coût de cette autoroute à double sens est estimé à Rs 460 millions. Elle traversera des terres du groupe Omnicane, qui les a cédées à l’État, car ce développement de l’infrastructure routière cadre avec le projet d’Airport City que le groupe sucrier envisage dans le sud-est de l’île. Le ministère des Infrastructures publiques songe également à démarrer la deuxième phase de la route périphérique (Ring road) de Port-Louis. Cet ambitieux projet comprend la construction d’un tunnel de 775 mètres sous la montagne des Signaux. Cette route à double voie débutera dans la région de Guibies, appelée Quoin Bluff, pour prendre fin à la rue Château d’Eau, près du Champ-de-Mars, avec des échangeurs permettant aux automobilistes de sortir ou d’entrer dans la capitale. La durée de ce chantier est estimée à deux ans, vu la complexité des travaux. Invité à commenter sur les projets à venir, l’ingénieur Beelall Joomun explique qu’il s’agit non seulement de projets ambitieux et coûteux, mais aussi très pointus, nécessitant un savoir-faire dont nous ne disposons pas à Maurice. Il demande aux autorités de s’adresser à de grosses entreprises spécialisées dans la construction de projets d’envergure et qui ont fait leurs preuves ailleurs. « Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’ingénieurs formés pour ce type de travaux. Ce qu’il faut faire, c’est envoyer nos ingénieurs faire de petites formations à La Réunion, où se déroule la construction de la route du littoral, pour se familiariser avec ce genre de chantier. Une formation d’un an ou de 18 mois dans de grosses entreprises en France ou en Afrique du Sud donnerait à nos ingénieurs les connaissances nécessaires pour superviser les travaux sur ces chantiers, car beaucoup ne savent pas comment travaille un tunnelier, par exemple. Il faut valoriser les ingénieurs et la main-d’œuvre mauricienne, plutôt que d’embaucher de la main-d’œuvre étrangère bon marché », estime-t-il.

Le monde du travail en mode attente

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7889","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12770","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"monde du travail"}}]] Le  taux de chômage sera un indicateur économique très surveillé en 2016. Ce dernier sera de 8 % pour l’année 2015, indique Statistics Mauritius dans son dernier bulletin. Ce qui représente plus de 46 000 personnes sans emploi. Ce taux était de 7,8 % en 2014. Toutefois, le gouvernement prévoit la création d’emplois dans les années à venir. Pour les autorités, les investissements consentis par le gouvernement et le secteur privé ont le potentiel de créer quelque 100 000 postes additionnels au cours des cinq prochaines années. Avec la concrétisation des projets du secteur privé, qui se montent à quelque Rs 185 milliards, 50 000 personnes pourront être recrutées dans trois piliers de l’économie. À savoir, 25 000 pour les activités de l’économie océanique, 15 000 dans le secteur des technologies de l’information, de la communication et du Business Process Outsourcing et 10 000 dans les Smart Cities. Le Premier ministre affiche la confiance concernant la création d’emplois. « Je suis confiant pour 2016. Beaucoup de projets vont démarrer. Des emplois seront créés. La situation de la population s’améliorera », indiquait sir Anerood Jugnauth, il y a deux semaines. Un autre point important pour le monde du travail : l’instauration d’un salaire minimal. Le National Wage Consultative Council Bill sera présenté à l’Assemblée nationale à la prochaine rentrée parlementaire, a assuré le ministre du Travail, Soodesh Callichurn. C’est cette instance qui aura pour responsabilité de plancher sur l’instauration de ce salaire minimum. Selon le syndicaliste Reeaz Chuttoo, il y a encore trop peu de détails concernant le salaire minimal pour le moment. « Il faudra que les syndicalistes mettent la pression », explique-t-il. Concernant la création d’emplois, le syndicaliste dit suivre l’affaire de près.

Énergie: des projets retardés

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7890","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12772","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"voltaique"}}]] Cette année devrait voir la mise à exécution de plusieurs projets visant à assurer l’autonomie énergétique du pays et à augmenter la capacité de production du CEB. L’Energy Efficiency Committee s’y attèle. Le premier projet à démarrer est le parc éolien de Plaine-des-Roches, qui entrera en service le mois prochain. Les 11 éoliennes installées sur ce site sont actuellement raccordées au réseau du Central Electricity Board (CEB). Si les choses se passent bien, la deuxième phase du projet devrait démarrer vers le troisième trimestre 2016. Quant au parc éolien de Plaine-Sophie, dont les travaux préliminaires ont déjà commencé, il est tributaire de l’objection logée en Cour suprême par des habitants des villages voisins. Ceux-ci craignent des problèmes de pollution sonore. Un autre projet envisagé cette année, mais contesté par les riverains, est la construction d’une nouvelle station qui produira de l’électricité à partir de gaz liquéfié naturel (LNG), à Bain-des-Dames. Pour ce qui est du réaménagement de la centrale thermique Saint-Louis, avec l’installation de quatre moteurs de 15 MW, le CEB attend le feu vert de la Banque africaine de développement (BAD). Le contrat avait été octroyé à la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC). Si la BAD n’accorde pas le financement, le CEB appliquera son plan B, qui consiste à installer des turbines à gaz de 2 x 36 MW. Quoi qu’il en soit, ce chantier devrait démarrer cette année.

Gaz naturel liquefié

Interrogé sur les futurs développements, Karim Jaufeerally, président de l’Institute for Environmental and Legal Studies, est d’avis que le pays doit faire un choix entre les énergies renouvelables et les énergies fossiles. Il se dit favorable à l’utilisation du gaz naturel liquéfié, car il permet de gérer la variation avec les énergies renouvelables, ce qui n’est pas le cas avec les énergies fossiles. Toutefois, quel que soit le mode de production choisi, le gouvernement se doit de consulter au préalable toutes les parties concernées et d’opérer dans la transparence. « Il est important qu’il y ait un dialogue permanent entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile. Rien ne doit être imposé », dit-il. Karim Jaufeerally trouve « inacceptable » que des projets d’importance nationale soient retardés, en raison du manque de transparence, comme cela a été le cas pour la centrale thermique Saint-Louis. « Le pays ne peut se payer un tel luxe. Si tout avait été fait dans la transparence, le projet aurait été une réalité aujourd’hui. C’est dans le dialogue et dans la consultation qu’on arrive à éliminer les intérêts obscurs et occultes », conclut-il.

Relogement des marchands ambulants

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7891","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12773","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"marchands ambulants"}}]] Le dossier des marchands ambulants, surtout ceux de la capitale, sera l’une des préoccupations majeures en 2016. Le ministère des Collectivités locales ne compte pas lâcher prise et compte accélérer leur relogement. Le gouvernement entend venir de l’avant avec des plans intégrés pour les gares de l’Immigration et Victoria. Il sera aussi question d’aménagements pour reloger les marchands ambulants de la capitale. Les consultations commencent en janvier. Hyder Raman, de la Street Vendors’ Association, avance que cela fait des années que les gouvernements successifs parlent de reloger les marchands ambulants, mais qu’à chaque fois le dossier est mis aux oubliettes. Cette fois-ci, il espère que le gouvernement actuel parviendra à reloger les marchands ambulants. « Une fois les fêtes terminées, nous allons solliciter une réunion d’urgence avec le ministre Husnoo pour passer en revue la situation. Nous avons, ces derniers jours, subi la persécution et la pression. Nous avons vécu un calvaire », déplore Hyder Raman. Lors de la rencontre avec le ministre des Collectivités locales, il sera question de l’avenir des marchands ambulants, étant donné qu’ils ne travaillent pas uniquement durant la période de fin d’année. Pour lui, il est grand temps de régulariser les marchands ambulants.

Lutte contre la pauvreté

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7892","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12774","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"pauvret\u00e9"}}]] Cette année, le gouvernement mettra l’accent sur le plan Marshall sur la pauvreté. Il est prévu que ce plan soit mis en application cette année. Est-ce qu’il permettra vraiment d’aider les personnes à sortir de la misère ? Annoncé dans le programme gouvernemental 2015-2020, le plan Marshall sur la pauvreté à moyen et long termes à Maurice et à Rodrigues a été confié à une équipe du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il y a eu une analyse approfondie de la situation du développement et du paysage socioéconomique pour une évaluation multidimensionnelle. L’efficacité des programmes en cours pour l’allègement de la pauvreté et la protection sociale est actuellement évaluée. Les politiques existantes et les initiatives pour la réduction de la pauvreté le sont aussi. Des propositions pour une approche plus efficace et durable seront formulées. Prithviraj Roopun a annoncé que l’ébauche du plan Marshall progresse et que sa finalisation est imminente. Les discussions débutent incessamment avec les différents partenaires engagés dans la lutte contre la pauvreté. Pour Sajida Dauhoo, présidente de SOS Poverty, à ce jour, il n’y a que des déclarations d’intention et pas d’actions. Elle est d’avis que le gouvernement montre de la volonté, mais que ce n’est pas suffisant. « Les ONG ont fait leurs propositions et maintenant, attendons voir », dit Sajida Dauhoo. Selon elle, le plan Marshall est important, mais ne suffit pas pour lutter contre la pauvreté. Pour la présidente de SOS Poverty, c’est un long processus. Elle indique que pour qu’une personne sorte de la misère, il faut un changement de mentalité. « Le gouvernement et les ONG sont là pour accompagner, encadrer, aider à trouver un emploi, s’assurer que les enfants vont à l’école, mais il faut aussi que les personnes en question aient de la volonté », dit-elle. Sajida Dauhoo croit fermement que chacun doit apporter sa pierre à l’édifice dans la lutte contre la pauvreté. Elle espère que les propositions des ONG seront prises en considération, puisque ce sont les travailleurs sociaux qui sont sur le terrain.

Économie bleue: la vie en rose ?

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7893","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12775","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"\u00e9conomie bleue"}}]] Depuis des années, on parle de l’économie bleue. Cette année, le gouvernement se penchera sérieusement sur ce dossier. Pour Vassen Kauppaymuthoo, il est grand temps de venir de l’avant avec un plan d’action pour mieux exploiter les ressources marines et la zone économique exclusive. D’ores et déjà, un National Ocean Council, présidé par le Dr Jawaharlall Lallchand, a été mis sur pied pour faire de sorte que l’économie bleue soit un important pilier de développement. Elle pourrait créer des emplois et générer de la richesse. « C’est clair que nos secteurs actuels sont essoufflés, voire fragilisés. Si nous voulons nous en sortir, nous ne pouvons continuer à avancer sur les sentiers battus », estime Vassen Kauppaymuthoo. Cependant, il souligne qu’il ne faut pas répéter les erreurs du passé. Il ne faut pas privilégier un développement sauvage. Il faut, dit-il, réfléchir et planifier. « Le potentiel est là. Il faut maintenant que le développement de nos ressources marines se fasse de façon contrôlée », poursuit notre interlocuteur. Pour cela, il préconise qu’un plan stratégique de développement et de gestion soit élaboré.
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