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Dr Denis Li Kam Wa, gastro-entérologue : «Le nombre de cas de maladie inflammatoire chronique de l’intestin est en hausse»

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont invalidantes et peuvent être la cause de nombreux désagréments. C’est ce qu’explique le Dr Denis Li Kam Wa, gastro-entérologue. Le 19 mai était la Journée des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).

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Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH). Le problème avec les MICI c’est qu’ils sont récurrents. Cependant, la fréquence varie, d’une personne à une autre, explique le Dr Denis Li Kam Wa, gastro-entérologue.

Cause inconnue

Même si le nombre de personnes atteintes des MICI n’est pas connu, le nombre de cas augmente selon le spécialiste. Si auparavant c’était les pays nordiques qui étaient les plus touchés, la maladie s’est aussi répandue dans les pays tropicaux, affirme le Dr Li Kam Wa.

« À l’époque, on disait que c’était rare dans les pays tropicaux, mais on réalise que dans les pays dont le niveau de vie a été relevé, ces maladies sont de plus en plus fréquentes. Certains disent que cela peut venir de l’alimentation ou encore de l’environnement (pollution) et du stress », explique-t-il.

Jusqu’à présent les causes exactes de ces maladies n’ont pas été déterminées, ajoute le spécialiste. « Les raisons génétiques sont évoquées, mais aussi que c’est une maladie auto-immune. C’est pour cela que la maladie devient chronique », dit-il.

L’épidémiologie indique que ces maladies touchent les jeunes adultes de moins de 35 ans. Dans de rares cas, il y a eu des adolescents, note le Dr Li Kam Wa.

Symptômes

Parmi les symptômes de la maladie, il y a des douleurs au ventre et la diarrhée qu’on peut associer à n’importe quelle maladie abdominale. « Cela peut être invalidant pour le malade, compte tenu des douleurs qu’il ressent », affirme notre interlocuteur.

Dans certains cas le mal peut être aigu. Certaines personnes doivent aller à la selle régulièrement. Dans le cas d’une MICI légère, cela peut être trois à six fois. Si la MICI est modérée : six à dix fois. Dans la forme sévère, cela peut être plus de dix fois.

Le Dr Li Kam Wa précise que ce ne sont pas de véritables diarrhées, c’est-à-dire que l’évacuation ne sera pas conséquente, mais en petite quantité. Dans tous les cas un traitement s’avère nécessaire pour stopper le mal qui peut perdurer le cas échéant.

Il est important de consulter un médecin pour ce type de maladie. Le diagnostic se fait à travers une colonoscopie. « Cela ne veut pas dire qu’à chaque fois qu’on a la diarrhée il faut consulter son médecin en pensant que c’est une maladie chronique. C’est quand c’est répétitif qu’on doit s’en inquiéter », fait ressortir le Dr Li Kam Wa.

Traitement

Il n’y a pas de traitement curatif pour les MICI. Des traitements médicamenteux sont cependant disponibles, mais la maladie peut revenir au bout de quelque temps. Certains traitements peuvent aussi aider pour la prévention, mais tout est relatif. « Ce n’est pas bénéfique à 100 % », explique le Dr Li Kam Wa. La prise en charge est ainsi un peu compliquée, mais de nouveaux traitements ont donné des résultats probants, dit-il. Et en dehors des crises, les personnes sont en parfaite santé.

Selon le gastro-entérologue, il y a des théories qui sont avancées pour dire que les MICI surviennent en raison de l’alimentation du malade. Ses observations lui ont montré que c’est aussi dans des situations stressantes que la maladie refait surface. Il note également que les femmes enceintes sont protégées. Cependant, elles devraient faire attention après leur accouchement.


Aliments à privilégier

L’alimentation d’une personne souffrant d’une MICI doit être adaptée. En dehors des crises de la maladie, la personne peut manger tout ce qu’elle veut. Mais en phase aiguë il faut éviter les aliments trop gras et épicés ainsi que les crudités. Il est alors préférable de manger les aliments sans résidu. En phase très aiguë, il faut mettre l’intestin au repos c’est-à-dire que les malades doivent être sous perfusion et être en situation parentérale.

Transplantation fécale

Parmi les traitements possibles pour les MICI, il y a la transplantation fécale. Selon cette théorie, cela permettrait de refaire la flore intestinale du malade. Selon le Dr Li Kam Wa, l’ère moderne a fait que certains « détruisent » leur flore intestinale à cause de leur alimentation et des antibiotiques. Il explique que l’utilisation des probiotiques n’est pas suffisante dans ce genre de situation pour refaire la flore intestinale. D’où la nécessité de la transplantation fécale en le prélevant chez un patient sain pour être injecté chez la personne atteinte d’une MICI. Cela peut se faire à travers une sonde naso gastrique ou par voie colonoscopie. Cette technique n’est pas encore disponible à Maurice, mais elle est déjà pratiquée déjà en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.


Crohn et rectocolite hémorragique

Il y a une petite différence entre la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH) qui est souvent associée avec des saignements. Les deux MICI se ressemblent, mais dans le cas d’une rectocolite hémorragique c’est la muqueuse de l’intestin qui est principalement touchée.

Pour la maladie du Crohn, c’est surtout la sous-muqueuse qui est affectée. C’est pour cela que les personnes souffrant de la maladie de Crohn saignent rarement contrairement à ceux souffrant de la RCH qui saignent la plupart du temps.

Une personne atteinte de la RCH peut être touchée du rectum au colon. Cela peut engendrer une pancolite et atteindre tout le colon. Aucune zone n’est épargnée. La RCH peut provoquer des zones de blocage où des obstructions aux intestins.

La maladie de Crohn, cela peut prendre de l’œsophage jusqu’au rectum. Mais les zones affectées peuvent être parsemées et certains endroits peuvent rester sains. Dans la maladie de Crohn il peut y avoir des atteintes annales alors que cela est rare en cas de RCH. La RCH peut occasionner des fistules ou fissures à répétition.

 

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